Alimentation animale
[Coronavirus Covid-19] Approvisionnement en protéines : un printemps au goût de carême pour la nutrition animale
Des coups de poing sont attendues dans les formulations semaine 13 car les tourteaux secondaires ne sont plus là avec par exemple le cas de force majeur invoqué par Champlor le 20 mars pour fermer Valtris à Verdun, et un soja plus que tendu, même si, heureusement, le front des céréales est plus serein.
Des coups de poing sont attendues dans les formulations semaine 13 car les tourteaux secondaires ne sont plus là avec par exemple le cas de force majeur invoqué par Champlor le 20 mars pour fermer Valtris à Verdun, et un soja plus que tendu, même si, heureusement, le front des céréales est plus serein.
Vendredi 20 mars, les tensions annoncées s’ancrent dans la réalité : la pénurie avance à grand pas en commençant par l’Ouest et les entreprises de la nutrition animale sont de plus en plus nombreuses à cesser les livraisons de matières premières en l’état en élevage, faute de volumes de protéines.
L’incendie dans l’usine de Saipol de Grand Couronne (Rouen), le 13 mars, et à l’Est, le 20 mars, la fermeture de l'usine (faute de personnel) de Champlor qui invoque la force majeure, concourent à un amenuisement des en tourteaux de colza en France. Et ce dans un contexte déjà plus, les stocks en usine ayant été très sollicités pour répondre aux commandes exponentielles des éleveurs. Du côté des autres sites Saipol, une succession de pannes et d’arrêt de production réduit encore l’offre.
Par ailleurs, Le ralentissement des consommations de carburants, donc de biocarburants, a aussi des impacts sur la nutrition animale : elle devrait ainsi rapidement manquer de co-produits d’amidonnerie.
Surcoût de 30 à 50 €/t en soja
Cet effondrement des disponibilités face à une demande pourtant croissante en élevage va compliquer grandement la tâche des fabricants d’aliments pour animaux français. Ils ont tenu la semaine 11 avec des usines qui ont tourné à fond, mais ils ne trouvent presque plus ni tourteau de colza ni tourteau de tournesol. Du côté du soja, outre la hausse des prix de 30 à 50 €/tonne, les volumes actuellement sur les bateaux pourraient bien ne pas arriver car la situation dans les ports est variable au regard des déchargements. Les ports brésiliens sont en état d’urgence depuis cette semaine 11 ce qui renforce l’inquiétude sur de nouvelles expéditions. Et nombres d’équipages commencent à refuser de décharger par peur de se retrouver confiné dans les ports. Certains transitaires ont d’ailleurs commencé à faire jouer leur droit de retrait et il manquait au moins 20% du personnel ce vendredi avec des prévisions d’absences encore supérieure la semaine suivante. Le port de Sète était parfaitement serein en fin de semaine 12, mais les ports de Lorient et de Montoir, comme de La Rochelle sont arrêtés ou presque et, sur Gand, Cargill semble n’envisager aucun chargement avant la première quinzaine d’avril.
Le ferroviaire ne va guère mieux avec des suppressions de trains de fret vers les zones les plus déficitaires en céréales, comme la Bretagne. Les approvisionnements à l’intérieure des autres régions semblent se passer correctement. Avec des personnels mobilisés et (encore) peu d’arrêts ou de droits de retrait, les silos des OS étaient en général ouverts ce vendredi ce qui rassure sur le front des céréales, tant pour la nutrition animale que pour la meunerie. Mais les surcoûts sont indéniables : l’absence de frets aller pèse sur les transporteurs et, donc, leurs clients à raison de 5 à 20 € de surcout par tonne selon les points de départ. Les ministères ont été sollicités pour créer une caisse solidaire ou tout autre mécanisme permettant d’alléger cette charge.