Crédits carbone : pourquoi les projets se multiplient en grandes cultures
Le marché du crédit carbone en grandes cultures se développe fortement depuis la validation de la méthode Grandes cultures du label Bas carbone, qui a donné le coup d’envoi de nombreux projets collectifs.
Le marché du crédit carbone en grandes cultures se développe fortement depuis la validation de la méthode Grandes cultures du label Bas carbone, qui a donné le coup d’envoi de nombreux projets collectifs.
Impossible d’y échapper : pas une semaine sans l’annonce d’un nouveau projet Bas carbone en grandes cultures. En février, la coopérative Vivescia annonçait le lancement d’un diagnostic carbone pour ses agriculteurs. Le même mois, le groupe Centre Ouest Céréales rejoignait le programme carbone de Soil capital, pionnier sur ce marché depuis son arrivée en France et en Belgique en 2020.
Pour les céréales et autres grains, la situation a fortement évolué depuis juin 2021 avec la validation par l’État de la méthode sectorielle Grandes cultures du référentiel du label Bas carbone. Cette labellisation est la seule à être garantie par les pouvoirs publics, via le ministère de la Transition écologique. Ce dernier valide toutes les étapes de la labellisation, du référentiel (méthode de mesure des émissions et de stockage de carbone) jusqu’à l’émission des crédits en passant par les outils et les projets. Onze méthodes sectorielles du label ont déjà été approuvées par le ministère, dont l’élevage, les haies et la forêt.
Depuis l’été, les projets se sont multipliés, portés par des acteu rs tels que les chambres d’agriculture, les OS, les groupes de développement… Début 2022, toutes productions confondues, on comptabilisait 160 projets labellisés, 400 000 tonnes de crédits carbone certifiés et 260 000 tonnes notifiées dans le cadre du label Bas carbone. Ces chiffres devraient doubler en un an.
Le marché des crédits carbone a des airs de Far West. Ce ne sera pas pour autant une ruée vers l’or. La question n’est d’ailleurs pas simplement économique. En janvier, lors d’une table ronde, le ministre de l’Agriculture a insisté sur la pertinence de l’approche par le sol pour concilier les enjeux carbone, eau et biodiversité, incontournables pour le monde agricole. « Pour traiter le carbone dans l’agriculture, on peut le faire par l’injonction, à travers la loi, en imposant à tous de baisser ses émissions d’un certain niveau, ou en donnant droit à des crédits carbone rémunérés aux agriculteurs adoptant des pratiques qui captent du CO2 », a-t-il affirmé.
Reste à vendre les crédits carbone tricolores sur un marché libre, mondialisé et très concurrentiel. « Les crédits carbone français sont plus chers, car il s’agit de prélever du carbone de façon précise, ce qui est plus onéreux que d’autres référentiels d’Amérique du Sud où l’on se contente d’affirmer que l’on arrête de déforester », a expliqué Julien Denormandie. Avant de lancer un « appel à la responsabilité » des entreprises : « faites le choix d’une démarche proactive, non simplement comptable, avec des crédits carbone liés au sol ».
L’atout officiel du label Bas carbone
Sur un marché du crédit carbone en pleine structuration, le label Bas carbone bénéficie de la sécurité apportée par la reconnaissance étatique. La grande majorité des acteurs qui se lancent adoptent cette labellisation. Ce sésame officiel devrait faciliter l’accès à certains marchés. Par exemple, les compagnies aériennes françaises doivent mettre en place la compensation carbone pour leurs vols intérieurs, pour atteindre 100 % en 2024. Les émissions estampillées label Bas carbone devraient être bien placées pour y contribuer.