Une sérieuse désinfection avant l’élevage des chevrettes
En adoptant des bonnes pratiques d’hygiène, le Gaec de la Butte a considérablement réduit la mortalité des chevrettes, notamment causée par la coccidiose et la cryptosporidiose.
Élisabeth Billeaud ne prend pas la désinfection des bâtiments à la légère. Avec son mari Patrice, son fils Sébastien et ses deux salariés, ils élèvent 900 chèvres, 80 taurillons et des volailles dans 2 700 m² de bâtiment à Taizé dans les Deux-Sèvres. Cette année, le Gaec de la Butte a mis toutes les chances de son côté pour réussir l’élevage des chevrettes. Tout commence par un nettoyage en profondeur du tunnel réservé à l’élevage des jeunes. « Il ne faut pas que laver à l’eau chaude, sinon il reste du biofilm sur les surfaces » indique l’éleveuse de 51 ans. Elle préfère appliquer un détergent (Kenosan de Cid Lines) avec une lance à haute pression équipée d’un mousseur spécial, depuis le bas du mur jusqu’au plafond et sur toutes les surfaces (cornadis, barrière, abreuvoirs, mur…). « Il faut s’équiper d’une combinaison de cosmonautes avec masques, lunettes et gants » recommande l’éleveuse. Le bidon de 22 kilos à 95 euros HT permet de traiter à peu près tous les bâtiments caprins (600 m² pour les chevrettes et 2 000 m² pour les chèvres). La mousse est laissée une nuit (30 à 45 minutes suffisent) puis rincée le lendemain. Après avoir laissé sécher au moins une journée, les éleveurs passent la balayeuse.
Un désinfectant spécial coccidiose et cryptosporidiose
Ensuite, un deuxième désinfectant, le Kenocox, est appliqué spécifiquement contre la coccidiose et la cryptosporidiose. « En plus d’être le seul produit homologué pour la destruction des oocytes sporulés des coccidies et cryptosporidies, le Kenocox a une action bactéricide, virucide, fongicide et levuricide » argumente Anaïs Pinto, responsable commerciale Grand Ouest chez Cid Lines. Deux heures après l’application, le produit est rincé dans les mangeoires et abreuvoirs. Le bidon de 10 litres à 145 euros HT permet de traiter un bâtiment d’environ 1 000 m². « Il faut l’appliquer sur tout ce que les chevrettes pourraient lécher » recommande la commerciale.
Après un mois de vide sanitaire, 40 centimètres de copeaux de bois, très absorbants, sont installés pour servir de litière. Le tunnel est prêt à recevoir les premières chevrettes début janvier. Les bonnes pratiques sanitaires se poursuivent après l’arrivée progressive des 600 chevrettes. « Cette année, nous n’allons plus leur donner le biberon mais plutôt les remplir avec 300 ml de colostrum du jour thermisé à l’aide d’une sonde œsophagienne » explique Élisabeth en recherche permanente d’amélioration. Le nombril est désinfecté deux fois par jour et, pour éviter la contamination par les oreilles, le Gaec préfère mettre des caoutchoucs autour du cou avant d’identifier plus tard au tip-tag. Pour ne pas se mélanger dans les dates de naissance, les chevrettes sont marquées avec une peinture de couleur différente chaque jour et un endroit différent de l’animal chaque semaine (tête, cou, flanc…). « C’est important de bien s’organiser et de tout noter quand on travaille à plusieurs sur l’exploitation » apprécie Marie-Gabrielle Garnier, leur conseillère du contrôle laitier. Autre mesure d’hygiène, les tétines sont lavées et désinfectées tous les jours avec le produit Kenocox. Au bout d’un mois, le fumier est curé par case d’âge.
Les bactéries du sol ont contaminé les jeunes chevrettes
Au final, les résultats sont au rendez-vous avec un poids de 35 à 37 kilos à la saillie et une production moyenne du troupeau de 920 kilos par chèvre. Il faut dire que tout n’a pas toujours été si rose dans l’élevage des chevrettes. Si le Gaec a mis ces mesures en place, c’est qu’il avait connu de grosses difficultés ces dernières années depuis l’installation du bâtiment tunnel il y a quatre ans. Isolé, chauffé et équipé d’extracteurs d’air, le bâtiment était hors de cause mais 26 ans auparavant, il y avait à cet endroit la fumière des volailles. Nombre de germes sont restés dans le sol en terre battue, contaminant les chèvres avec, entre autres, des mycoplasmes et des coccidies. « Nous avons eu du mal à diagnostiquer l’origine du problème » regrette Élisabeth Billeaud. « En fait, nous aurions dû d’abord élever quelques chèvres de réforme pendant quelques mois dans ce tunnel afin d’y installer le microbisme du troupeau ».
Mise en garde
Passer le Certibiocide avant de traiter
Depuis juillet 2015, tous les applicateurs de produits biocides à usage professionnel doivent être formés à l’utilisation de ces produits potentiellement dangereux pour la santé et pour l’environnement. La formation de trois jours peut être ramenée à une journée si la personne a déjà suivi la formation Certiphyto.