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Une alimentation adaptée à chaque séquence

Les besoins des chèvres évoluent au fil de la campagne de production. La conduite du pâturage doit donc être adaptée pour satisfaire ses besoins tout en limitant les apports à l’auge.

De la montée en lactation jusqu’au tarissement, l’alimentation de la chèvre doit répondre à ses besoins et préparer la séquence suivante. Des changements de quartiers et l’introduction de surfaces spécifiques à des moments clés permettront à l’éleveur pastoral de minimiser la complémentation à l’auge qui représente une charge importante.

En fin de gestation, privilégier la proximité

En fin de gestation, la stratégie d’alimentation va être axée sur les zones proches de la bergerie pour limiter les déplacements du troupeau. Si l’éleveur dispose de surfaces importantes de parcours de qualité (0,1 à 0,2 ha par chèvre), la ressource pastorale pourra constituer entre un et deux tiers de la ration. La durée de pâturage devra être assez longue, avec un troupeau gardé ou régulièrement relancé, ce qui est assez gourmand en main-d’œuvre. Une complémentation adaptée au niveau de production attendu devra être apportée, à raison de 500 g à 1,5 kg (pour les exploitations les plus productives) de foin par chèvre et par jour et 300 à 400 g de concentré. Si l’éleveur ne dispose pas de suffisamment de parcours proches ou si leur qualité ne convient pas, le meilleur choix sera de soigner l’alimentation à l’intérieur afin qu’elle couvre à minima deux tiers des besoins.

La montée en lactation, un démarrage à ne pas rater

La montée en lactation se traduit par une augmentation des besoins des troupeaux. Avec un objectif de production modeste, les éleveurs pourront rechercher les parcours proches et de bonne qualité pour couvrir 70 % des besoins mais le temps de pâturage doit être important et le mode de conduite assez directif pour permettre un prélèvement efficace. Un apport modéré de foin (500 à 700 g/chèvre/jour) et concentré peut permettre de bien démarrer la lactation. En cas de disponibilité, les éleveurs visant une production plus élevée pourront intégrer aux circuits de pâturage des zones cultivées ou d’herbe riche (0,05 à 0,1 ha/chèvre). Si l’éleveur ne peut pas sortir le troupeau plus de 3 à 4 heures par jour, une complémentation en foin est obligatoire de 1 à 1,5 kg par chèvre.

En pleine lactation, assurer la régularité des apports

En pleine lactation, la stratégie d’alimentation doit permettre de couvrir des besoins forts de façon régulière. Si la ressource pastorale est abondante, riche et variée, l’éleveur pourra baser l’alimentation durant cette phase à plus de 50 % sur les parcours. Il faudra alors changer fréquemment de quartier afin d’offrir une ressource toujours nouvelle au troupeau, préserver des zones fraîches pour la période estivale et introduire dans le circuit de pâturage des cultures qui feront tampon face à l’évolution de la végétation naturelle. L’apport en bergerie se limitera à un apport de 300 à 800 g de concentré distribué en deux fois au moment de la traite. Si la disponibilité en bons parcours ou en temps fait défaut, on pourra réduire la part d’alimentation issue des parcours et assurer la couverture des besoins par la complémentation avec une herbe de qualité ou du foin distribué à l’auge au moins quatre heures après le retour des chèvres en bâtiment ou avant leur sortie. La durée du pâturage pourra alors être limitée à 3 à 5 heures par jour mais le mode de conduite devra rester actif pour optimiser la présence au pâturage. L’apport en concentré pourra alors être un peu plus élevé, entre 400 g et 900 g selon la production laitière.

En fin de lactation, accompagner la baisse de production

Dans cette phase, l’éleveur pourra choisir de repasser sur de bons parcours déjà utilisés s’il s’agit de zones embroussaillées avec contrat d’entretien où l’objectif est de faire régresser la ressource, ou sur des parcours de qualité moindre pas encore utilisés, à raison de 0,5 à 1 ha par chèvre. La durée de pâturage sera toujours longue mais la conduite pourra être plus relâchée. La complémentation pourra se limiter à un apport de 300-400 g de concentré par jour pour assurer la reconstitution des réserves corporelles. En cas de disponibilité insuffisante de surfaces de parcours, si l’éleveur souhaite conserver un certain niveau de lactation, il faudra augmenter l’apport en bergerie.

Au tarissement, gérer la ressource et la reprise d’état

L’objectif lors de cette phase est de maintenir voir remonter l’état corporel des animaux en gestation. Si la disponibilité en parcours est encore bonne, qu’il s'agisse de bons parcours non épuisés ou de parcours de qualité médiocre, les parcours pourront assurer la totalité des besoins, avec des durées de pâturage longues mais en pâturage relâché. En cas de disponibilité en parcours plus limitée ou d’objectifs de production plus élevés, les parcours viendront seulement en complément de la distribution de foin et concentrés qui couvrira 60 à 70 % des besoins. La durée de pâturage pourra alors être plus réduite.

"Toute l’année dehors pour débroussailler la forêt"

"J’élève avec un associé une centaine de chèvres du Rove, avec une production moyenne d’un litre par chèvre transformé en brousse. Je dispose de 20 hectares de terres labourables et 200 hectares de collines, dont 30 % correspondent à des contrats de débroussaillage type DFCI (Défense des forêts contre l’incendie). C’est un partenariat gagnant-gagnant pour l’éleveur et la municipalité mais ce n’est pas toujours simple en zone périurbaine de TRAVAILLER avec les voitures, les motos, les quads ou les chiens… Les chèvres sortent toute l’année. Quand je mets du foin, c’est que je veux aller à la pêche ! Dans ce cas je leur distribue, par terre dans la chèvrerie ou dans le parc, du sainfoin ou un mélange vesce, orge, avoine, blé. Mais en général, je préfère payer quelqu’un pour garder car la Rove a besoin d’être stimulée pour manger. Elles ne consomment que 15 à 25 kg de foin par chèvre par an et pendant la lactation, une complémentation distribuée lors de la traite composée de maïs et d’orge produits sur l’exploitation. Sur les prairies temporaires, je fais une première coupe et je fais pâturer la deuxième coupe en soupade : je les laisse s’y arrêter une demi-heure pour les complémenter et maintenir la production, mais en revenant des parcours pour éviter qu’elles ne se gavent et ne mangent plus rien sur les collines."

Thierry Faure, éleveur à Mimet dans les Bouches-du-Rhône

"À chaque saison, son parcours"

"J’élève 70 chèvres alpines, avec une production moyenne de 730 kg par chèvre, sur une zone très sèche avec 6 hectares de prairies et 86 hectares de bois et landes. Les chèvres sortent 250 à 280 jours dans l’année. Mes parcours sont divisés en quartiers d’été, automne hiver et printemps. L’été, on valorise des zones de creux, plus fraîches et elles ne reçoivent aucun complément fourrager. Ma priorité va alors être de les sortir le plus tôt possible, dès la traite finie, à 8 h dernier délai. Le reste de l’année, elles sortent plutôt de 9 h à 14 h 30 et reçoivent un complément fourrager le soir. Elles consomment ainsi 315 kg de foin par chèvre par an. Les quartiers d’hiver correspondent à des zones plus ensoleillées et proches de la chèvrerie car elles sont en fin de gestation. Elles y consomment du chêne vert essentiellement. Au printemps, ce sont les chênes blancs et la végétation herbacée qui dominent. Elles sont toujours gardées sur les parcours : le fait de les bouger de 200-300 mètres les stimule et les relance. Elles doivent être bien pleines quand elles rentent : en mettant le poing sur la panse, on doit sentir comme un sac de grain et non comme un ballon de baudruche. Je suis au contrôle laitier et je sélectionne mes chèvres sur leurs rendements laitiers mais aussi et surtout sur leur rusticité."

Sylvestre Debaisieux, éleveur à Gréoux-les-Bains dans les Alpes de Haute Provence

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