Réussir vos prélèvements pour les coproscopies des chèvres et chevrettes
Connaître la pression parasitaire sur son troupeau, prendre la décision ou non de traiter ses animaux, vérifier l’efficacité d’un traitement… les avantages de la coproscopie sont nombreux. Attention toutefois à bien réaliser les prélèvements pour une bonne interprétation des résultats.
Connaître la pression parasitaire sur son troupeau, prendre la décision ou non de traiter ses animaux, vérifier l’efficacité d’un traitement… les avantages de la coproscopie sont nombreux. Attention toutefois à bien réaliser les prélèvements pour une bonne interprétation des résultats.
« La coproscopie est un moyen pour traiter moins, a rappelé Laurence Sagot, responsable de projets en production ovine à l'Institut de l'élevage, lors d’un webinaire organisé par Inn’Ovin intitulé “Savoir lire les résultats d’une coproscopie”. Tout résultat d’analyse est associé à une interprétation, il faut tenir compte de nombreux critères pour décider d’utiliser un traitement ou non, et si oui, lequel. »
Quel est l’intérêt de la coproscopie ?
Laurent Saboureau, vétérinaire, a rappelé que l’analyse coproscopique est une méthode de diagnostic de la présence des parasites internes de l’animal par visualisation et comptage des œufs et larves excrétés dans les selles. « Simple, rapide et peu coûteuse, elle mesure l’excrétion, c’est-à-dire qu’elle reflète la présence de parasites, mais pas systématiquement leur nombre ni leur effet sur l’animal, a-t-il précisé. Tous les parasites ne sont pas tous aussi pathogènes, et cela dépend aussi de l’animal et de sa résilience. »
Une coproscopie peut mettre en évidence les parasites qui ont une excrétion d’œufs ou de larves dans les fèces : les vers ronds (nématodes, c’est-à-dire strongles gastro intestinaux et pulmonaires), les vers plats (petite douve, grande douve, ténia..) et les ookystes de coccidies et cryptosporidies.
Réaliser des coproscopies régulièrement dans l’année fournit une vision du parasitisme auquel est confronté l’élevage. Cela permet de décider d’une intervention ou non (allopathie, alternative, pas de traitement) et de choisir l’antiparasitaire adapté. Ce diagnostic est aussi un moyen de vérifier l’efficacité d’un traitement ou l’existence de résistances.
À quels moments réaliser une coproscopie ?
« En complément de coproscopies trimestrielles qui donnent une vision globale du troupeau, on peut réaliser une coproscopie à toutes les périodes clés de l’élevage, a expliqué Laurent Saboureau. Avant la mise à la reproduction par exemple, d’autant que certains produits ne sont pas utilisables en début de gestation. Ou encore un mois et demi à deux mois avant la mise-bas pour vérifier la nécessité de traiter ou non. Si c’est le cas, il faudra le faire avant le dernier mois de gestation, quand la chèvre a besoin de tout son potentiel de valorisation alimentaire pour accompagner la croissance du fœtus et préparer la production de colostrum. À la rentrée en bâtiment pour savoir si les animaux rentrent avec du parasitisme et l’éliminer pour que l’hiver se passe le mieux possible. » Et bien sûr à tout moment où on suspecte du parasitisme. Si l’éleveur se pose la question de traiter, l’analyse éclaire la prise de décision et le choix du produit le plus adapté.
Pour les chevreaux qui sont très rapidement potentiellement contaminés par les coccidies, c’est intéressant de faire une coproscopie environ un mois après la mise-bas, le temps de retrouver des œufs ou larves ookystes dans les fèces.
Comment prélever les fèces ?
La qualité de l’analyse dépend de la qualité des prélèvements et des commémoratifs, du choix de l’analyse et de l’interprétation des résultats. Pour les prélèvements, quatre ou cinq animaux par lot sont suffisants, quelle que soit la taille du lot, si la prévalence est supérieure à 50 %. Il faut essayer de prélever des selles d’animaux avec ou sans symptômes, dans différents états corporels, directement dans le rectum ou fraîchement émis, avec des gants. Même si l’on souhaite une analyse de mélange, il faut conserver chaque prélèvement individuellement. C’est le laboratoire qui fera le mélange. La quantité prélevée doit être suffisante, 20 grammes environ, « la taille d’une boîte d’allumettes », a indiqué Laurent Saboureau en repère.
Le commémoratif est à joindre absolument au prélèvement. Les informations qui y sont indiquées par l’éleveur sont indispensables pour le laboratoire dans le choix de l’analyse et son interprétation. Il faut y indiquer ses coordonnées, l’examen souhaité (si l’on sait lequel), la date de prélèvement, le type d’animal prélevé, les signes observés, préciser le parasite suspecté et le dernier traitement réalisé ainsi que sa date.
Comment interpréter les résultats ?
« Il est important de faire le lien entre l’état de santé des animaux et le résultat des analyses », a souligné Laurent Saboureau. Le résultat n’est qu’un chiffre, influencé par la nature et la qualité du prélèvement, il donne l’image de l’excrétion moyenne d’un lot ou d’un animal à un instant précis. L’état des animaux, leur stade physiologique, les symptômes (ou non) des chèvres et chevreaux, les conditions climatiques, les traitements antérieurs orientent l’interprétation et influencent la décision.