Simplification du travail avec les rations mélangées pour les chèvres
Stade ultime de l’automatisation de la distribution de la ration, les robots d’alimentation apportent fourrages et concentrés à l’auge en ration mélangée. Un investissement conséquent qui demande de la précision dans les réglages.
« Les rations mélangées sont moins fréquentes en élevage caprin qu’en vaches laitières, avance Bertrand Bluet, chef de projet fourrage caprin à l’Institut de l’élevage. Au-delà de diminuer l’astreinte et la pénibilité, elles limitent le comportement de tri des chèvres. Limitent seulement, parce que la chèvre trie toujours, sourit-il. Chaque outil a ses spécificités et il faut trouver l’organisation pour un bon fonctionnement. Une 'bonne' ration mélangée dépend plus de bonnes pratiques d’utilisation que du choix de l’outil. »
L’éleveur doit donc apprendre à travailler avec le robot : proportion de chaque aliment, ordre d’incorporation temps de mélange, réglage des outils… Il faut également faire attention à ne pas détruire le fourrage, ne pas le défibrer ou détruire feuille luzerne par exemple. Attention au réglage de la machine et des couteaux notamment.
Incorporer les aliments dans l’ordre
Comme pour toute ration, les recommandations de base liées à l’alimentation des chèvres doivent être respectées. Il est également recommandé de conserver un râtelier de foin ou de paille dans chaque lot, afin de sécuriser la fibrosité de la ration, tout en favorisant la rumination des chèvres.
L’ordre d’incorporation des aliments est important : on commence par les aliments les plus fibreux en finissant par les aliments les plus fragiles à la découpe. Il est conseillé de suivre l’ordre suivant :
1. Les fourrages fibreux à découper ;
2. Les concentrés et les compléments minéraux et vitaminés ;
3. Les ensilages d’herbe et de méteil ;
4. Les fourrages prédécoupés et l’ensilage de maïs.
Les robots d’alimentation ont deux composants minimum : une cuisine et un wagonnet de distribution. En fonction du fabricant, le bol mélangeur peut être séparé du wagonnet de distribution.
Certains circulent uniquement au sol, d’autres ont la possibilité d’être sur rails suspendus. Autre différence, le mode d’alimentation : sur batterie ou en alimentation continue, un système type TGV avec rail au sol. Il ne faut pas oublier d’inclure l’ouverture des portes et portails si le robot doit circuler d’un bâtiment à l’autre, sur sols stabilisés béton ou équivalent.
Enjeu de main-d’œuvre
« Nous avons de plus en plus de demandes en ration complète, témoigne Valentin Charrier de Lucas G. Cette solution répond à des enjeux de pénibilité, d’astreinte et de disponibilité de la main-d’œuvre. »
« Notre robot, l’Iron mix, comprend une mélangeuse à poste fixe, chef d’orchestre qui prépare la ration. Elle peut être équipée d’une vis verticale ou d’une pale horizontale. Cette seconde solution est privilégiée par nos clients en caprin pour la qualité et l’homogénéité du mélange obtenu. Les tables de stockage des matières premières peuvent accueillir tous les types de fourrages. Il faut un stockeur par type de fourrage. »
Spécificité chez Lucas G, fourrages et concentrés peuvent être distribués ensemble ou séparément. Pour la cuisine, il faut compter minimum 60-70 m², sans stockeur pour du foin en vrac, à 200 m² avec six stockeurs. L’investissement est compris entre 220 000 et 270 000 euros en fonction du nombre de stockeurs et les options. Côté contrainte, le robot Lucas G a besoin de couloirs de quatre mètres et de pentes inférieures à 8 %.
Distribution selon les besoins
Le Lely Vector fonctionne avec une cuisine simplifiée, avec des cases matérialisées au sol. Un grappin vient se saisir des fourrages pour les apporter au bol qui mélange et distribue. « Nous préconisons un chargement de la cuisine tous les quatre jours, le mardi et le vendredi par exemple, expose Nicolas Lucas de Lely. Cela dépend bien sûr des types de fourrages et de la température. Le bol mélangeur est équipé d’une vis verticale avec six couteaux et un contre-couteau. Un bon compromis selon nous pour assurer une homogénéité et optimiser les allers-retours. La quantité minimum distribuée est de 50 kg. »
Le Vector a une fonction spécifique, un capteur qui détermine la quantité d’aliment restant à l’auge et selon les indications de l’éleveur, déclenche ou non une nouvelle distribution. Le prix dépend des options, à partir de 165 000 euros.
Fractionner sans sursolliciter
Trioliet propose plusieurs solutions, avec en point commun un wagonnet roulant au sol ou suspendu, à batterie ou alimenté sur rails. « L’objectif est de s’adapter à la configuration des bâtiments, avance Nicolas Morin de Trioliet. En caprin le modèle le plus courant est le T40, qui comprend des stockeurs horizontaux. L’intérêt du robot est aussi de fractionner la distribution, sans sursolliciter les chèvres. Il distribue sur toute la longueur de l’auge avec régularité. Le bol comprend deux vis verticales et peut préparer des rations de 60 à 800 kg. » Ce modèle demande des couloirs moins larges car il peut distribuer de chaque côté sans faire demi-tour. Le budget peut aller de 120 000 à 400 000 euros en fonction du nombre de stockeurs.
Biblio
La ration mélangée en élevage caprin
Ce guide édité par l’institut de l’élevage a pour vocation de faire la synthèse des suivis réalisés en élevage, des expériences des éleveurs et de l’expertise de leurs conseillers. Il s’adresse à la fois aux éleveurs qui se posent des questions sur l’opportunité de mettre en place une ration mélangée, ainsi qu’à des éleveurs qui souhaitent perfectionner leurs pratiques.
Tester plusieurs solutions avant d’investir
Lors de l’achat d’un robot, il est recommandé de tester plusieurs modèles afin de vérifier si les conditions d’utilisation conviennent. Il faut aussi s’assurer que le mélange est satisfaisant (fibrosité, homogénéité) en effectuant plusieurs tamisages (début, milieu et fin de distribution). Cela permet de trouver la machine qui convient le mieux en lien avec la puissance nécessaire, le temps total de fabrication du mélange, la qualité du rendu et la régularité du cordon à l’auge. Le but est que chaque chèvre ait la même quantité d’un mélange identique face à elle. Cela permet aussi de vérifier si la machine passe dans tous les bâtiments et si le chargement peut se faire avec le matériel existant sur l’exploitation.