[DOSSIER] Des produits à forte valeur ajoutée dans les systèmes caprins fermiers extensifs sud Méditerranée
Les producteurs du sud Méditerranée transformant moins de 30 000 litres de lait ont des difficultés à dégager un revenu, malgré un produit élevé.
Les producteurs du sud Méditerranée transformant moins de 30 000 litres de lait ont des difficultés à dégager un revenu, malgré un produit élevé.
Les ateliers fermiers sud Méditerranée transformant moins de 30 000 litres de lait par an sont localisés sur la région Provence Alpes Côte d’Azur et sur l’ancienne région Languedoc Roussillon. Par rapport aux élevages des autres régions, ils sont caractérisés par leur très petite dimension et par le niveau élevé de la valorisation du lait. Les troupeaux grands pastoraux sont pour la majorité composés de caprins de race rustique et donc avec une production laitière inférieure aux autres races (250 l/chèvre). C’est pourquoi le nombre de chèvres est le plus élevé de l’ensemble des systèmes fermiers étudiés. La quantité de lait commercialisée est inférieure aux autres systèmes (18 680 l). Ces exploitations misent en effet sur la fabrication de produits à forte valeur ajoutée de type brousse du Rôve AOP ou Banon AOP et sur une commercialisation sur des circuits de proximité.
Des charges alimentation réduites
Ce système est caractérisé par une conduite extensive des animaux et par une utilisation maximale des surfaces pastorales disponibles autour du siège d’exploitation. L’objectif est de limiter au maximum les charges liées à l’alimentation du troupeau. La majorité du parcellaire est composée de parcours (97 %), seuls 2,5 % de la surface parcellaire sont composés de prairies et les cultures ne comptent que pour moins de 1 %.
Les systèmes alimentaires rencontrés sont très divers avec une utilisation importante des surfaces pastorales dans beaucoup d’élevages, mais aussi des élevages localisés dans des zones à fortes contraintes foncières qui doivent acheter la totalité de leur alimentation. Sur les élevages de type pastoraux, l’alimentation est assurée majoritairement à l’extérieur. Les charges alimentaires sont donc réduites.
Faible productivité du travail
Malgré un produit de l’atelier très élevé, ces élevages peinent à dégager une rémunération importante. La productivité du travail reste faible. Les charges supplétives (rémunération du travail exploitant sur la base de deux Smic/UMO et du capital) pèsent pour près de 60 % dans le coût de production.
Christine Guinamard et Nicole Bossis, Idele
Mathias Carel, éleveur à La Roquebrussanne (83), 170 chèvres Rove en lactation, système grand pastoral
« Nous cherchons à augmenter la production par chèvre »
« Je fais partie d’un groupe CouProd depuis plus de 10 ans. Le calcul du coût de production permet à la fois d’améliorer la conduite de l’élevage, en complément du travail réalisé avec notre comptable, et de créer des références au niveau régional et national entre éleveurs et pour des jeunes installés.
Répercuter la hausse des charges
Nous faisons nous-mêmes les saisies comptables, même si c’est fastidieux. Ainsi nous savons de quoi nous parlons, comment nous décidons de ventiler les charges et les produits. Grâce au calcul du coût de production, nous pouvons cibler certaines catégories de charges, améliorer la rentabilité, et suivre notre évolution. Aujourd’hui, nous avons atteint une limite dans la baisse des charges. Sur les produits, le prix de nos fromages est déjà assez élevé et le rendement fromager est très bon, grâce aux Roves. Nous essayons d’augmenter la production par chèvre afin de réduire un peu le troupeau. Avec l’augmentation des charges que nous subissons tous, il est d’autant plus important de connaître son coût de production. Et même si nous parvenons à augmenter le prix de nos fromages auprès de nos clients, cela ne sera sans doute pas suffisant. »