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[Coronavirus Covid-19] Jacques Rouchaussé  : « Donner à l'agriculture les moyens de fonctionner »

Le président de Légumes de France Jacques Rouchaussé dresse un état des lieux de la situation des productions légumières et fruitières face à la crise du Covid-19.

 © LDF
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Le secteur de la production légumière et fruitière a des difficultés à disposer et à recruter les salariés nécessaires à l’activité de l’entreprise. Quelle est la situation ?

Les activités de production et de transformation agricoles ne sont pas concernées par les restrictions d’activité. Il est donc impératif de se donner les moyens d’assurer une production agricole suffisante tout en respectant les règles de protection sanitaire indispensables. Notre première enquête auprès des entreprises de production fait état d’un absentéisme de 15 à 20 % des effectifs présents avant la crise du Coronavirus. Des adaptations en matière de durée du travail, notamment la durée maximale et l’annualisation sont possibles ainsi que la défiscalisation des heures supplémentaires pour les salariés et les employeurs. Mais le problème du manque de main-d’œuvre est à venir avec une demande croissante en récolte et pour la mise en place des cultures. La situation va s’accentuer avec l’impossibilité de déplacement des salariés saisonniers étrangers qui constituent une part très importante des travailleurs en production. Une partie d’entre eux n’ont pas pu rejoindre les exploitations. Ils représentent 15 000 à 20 000 personnes chaque année. Nous cherchons donc à trouver des solutions avec les différents ministères pour faciliter le transfert des salariés touchés par le chômage partiel d’autres secteurs comme celui de l’horticulture. La démarche doit être rendue attractive par la rémunération et le maintien de leurs droits.

La situation de confinement de la population a totalement déséquilibré les habitudes de consommation. Quelles sont les actions envisagées pour permettre l’écoulement des productions légumières et fruitières ?

Les Français ont surtout acheté des pâtes ou du riz. La situation actuelle crée une condition de sous-approvisionnement des ménages en fruits et légumes qui sont des produits frais, périssables et parfois intuitifs lors des achats quotidiens. Nos discussions avec certaines enseignes de la distribution portent sur leur approvisionnement privilégié en produits d'origine France et la mise en avant des productions de saison comme la fraise et l’asperge. Cette stratégie a été planifiée sur plusieurs semaines afin de multiplier les légumes et les fruits qui bénéficieront de ces actions. Nous souhaitons également le maintien des marchés forains possibles par dérogation municipale. L’encadrement par les agents de police municipale et nationale montre qu’il est possible de réguler les incivilités malheureusement constatées. Ce sont des lieux où les professionnels et les producteurs font des efforts importants en matière de service aux consommateurs. La manipulation des produits est notamment très limitée.

Quelles sont les décisions gouvernementales attendues pour assurer le maintien des exploitations dans les mois à venir ?

Ces décisions d’aide devront prendre en compte les pertes d’exploitation sinon des exploitations ne se relèveront pas. Notre secteur est caractérisé par la périodicité et la périssabilité de ses productions. Les pertes d’aujourd’hui ne se récupéreront pas demain. Il est également très important d’assurer aux entreprises la capacité financière pour le maintien de leur activité. La capacité de production et d’approvisionnement en légumes et fruits d’été et d’automne se joue actuellement avec la mise en place des cultures et des investissements importants pour les chefs d’exploitation. Le soutien financier doit être total pour assurer les cycles de culture à venir. Il faut donner à l’agriculture les moyens pour qu’elle puisse fonctionner et nourrir les Français.

 

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