Se regrouper pour réduire l’astreinte
Mille chèvres pour cinq travailleurs, c’est le ratio que s’étaient fixé les associés du Gaec Cap Avenir quand ils ont regroupé les deux fermes. Le travail en est complètement changé.
L’Aveyron a depuis peu son premier bâtiment de mille chèvres. Le Gaec Cap Avenir s’est formé en 2015 par le regroupement de deux exploitations caprines. Si les deux familles, habituées à travailler ensemble (Cuma, groupement d’employeur), y avaient songé, c’est un incident dramatique qui aura précipité la décision. En septembre 2014, un mois avant les mises bas, la chèvrerie de Marie-Claire et Gilles Aussibal (570 chèvres) est ravagée par un incendie. En fin de carrière, avec une succession incertaine, ils ne se voyaient pas réinvestir seuls. De leur côté, Guilaine Clergue et Frédéric Carrière, avec leurs 350 chèvres, aspiraient à une organisation plus collective du travail pour passer plus de temps avec leurs quatre enfants. « Un mois après l’incendie, nous avons séjourné une semaine en Vendée et Deux-Sèvres pour visiter des élevages, expliquent les deux familles. Nous avons vu des éleveurs sereins, organisés sur la base de cinq travailleurs pour mille chèvres. Cela nous a conforté dans notre projet. Aujourd’hui, nous y sommes. Ça se passe très bien. » Marie-Claire et Gilles Aussibal ont reconstitué leur troupeau en achetant 600 chevrettes à la coopérative des chevriers du Rouergue. Le nouveau bâtiment (850 000 euros) a été construit en deux étapes (2015 et 2016) et les deux troupeaux ont été réunis à l’automne dernier. Le Gaec est constitué de trois associés (Marie-Claire, Guilaine et Frédéric) et Gilles est salarié. L’exploitation emploie également à plein temps un salarié du groupement d’employeurs, créé quinze ans plus tôt.
Un automate repousse les fourrages et distribue le concentré
La principale contrainte réside dans le fait que les chevrettes sont élevées dans l’ancien bâtiment de Guilaine et Frédéric, à quatre kilomètres du site principal. « Il faut dispatcher les personnes entre les deux bâtiments de façon rationnelle selon les périodes. » De plus, le site des chevrettes est équipé d’une installation de séchage en grange. Le foin distribué aux chèvres est ramené en vrac avec des bennes. Dans le nouveau bâtiment, tout a été pensé pour simplifier le travail et réduire l’astreinte. Notamment au niveau de l’alimentation. Une désileuse automotrice en Cuma distribue l’ensilage de maïs et l’enrubannage. Le foin de luzerne et ray-grass est apporté deux fois par jour avec une distributrice-pailleuse. Et enfin, un automate au sol repousse les fourrages et distribue le concentré quatre fois par jour. Les chèvres sont conduites en quatre lots selon leur niveau de production. Un quart va être mené en lactation longue. L’objectif est de produire un million de litres de lait.
Le bâtiment est équipé d’une salle de traite rotative de 62 places qui améliore le confort : « Au bout des deux heures de traite, on n’a pas l’impression de fatigue », affirme Frédéric Carrière. De plus, l’aire d’attente est sur caillebotis, ce qui évite de balayer après la traite, et elle est équipée d’un chien électrique. Confort enfin à l’intérieur du bâtiment : murs, portails et toitures sont isolés et la ventilation dynamique maintient une ambiance saine tout au long de l’année.
De nombreux services complets en Cuma
Les deux familles sont depuis toujours fortement impliquées dans le mouvement Cuma. Le Gaec Cap Avenir est adhérent de huit coopératives et ne possède quasiment aucun matériel en propre. Il utilise de nombreux services complets (distribution, ensilage et enrubannage, épandage de lisier et de chaux, semis direct, pulvérisation et moisson). Il peut faire appel ponctuellement aux salariés d’une Cuma.
Si l’objectif du regroupement était de libérer du temps, les associés n’ont pas encore eu le temps de penser son organisation. Mais, cela ne saurait tarder. Ils prévoient un week-end sur deux par famille, hors période de mise bas, et au moins deux périodes de congés. Sans compter les journées pour les réunions et autres sollicitations. « S’il manque une personne, le travail continue à se faire normalement. Ça libère la tête », apprécient les éleveurs.
Portes ouvertes le 7 avril
Une journée portes ouvertes aura lieu au Gaec Cap Avenir le 7 avril prochain pour « montrer qu’on peut vivre différemment notre métier, notamment par rapport à l’astreinte », explique Jean-Paul Fayret, président de la coopérative des chevriers du Rouergue, organisatrice de la journée. Forte de 145 adhérents (les trois quarts des élevages aveyronnais), elle collecte 25 000 chevreaux, dont 20 000 qu’elle fait engraisser dans six ateliers spécialisés. Les autres sont engraissés par des naisseurs. Elle commercialise également 2 500 reproducteurs et 4 000 chèvres de réforme. Elle passe enfin des appels d’offres pour de l’achat groupé de lait en poudre (300 tonnes par an).