Un protocole pour détecter les mycoplasmes dans le lait de tank
L’étude Mycaptank de recherche des mycoplasmes sur le lait de tank offre des pistes exploitables pour détecter les cheptels infectés et sécuriser les échanges d’animaux.
Les mycoplasmoses sont des affections fréquentes en élevage caprin, se traduisant principalement par des symptômes respiratoires, mammaires, articulaires, touchant aussi bien les adultes que les jeunes. Introduites généralement par des achats, leurs conséquences économiques pour les élevages atteints sont généralement lourdes et les moyens de lutte limités. En l’absence de test individuel fiable et économiquement acceptable, le recours à l’analyse de lait de tank peut constituer une alternative intéressante pour sécuriser les échanges en permettant de repérer l’infection mycoplasmique dans un troupeau, même en l’absence de signe clinique. Pour évaluer la fiabilité de cette approche, l’étude Mycaptank a été conduite dans vingt cheptels des bassins de production picto-vendéen et rhônalpin.
Une excrétion intermittente sans raison apparente
Ces élevages, pâturants ou hors sol, de taille variable (140 à 1 300 chèvres en lactation) avaient tous connu un épisode clinique de mycoplasmose plus ou moins récent et présentaient tous un résultat positif sur lait de tank au démarrage de l’étude. Ils ont fait l’objet d’un suivi mensuel pendant deux ans, avec analyse du lait de tank par PCR et collecte d’informations sur la conduite d’élevage et sur les événements sanitaires. Dans 80 % des élevages, l’excrétion de mycoplasmes dans le lait de tank apparaît intermittente, sans qu’aucune corrélation n’ait pu être mise en évidence avec des événements particuliers ou avec l’espèce de mycoplasme présente dans l’élevage. Il n’a pas non plus été noté de lien entre la variation mensuelle de l’excrétion et celle des concentrations cellulaires du lait.
Du lait frais, congelé ou sur un support papier
Compte tenu de ces résultats, il apparaît qu’une analyse ponctuelle du lait de tank n’est pas suffisante pour détecter l’infection mycoplasmique d’un cheptel et que la fréquence optimale des analyses diffère selon la zone d’élevage (cf. tableau). Les différences observées sont probablement à mettre en lien avec les caractéristiques des cheptels (taille, nombre d’animaux en lactation tout au long de l’année, pratique de la longue lactation). Bien qu’il n’ait pas été identifié de périodes plus favorables à la recherche du portage mycoplasmique sur l’échantillon de cheptels considéré, il peut être intéressant, de prévoir la réalisation d’un des tests au moment du pic de lactation du troupeau. L’analyse peut être effectuée sur lait frais, sur lait congelé ou encore sur une carte FTA Elute(1). Ce support, sorte de papier buvard, imbibé de lait et séché à l’air ambiant, présente le grand avantage de pouvoir être expédié dans une simple enveloppe mais son analyse, pour obtenir un résultat fiable, doit être impérativement réalisée dans un laboratoire disposant de la technologie adaptée à son traitement. Les modalités de dépôt sur la carte FTA en conditions d’élevage doivent encore être validées.
Les résultats obtenus dans cette étude Mycaptank sont à prendre avec prudence compte tenu du nombre de cheptels suivis mais ouvrent des perspectives intéressantes, notamment pour la sécurisation des échanges d’animaux.