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[De conseiller à éleveur] « La vente directe et la génétique sont au cœur de mon système »

À Lanester dans le Morbihan, Ghislain Aminot, ancien chef de projet à l’organisme de promotion de la race Rouge des prés, a repris une exploitation de polyculture-élevage où il élève des parthenaises.

Après dix années passées au Syndicat de défense de la Maine-Anjou, d’abord comme apprenti, dans le cadre de ses études à l’ESA d’Angers, puis comme chef de projet, Ghislain Aminot a nourri de nouvelles ambitions. « J’ai pu m’épanouir dans mon poste, très polyvalent qui allait pour la partie AOP, de la gestion des plannings d’abattages, aux relations avec l’aval, en passant par la promotion de l’AOP et à la gestion de ses conditions de production, sans oublier pour la partie génétique, le travail sur le schéma de sélection et la promotion de la race. J’ai apprécié de travailler auprès des éleveurs de cette race et surtout de côtoyer Albéric Valais, son directeur trente ans durant, homme de projet et amoureux de la Rouge des prés », souligne le jeune installé. Le déclic de l’installation est venu au moment de la préparation de la cession de son poste de directeur. « Je devais prendre une décision, je me suis alors tourné vers un projet personnel. » Dès lors, tout est allé très vite. « J’ai annoncé mon désir d’installation en février 2017, les parthenaises sont arrivées en novembre de la même année sur l’exploitation. »

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Le bilan réalisé avec la chambre d’agriculture n’ayant pas mis en avant la nécessité d’une formation, seul, un plan de professionnalisation personnalisé de trois jours a été effectué.

Des facteurs facilitant l’installation

Plusieurs facteurs clés ont permis la réussite de l’installation à savoir, la provenance du cheptel et la transition avec la cédante, restée à mi-temps sur l’exploitation pendant trois ans. Le troupeau parthenais n’a qu’une seule origine qui n’est autre que celle des parents de Ghislain, eux-mêmes éleveurs dans les Deux-Sèvres, préparant leur départ à la retraite. « J’ai acheté 30 % de leur cheptel soit 40 adultes et 27 veaux, quasiment que des femelles. » Ainsi le rythme de croissance a été atteint en trois ans avec 55-60 mises bas.

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« Disposer de la présence de la cédante pendant les trois premières années a été un atout non négligeable. J’ai pu être épaulé. On se lance un peu dans l’inconnu. Même si j’ai toujours gravité dans le milieu de l’élevage, voir faire et faire les choses sont deux choses bien différentes, tout comme prendre ses propres décisions. Au bout de trois ans, j’étais prêt à évoluer seul. » L’éleveur a récupéré une exploitation clé en main, où l’atelier laitier avait cessé en 2017. Peu d’aménagements ont été nécessaires : quelques tubulaires dans le bâtiment des laitières et quelques clôtures refaites.

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« À mon arrivée sur la ferme, je n’ai pas voulu tout révolutionner. J’ai ainsi calé la partie élevage par rapport à celle des cultures (légumes et cultures de vente) et organisé le travail avec l’objectif d’être seul. Mon emploi précédent est un atout pour la gestion des tâches. Je suis plus serein et j’arrive à prendre du recul pour faire face à une situation délicate lors des fortes charges de travail », précise Ghislain Aminot.

Un veau sevré par vache et par an

Le troupeau est conduit en double période de vêlages, groupés sur deux mois. Les parents de l’éleveur faisant vêler toute l’année, une sélection a été réalisée pour avoir des vaches mettant bas en janvier-février ou en août-septembre. Ainsi, dès la seconde campagne de vêlages tout était calé. De son ancien métier, Ghislain Aminot garde le goût de la génétique. Tous les animaux sont inscrits. « Je connais et estime le travail du schéma génétique, aussi je privilégie l’achat de reproducteurs à la station et les inséminations pour les génisses. Je tiens à garder des animaux avec du gabarit et à toujours améliorer la finesse de viande. » Pour l’instant, la vente de reproducteurs n’est pas dans les objectifs de l’éleveur, même si quelques bêtes sont commercialisées comme telles. À l’avenir, si un syndicat de la race venait à se créer, « je serais prêt à m’y engager car je connais tout son intérêt. »

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Les vêlages se passent bien, avec 75 % de vêlages faciles et le reste en vêlages avec aide facile. La césarienne reste une exception. « Un veau qui naît seul, c’est un gain de temps. Ma priorité reste un veau sevré, par vache et par an. » La génétique aide à atteindre cet objectif, tout comme les vêlages groupés. Ainsi, l’IVV pour la dernière campagne s’affiche à 366 jours pour un âge moyen à la première mise bas de 31 mois.

L’herbe représente une composante importante de la ration des mères. Du 15 mars au 15 novembre, les animaux sont au pâturage. L’hiver, l’ensilage de maïs reste un complément à l’herbe, qu’elle soit distribuée sous forme d’ensilage, de foin ou d’enrubannage. Du blé broyé et conservé en boudins complète la ration. Côté engraissement, l’exploitation n’est pas autonome. L’achat d’un mash est consenti.

Chiffres clés

- 55-60 vêlages
- 108 ha de SAU dont 30 de blé, 25 de maïs grain, 7 de colza, 15 de légumes (carotte, haricot, petit pois, épinard), 35-40 de prairies
- 1,5 UTH (1 associé, 1 mi-temps salarié)
- 100 % vente directe
- 366 jours d’IVV

Des animaux bien valorisés

Tout le travail réalisé autour de l’AOP viande bovine Maine-Anjou a été un plus incontestable pour le projet vente directe de la ferme.

« Lors de mon passage à la race Rouge des prés, j’ai été particulièrement intéressé par le projet vente directe conduit pour la race. Cela m’a permis de toucher la viande, de rentrer dans les abattoirs, les circuits de découpe, chez les distributeurs, d’où la volonté de commercialiser en direct mes animaux », souligne Ghislain Aminot. D’où la création d’un magasin de producteurs attenant à la ferme mais indépendant pour la vente directe. Ainsi, toutes les femelles sont commercialisées (environ 20 réformes par an) par ce biais, ainsi que sept à huit veaux par an (mâles et jumelles de mâles). Toutes les génisses sont gardées pour le renouvellement. La viande bovine représente 15 % du chiffre d’affaires du magasin qui fonctionne en achat revente. Ce magasin propose également des légumes et de la viande de porc, de volaille et d’agneau dans un rayon de 20 à 30 kilomètres.

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Détail et colis

La viande est commercialisée en colis ou au détail, conditionnée sous vide en libre-service. « Je peux accompagner mes animaux à l’abattoir et même si la découpe est effectuée par un prestataire, je sais ce que je dois lui demander pour adapter la découpe et en tirer ainsi le meilleur rendement carcasse. Je sais également quelle transformation faire pour atteindre l’équilibre carcasse optimal et ce, selon les saisons. Je réalise moi-même mon colisage pour y apporter ma petite touche personnelle, garder la main dans la viande et voir le rendement pour chaque muscle. Je retire un grand plaisir à cette partie du travail. »

Les carcasses sont vendues au magasin de 6 à 6,20 euros le kilo de carcasse pour des animaux classé E, pour un poids carcasse moyen de 520 kilos. La viande est ainsi vendue au consommateur entre 15,5 et 16 euros du kilo en moyenne.

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Rédaction Réussir

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