Composts, boues : économiser fertilisation et amendement pour les cultures grâce aux produits résiduaires organiques
Composts ou boues urbaines : à condition de prendre les précautions adéquates, ces produits sont une source importante de matière organique et permettent dans certains cas une économie substantielle d’engrais.
Composts ou boues urbaines : à condition de prendre les précautions adéquates, ces produits sont une source importante de matière organique et permettent dans certains cas une économie substantielle d’engrais.
Éléments nutritifs, matière organique, chaux… Les produits résiduaires organiques (PRO) dont une part provient des activités urbaines apportent des quantités non négligeables d’éléments pouvant enrichir les sols et nourrir les cultures. Parmi les PRO issus d’activités urbaines, la composition de certains composts est conçue pour répondre au mieux aux besoins des sols et des cultures.
En Vendée, 20000 tonnes d’un produit mélangeant 20 % de compost de déchets verts avec 80 % de composts d’ordures ménagères résiduelles sont épandues chez une cinquantaine d’agriculteurs à raison de 10 tonnes par hectare environ avec un retour au plus tôt tous les trois ans. « Ce compost à 55 % de matière sèche est produit sur deux sites du département, présente Véronique Rondeau, chargée de mission Économie circulaire à la chambre d’agriculture des Pays-de-la-Loire. Trivalis (syndicat départemental de traitement des ordures ménagères) et la chambre d’agriculture ont signé un accord-cadre en 2011 sur l’élaboration de ce compost pour répondre aux besoins des agriculteurs et sur les modalités d’analyses et d’utilisation pour assurer une sécurité sur les sols. »
Ce compost répond à la norme NFU44-051, ce qui le classe dans la catégorie des amendements organiques. Il apporte de la matière organique et a un effet calcique sur les sols grâce à sa richesse en chaux. « D’une façon générale, les PRO ont un effet acido-basique intéressant sur les sols acides, en augmentant le pH. Ils peuvent permettre d’économiser des apports en amendements basiques mais des analyses de sols restent nécessaires pour mesurer l’effet de ces PRO », remarque Hélène Lagrange, ingénieure spécialisée en fertilisation chez Arvalis.
Un effet des éléments fertilisants sur l’année N +1
Le compost produit par Trivalis contient aussi des éléments fertilisants. L’azote est présent sous forme organique à plus de 80 %, avec une libération lente dans le sol. « Il ne faut pas en attendre un effet direct sur la nutrition des cultures dans l’année de son application mais plutôt l’année suivante, souligne Véronique Rondeau. Nous conseillons son apport en été avant un couvert d’interculture pour produire un effet ensuite sur une culture de printemps comme le maïs. »
Comment sont contrôlés des éléments indésirables comme les éléments traces métalliques (ETM, dont les fameux métaux lourds), les composés traces organiques (CTO) ou les produits inertes (plastique, verre…) ? « Le produit répond à des seuils définis dans la norme NFU et à des flux cumulés qui ne doivent pas être dépassés sur tous ces éléments, précise Véronique Rondeau. D’autre part, une attente de deux ans est imposée entre deux apports sur une même parcelle. Les éléments inertes sont très fins (moins de 5 mm) avec des démarches de perpétuelle amélioration chez Trivalis pour encore en diminuer le taux. »
Puisqu’il se conforme à une norme, le compost vendéen de Trivalis est considéré comme un produit et non plus comme un déchet. Ce n’est pas le cas de la grande majorité des boues de station d’épuration. En Vendée, 7000 à 8000 tonnes en équivalent matière sèche sont épandues chaque année dans le département. En tant que déchet, ces boues nécessitent un plan d’épandage, géré et financé par l’organisme producteur. L’agriculteur utilisateur de boue de station d’épuration ne débourse rien : ni pour le PRO et son application, ni pour les analyses.
Des boues de stations d’épuration strictement contrôlées
Les boues chaulées font partie de celles qui offrent un vrai intérêt agronomique. Elles comportent un taux de calcium (CaO) important, très variable selon les origines, et qui peut dépasser 30 %. Le taux de matière organique peut lui aussi être élevé (jusqu’à plus de 60 %). Une part très faible de l’azote de ces boues est rapidement disponible. Ce type de boue peut également présenter une teneur en phosphore relativement importante. Pour les sols et les cultures, ces boues ont pour intérêt d’apporter de la matière organique, de contribuer à maintenir ou augmenter le pH du sol par son effet calcique et d’apporter du phosphore pour les cultures qui en sont le plus exigeantes.
Comme les autres boues épandues en agriculture, les boues chaulées qui relèvent du statut de déchet (et non d’une norme) sont strictement contrôlées sur les ETM et CTO qu’elles contiennent pour ne pas dépasser les seuils limite d’innocuité. Elles sont analysées par le producteur de boues de même que les sols avant et après l’épandage. La réglementation impose aussi le respect d’un délai minimal entre deux épandages, et des distances vis-à-vis de cours d’eau, captages, habitations… d’autant plus importantes que le sol est en pente. « Les critères d’innocuité vont être amenés à évoluer et être plus contraignants, par un abaissement des seuils par exemple, du fait de la mise en place d’un socle commun d’innocuité pour tous les produits organiques épandus en agriculture », informe Sabine Gayet-Delmotte, de la chambre d’agriculture de l’Aisne. Il s’agit d’éviter toute accumulation de ces éléments indésirables dans le temps et toute pollution potentielle tout en conservant l’intérêt agronomique des PRO.
Calculez l’effet fertilisant des PRO avec un OAD