Communiquer sur son projet d’élevage
De nombreux projets de créations ou d’extensions d’élevages génèrent des inquiétudes dans leur voisinage, lesquelles peuvent dégénérer en conflit si elles ne sont pas désamorcées. Elles peuvent aussi être récupérées et instrumentalisées dans le cadre d’un combat politique, environnemental, écologiste, antiélevage dépassant la problématique locale.
De nombreux projets de créations ou d’extensions d’élevages génèrent des inquiétudes dans leur voisinage, lesquelles peuvent dégénérer en conflit si elles ne sont pas désamorcées. Elles peuvent aussi être récupérées et instrumentalisées dans le cadre d’un combat politique, environnemental, écologiste, antiélevage dépassant la problématique locale.
Communiquer sur son projet d’élevage
De nombreux projets de créations ou d’extensions d’élevages génèrent des inquiétudes dans leur voisinage, lesquelles peuvent dégénérer en conflit si elles ne sont pas désamorcées. Elles peuvent aussi être récupérées et instrumentalisées dans le cadre d’un combat politique, environnemental, écologiste, antiélevage dépassant la problématique locale.
Ces expressions de rejet sont souvent évitables, à condition d’avoir pris les devants en communiquant largement pour répondre à des inquiétudes devenues légitimes chez des consommateurs de plus en plus éloignés des réalités de l’élevage.
Communiquer et dialoguer avec le reste de la société fait partie du travail des agriculteurs. Ils peuvent apprendre à le faire et acquérir les mots qui apaisent et rassurent. Le porteur de projet a tout intérêt à dire avec franchise ce qu’il veut faire, en expliquant le pourquoi et le comment. Par l’échange à travers une information juste et cohérente, il peut gagner le respect et la confiance des parties prenantes de son territoire.
Bressolles, Langoëlan, Rully, Plaudren, Pihem, Empurany, Néant sur Yvel, Steenwerck, La Ville-ès-Nonais, Couemes-Vaucé, Celles-sur-Belle, Besayes, Clessé, Bacilly, Réalville, Noiron-sur-Bèze, Limpiville, Plouguiel… Cette liste (non exhaustive) pourrait constituer le refrain de « la complainte des projets avicoles », à la manière de « la complainte du progrès » écrite par Boris Vian en 1956 (« un frigidaire, un joli scooter, un atomixer et du Dunlopillo… »).
Dans ces communes situées un peu partout en France, des projets de création de bâtiment ou d’extension d’élevages avicoles (poulet, poulette, poules pondeuses en bio, label rouge ou « industriel ») ont connu ou connaissent des oppositions qui ont contraint les éleveurs à s’expliquer, à se défendre, à modifier, voire à arrêter un projet qui est très souvent le plus important de leur vie professionnelle.
Anticiper les motifs d’opposition
De moins en moins connus, les élevages avicoles sont source d’appréhension pour le voisinage immédiat : apport supposé de nuisances (odeurs, bruits, trafic augmenté, pollutions, mouches…), création d’une « verrue » dans le paysage, et par voie de conséquence dévalorisation des biens immobiliers. « Les gens pensent que si l’agriculteur ne parle pas c’est qu’il cache quelque chose » explique Marie Décima du Centre ressource du développement durable dans les Hauts de France. Même avec un dossier parfaitement conforme sur les plans techniques, sanitaires, réglementaires, un porteur de projet d’élevage « hors-sol » ne peut plus faire l’économie d’expliquer les pourquoi et comment de ses intentions aux parties prenantes locales. Cela le plus tôt possible, avant même de déposer son dossier. Pour Marie Charlotte Garnier, de LDC Amont, « avoir rencontré tôt ses voisins permet au moins de découvrir lequel peut poser problème et avec qui il va falloir faire le plus d’efforts de communication. »
Faire de la pédagogie et casser les a priori
Le message émis doit être clair. Il faut partir du principe que le récepteur n’y connaît rien, qu’il faudra expliquer avec des mots simples et compréhensibles pour rassurer. Et surtout être patient, savoir se répéter, ne pas s’emporter face aux critiques, se mettre d’accord sur les désaccords pour tenter de trouver un compromis. Futurs chefs d’entreprise, les porteurs de projet doivent aussi se présenter aux élus municipaux, voire leur montrer un élevage similaire. Un débat public ouvert à tous est une fausse bonne idée, dans la mesure où il peut être facilement parasité et saboté. « Il faut adopter une démarche de « vivre ensemble » et être un acteur économique comme un autre, souligne Delphine Bisson, formatrice en communication auprès de futurs agriculteurs et journaliste agricole en Pays de la Loire. Par exemple, se faire 'tirer le portrait' par le correspondant de presse, inviter des écoliers ou faire une porte ouverte si on a déjà un élevage, ou provoquer une initiative impliquant les parties prenantes locales. » En résumé, tisser peu à peu sa toile pour devenir un acteur économique aussi légitime que les autres.
Ne pas s’épuiser dans des luttes idéologiques
D’autres motifs d’opposition peuvent être invoqués, comme le modèle d’élevage faisant souvent référence à une « ferme-usine ». La réponse aux parties prenantes locales peut être apportée sous un angle personnel qui légitimera la démarche. Arguments technico-économiques à l’appui, l’éleveur expliquera qu’il a besoin de cette capacité pour obtenir le revenu qu’il souhaite et que c’est le modèle le plus adapté aux débouchés qu’il desservira. En revanche, si la critique vient d’opposants « professionnels » déconnectés du territoire, le débat tournera en partie de ping-pong en se cristallisant sur des controverses telles que la contribution à la malbouffe, la maltraitance des animaux, le réchauffement climatique, la déforestation, etc. Et si un recours en justice est déposé, il faudra un dossier inattaquable pour mener une guerre d’usure et être soutenu pour ne pas avoir le sentiment de se battre seul contre le monde entier.
Apprendre à communiquer
La montée des contestations n’est pas nouvelle, mais elle prend de l’ampleur, comme si les citoyens avaient de plus en plus besoin d’être rassurés. Pour répondre, les opérateurs économiques partenaires ne souhaitent pas ouvertement soutenir les éleveurs, par crainte de pénaliser leur image et d’apparaître comme des « intégrateurs » donneurs d’ordre. Il revient donc aux éleveurs de faire face seuls, mais souvent soutenus par leur syndicat agricole. Certaines chambres d’agriculture forment à mieux communiquer et à expliquer son métier. En Rhône-Alpes, des éleveurs ambassadeurs ont depuis longtemps été formés et cette démarche est en réflexion dans les Hauts de France. Optionnelle, la communication est au menu de quelques formations initiales. Par exemple, en Vendée et en Sarthe les jeunes en CS avicole suivent deux jours de sensibilisation, tout comme ceux en BTS au Lycée de la Germinière à Rouillon (72).
Cinq conseils pour un dialogue constructif
- Écouter ses contradicteurs sans les interrompre ;
- Poser des questions pour préciser l’attente ;
- Aborder les sujets au plan rationnel et non émotionnel ;
- Rester ouvert et tenir ses engagements ;
- Éviter d’être sûr de son fait et de vouloir passer en force