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Perspectives mondiales
[Coronavirus - Covid-19] Impact du Covid19 limité sur les matières premières agricoles, contrairement au secteur énergétique, pour Philippe Chalmin.

A l'occasion de la sortie de l'édition 2020 du Cyclope, l'économiste Philippe Chalmin a présenté son analyse de la crise du Covid 19 et de ses conséquences à venir sur l'économie mondiale. Globalement, la crise pandémique de 2020 aura créé un «choc de la demande» essentiellement porté sur l'énergie, et dans une moindre mesure sur les commodités agricoles dont les fondamentaux évoluent finalement assez peu selon le professeur d'Economie.

 

 

 

C'est la peinture de intitulée "l'Allegoria ed effetti del Cattivo Governo" (l’Allégorie des effets d’un mauvais gouvernement) de Ambrogio Lorenzetti qui a été choisie pour illustrer la couverture de la 34e édition du Cyclope en cette année de crise pandémique.
© Ambrogio Lorenzetti

Entre janvier et la fin du mois d’avril, l’ensemble des indicateurs surveillés par le cercle Cyclope affichaient une baisse globale de 42 %, a indiqué Philippe Chalmin, fondateur et dirigeant de Cyclope, pour débuter la conférence de presse dédiée à la sortie de l’édition 2020 de l’ouvrage de référence sur les matières premières.
Une chute importante qu’il convient de détailler puisque sans la présence du pétrole dans le calcul, ce retrait n’est plus que de 10 %. « L’énergie, au sens le plus large, aura été la principale victime » de la crise du Covid 2019, en conclut Philippe Chalmin. « la chute des prix du gaz naturel a été tout aussi spectaculaire que celle du pétrole, et dans le sillage, le charbon, malgré la résilience des importations chinoises, a connu un net recul », précise le rapport. Pour autant, le coronavirus qui a conduit au net ralentissement de l’économie à partir de février ne saurait expliquer l’ensemble de la baisse des cours du pétrole, des éléments géopolitiques précurseurs ayant déjà permis d’entamer le processus de baisse. Un recul qui s’est amplifié par la suite avec le développement de l’épidémie de Covid-19.

Forte baisse potentielle en maïs à venir 

Côtés grandes cultures (notamment pour la partie Grains), la crise du Covid n’a pas eu d’impact très significatif sur les grands éléments fondamentaux du marché, antérieurs à la pandémie et à ses conséquences. À l’exception toutefois du marché du maïs aux États-Unis très touché par l’effondrement des cours du baril de brut puisque la céréale trouve habituellement un débouché massif dans l’industrie du bioéthanol outre-Atlantique.

Ainsi les cours du contrat Maïs sur le marché à terme de Chicago ont sérieusement dévissé lorsque le pétrole a amorcé sa chute. Un élément qui vient ainsi s’ajouter à des fondamentaux déjà baissiers, puisque les États-Unis pourraient engranger leur plus grosse récolte cette année, et l’Ukraine est partie pour afficher un excellent niveau de production également. Alors doit-on s’attendre à un effondrement des prix ? Sans problème climatique, « une forte chute des prix est à prévoir », estime Philippe Chalmin.

Pour le reste, « Quelques tensions ont été observées sur les marchés du blé et du riz, mais la situation reste excédentaire. Donc sauf incident majeur climatique, nous nous préparons à une campagne assez exceptionnelle », estime Philippe Chalmin. Pour lui, la pandémie mondiale et le confinement dans certains pays n’a « pas eu d’impact si important que ça… Sauf de montrer les limites des économies des uns et des autres ».



Publié chaque année depuis 1986, le rapport Cyclope est le fruit du travail du Cercle Cyclope qui regroupe analystes, universitaires, journalistes et négociants, pour confronter leur vision sur les principaux marchés de matières premières. Le Cyclope est devenu au fil des années un outil de référence concernant les marchés mondiaux des commodités.

 

"La fin des 30 glorieuses de la mondialisation heureuse"

 «Cela faisait un moment qu'il y avait des grincements nous menant vers une impasse» a déclaré le président du Cercle Cyclope.Pour ce dernier, nous assistons actuellement à "La fin des 30 Glorieuses de la mondialisation heureuse". Et de considérer qu'à présent "nous avons devant nous peut être une mutation plus profonde". Mais ce ne sera pas le Grand soir pour autant pour le professeur d'économie. "Il ne faut pas rêver les hommes ne vont pas devenir des saints mais il semble que nous arrivions au bout d'une période.".  pour reprendre ses mots.

Concernant la Pac, Philippe Chalmin n'imagine pas de changement fondamental au sein de l'Union européenne : "Il n'y a aucune chance d'un quelconque renouveau de la politique agricole commune gérant les marchés agricoles, telle que nous l'avons connue, suite au Covid19. Mais l'heure est aux politiques agricoles dans certains pays comme la Chine ou L'Inde", fait-il remarquer. Et d'ajouter qu'aux Etats-Unis, il y a toujours une Politique agricole forte" contrairement à l'Union européenne. L'année 2020 étant une année d'élection présidentielle aux Etats-Unis, nul doute que Donald Trump sera à l'écoute des farmers, plutôt proches des Républicains globalement.
 
 
 

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