Des négociants en bestiaux affichent à Clermont-Ferrand leur opposition à Egalim 2
La mise en œuvre de la contractualisation obligatoire suscite un mélange de colère et d’inquiétude chez une partie des négociants d’un large Massif central. Ils sont venus dans le calme afficher leur désapprobation le 23 décembre à Clermont-Ferrand.
La mise en œuvre de la contractualisation obligatoire suscite un mélange de colère et d’inquiétude chez une partie des négociants d’un large Massif central. Ils sont venus dans le calme afficher leur désapprobation le 23 décembre à Clermont-Ferrand.
Les premières semaines de janvier devraient être animées entre les promoteurs de la loi Egalim 2 et ses détracteurs. Après les réunions organisées sur le terrain dans de nombreux départements d’élevage par les représentants de la Fédération Nationale Bovine pour promouvoir cette loi et inciter les éleveurs à se l’approprier sans tarder, ses détracteurs ont souhaité faire publiquement part de leur mécontentement.
Le 23 décembre, les abords de la préfecture de Clermont-Ferrand ont été occupés dans le calme par quelques 150 bétaillères autour desquelles discutaient à bâtons rompus environ 200 négociants et une cinquantaine d’éleveurs qui avaient fait le déplacement jusqu’à la capitale auvergnate. Si on se fie au nom des entreprises affichés à l’arrière des camions, les manifestants provenaient d’un très large Massif central. Depuis le Tarn-et-Garonne jusqu’à la Saône-et-Loire.
Contre une obligation généralisée des contrats
« Nous ne sommes pas des anti-contrats. Nous sommes contre l’obligation généralisée à tous les éleveurs de signer un contrat. C’est quand même assez différent » expliquait Jean-Paul Boyer, négociant dans l’Aveyron et partie prenante dans l’organisation de cette manifestation. « Nous ne voyons aucun inconvénient à ce que cette possibilité de contractualiser existe et puisse se mettre en place pour tous les éleveurs qui le souhaitent. En revanche, nous nous opposons fermement à ce que cette mesure soit obligatoire pour tous les élevages. Et fin décembre tous les éleveurs sont encore très loin d’être parfaitement au courant. Pour des mesures qui auraient dues être mises en place le premier janvier cela manque quand même singulièrement de préparation et d’anticipation. »
Répercuter la hausse des prix vers l’aval
Et de s’étonner que cette contractualisation obligatoire soit moins clairement affichée entre les autres acteurs de l’aval : abatteurs et distributeurs en particulier. « On ne peut pas s’engager sur un prix auprès d’un éleveur si on n’est pas certain de pouvoir le répercuter à celui auprès duquel nous allons ensuite revendre les animaux ! »
Les négociants qui avaient fait le déplacement affichaient donc leurs craintes pour le devenir de leur profession avec l’angoisse non dissimulée que cette évolution de la législation se traduise à terme par la fermeture de nombreuses entreprises. « J’aimerai que l’on me démontre comment cela va révolutionner les choses pour permettre à la viande sur pieds de gagner 1 € du kilo carcasse. J’ai des doutes » s’agaçait un négociant du Cantal préférant rester anonyme. « Moins de négociants, c’est forcément moins d’apports en vif sur les marchés de gré à gré comme sur les cadrans avec des cotations qui seront de ce fait de moins en moins représentatives » ajoutait Jean-Paul Boyer.
Comment appliquer cette mesure pour le maigre ?
Autre problématique soulevée : celle de l’application de la contractualisation obligatoire aux exportations de bétail maigre. « J’exporte du maigre sur la Belgique, la Grèce et l’Italie. Je ne vois pas comment je vais pouvoir signer avec mes clients un contrat pour répercuter cette hausse des tarifs et comment cette hausse du prix sur le broutard français va ensuite pouvoir successivement se répercuter sur les grossistes étrangers puis les distributeurs. » Certains manifestants soulignaient également que cette contractualisation se traduirait forcément pour eux par du temps passé à la relecture attentive de tout ce qui sera mentionné dans un contrat. Et d’afficher de ce fait une nouvelle fois leur réticence à apposer leur signature au bas d’une feuille. « Et de toute façon, pour signer un contrat il faut être deux ! » rappelait un négociant Lozérien.