À Saint-Christophe-en-Bazelle dans l’Indre
Une chèvrerie moderne dans un vieux bâtiment
Dans l’Indre, Philippe Denis et Séverine Van Hasselaar ont remodelé un vieux bâtiment pour en faire une chèvrerie bien équipée. Tour d’horizon des aménagements.
Dans l’Indre, Philippe Denis et Séverine Van Hasselaar ont remodelé un vieux bâtiment pour en faire une chèvrerie bien équipée. Tour d’horizon des aménagements.
À une petite centaine de kilomètres à l’Est de Tours, Séverine Van Hasselaar et Philippe Denis, 48 ans tous les deux, ont posé leurs valises et créé leur exploitation caprine à Saint-Christophe-en-Bazelle. Après avoir été éleveurs de vaches laitières dans l’AOP Comté, ils ont souhaité revenir sur les terres familiales de l’Indre. La reprise après les parents n’a pas marché, mais ils sont tout de même restés dans le département. « Nous louons les terres et les bâtiments, y compris la maison d’habitation et cela nous permet d’investir plus aisément dans le matériel », explique Philippe Denis. Et bien que les murs ne leur appartiennent pas, les éleveurs n’hésitent pas à aménager leurs bâtiments comme bon leur semble. « Simple astuce, tout ce que nous avons ajouté est démontable, glisse Philippe Denis. Lorsque nous partirons, le propriétaire retrouvera tout dans l’état où il nous l’a laissé. » Et des aménagements, il y en avait besoin, dans un bâtiment peu fonctionnel et mal adapté à l’élevage caprin. Avant de faire des aménagements zootechniques, les éleveurs ont dû tout de même rénover le système électrique (parafoudre, prise de terre, génératrice transportable sur le tracteur, etc.) pour un coût total de 40 000 euros. Une fois l’installation sécurisée, ils ont pu moderniser le bâtiment d’élevage, augmentant au fil des années, leur confort de travail et celui des chèvres.
Roto de traite
En place depuis sept ans, il représente un investissement de presque 100 000 euros. Avec 34 places et un accès par l’extérieur pour l’éleveur, la traite s’effectue en 1 h 30 à une personne (contre 3 h à 2 auparavant). « Nous étions tout juste en rentabilité avec nos 400 chèvres, mais il fallait vraiment gagner en confort et en temps sur la traite », rappelle Philippe Denis. Petite astuce pour faire baisser le coût, les 18 postes de traite de l’ancienne salle de traite ont été installés sur le roto. « Les chèvres sont moins stressées, nous également. Par contre, nous sommes obligés de jeter tout le lait en période de colostrum car c’est trop compliqué de séparer le lait », assume l’éleveur.
Tapis d’alimentation et feed-car
Le tapis est toujours propre et l’éleveur n’a plus d’astreinte pour le balayer. Son installation, huit ans plus tôt, a permis aux associés de gagner 150 places en chèvrerie, les couloirs d’alimentation ayant été remplacés par trois tapis. Le gain de temps est important sur la distribution des cinq repas quotidiens (3 sur le tapis et 2 à la traite) et les éleveurs ont noté une diminution des refus. « Le tapis nécessite une gestion très précise des lots afin d’être sûrs que chaque chèvre reçoive bien la même ration. Ce n’est pas toujours évident au moment des mises bas », met en garde Philippe Denis.
Pailleuse mobile
Deux pailleuses sont installées par aire paillée. « La paille a gagné en appétence, les chèvres vont la chercher directement dans la pailleuse plutôt qu’elle soit déposée sur le fumier », explique l’éleveur. les pailleuses étant fixées sur des rails aériens, ce sont les chèvres qui les font bouger sous leurs impulsions. Ainsi, elles paillent elles-mêmes leur enclos de manière homogène. Les avantages sont principalement l’absence de poussière, l’absence de machine et de recours à l’électricité. Il faut compter autour de 1 400 euros hors taxes pour un râtelier aérien et la pose du rail sur la charpente a coûté 9 000 euros.
Brosses, ventilateurs et caméras
Cinq ventilateurs sont installés sur la largeur du bâtiment d’élevage. Leur allumage est automatique, commandé par un boîtier qui évalue l’hygrométrie et la température ambiante (également ajustables avec des trappes sur toute la longueur du bâtiment). Les ventilateurs brassent l’air dans la longueur du bâtiment. Compter 1 000 euros par ventilateur et 6 000 euros pour le boîtier de commande. « Lors de la canicule l’été dernier, nous avons remarqué une baisse de la consommation alimentaire et donc de la production laitière, se remémore Séverine Van Hasselaar. Nous avons donc investi dans les ventilateurs et en période chaude, la baisse de production est bien moins importante. » La température dans le bâtiment ne chute pas mais le flux d’air donne une sensation de fraîcheur. Les éleveurs ont également installé six brosses rotatives, soit deux par aire paillée, à 1 000 euros pièce. Ils ont aussi investi dans des caméras, autant pour la surveillance des mises bas que pour la lutte contre les intrusions et les vols.
Automate chevrette
Enfin, le Gaec a mis en place une louve automatique pour l’alimentation lactée des chevrettes, qui maintient le lait en continu à la bonne température. L’installation chevrette, avec la pailleuse et l’alimentateur pour les concentrés a coûté en tout 15 000 euros.
Si toutes ces installations peuvent représenter un frein à la reprise de l’exploitation car, selon Philippe Denis, « il faut avoir la fibre de l’automatisation, ce n’est pas le cas de tout le monde », le fils aîné, Antoine, s’est d’ores et déjà associé à ses parents, ajoutant à l’exploitation un atelier vaches allaitantes. Et ensemble, ils vont continuer à moderniser l’exploitation. Prochain projet, s’équiper pour l’affouragement en vert.
Diversifier avec les yaourts
Au Gaec Denis Van Hasselaar, rien n’est laissé au hasard. Après deux ans de réflexion, une étude de marché et la recherche d’une marque au nom accrocheur, les éleveurs se sont lancés dans la fabrication de yaourts nature et aromatisés. Alors que le lait part en laiterie pour être transformé en AOP selles-sur-cher et AOP valençay, ils ont choisi les circuits courts pour écouler leurs petits pots de Tatachev : marchés, drives et la restauration collective (écoles et maisons de retraite) avec le programme Cagette et fourchette mis en place par le parc naturel régional de la Brenne. Ils transforment 150 litres de lait par semaine en yaourts avec des produits locaux (fraises, myrtilles, miel, crème de marrons). Séverine et Philippe ont construit un local de transformation ainsi qu’un magasin et une réserve attenants pour une surface totale de 50 m² et un investissement de 100 000 euros. Dernière amélioration en date, l’empoteuse semi-automatique qui permettra à une personne seule de travailler, contre trois actuellement. La vente de yaourts permet de valoriser six fois mieux le litre de lait et avec un litre, on peut faire en moyenne cinq à six yaourts. Autant dire que les trois associés ne seraient pas contre d’augmenter un peu leur production…