Pays-Bas
Repos, régularité et propreté chez deux éleveurs
La philosophie néerlandaise des 3R incite à élever les enfants dans la paix, la régularité et la propreté. L’élevage caprin peut aussi suivre ce principe. Exemple chez deux producteurs enthousiastes et performants.
Pour élever leurs 485 chèvres, Jan-Harm et Trinette Guichelaar ont suivi le vieux principe hollandais d’éducation 3R : rust, reinheid en regelmaat, c’est-à-dire repos, régularité et propreté. L’ordre et la propreté règnent dans leur ferme d’Elim, dans le nord-est des Pays-Bas. La pelouse est fraîchement tondue et rien ne traîne dans la cour ou dans les bâtiments. Le couloir d’alimentation a été balayé et même l’atelier de réparation a l’air organisé et rangé. Cela en dit long sur leur façon de travailler…
Jan-Harm a repris la ferme laitière de ses parents puis essayé l’élevage caprin en 2000 mais il a vite arrêté faute de débouché pour le lait. Une activité reprise en 2007 quand la demande en lait de chèvre est revenue. « La banque n’était pas spontanément très enthousiaste, mais nous avons présenté un prévisionnel argumenté et bien calculé, explique Jan-Harn. Notre conseiller caprin de l’époque estimait que l’on pourrait facilement atteindre 1 000 litres par chèvre et par an. La banque a accepté et en 2008, nous avons construit la chèvrerie. La première année, nous étions à 1 250 litres ! »
Ensilage d’herbe et concentrés
Ce bon niveau de production s’est maintenu grâce à une bonne génétique de départ. L’an dernier, les chèvres sont passées de 1 360 à 1 450 kilos en moyenne, avec 4,09 % de matières grasses et 3,65 % de protéines. Modestement, Jan-Harn explique « notre seul mérite est d’acheter trois bons boucs chaque année ». Pourtant, ils ne sont pas au contrôle laitier et sélectionnent les chèvres à l’instinct.
Les bonnes performances laitières du troupeau sont également liées à une alimentation de qualité. Les chèvres reçoivent une ration à base d’ensilage d’herbe cultivée sur la ferme et de concentrés. « C’est toujours un vrai défi de déterminer le bon moment pour faucher l’herbe, reconnaît l’éleveur. Nous sommes sur un sol tourbeux de polder qui est parfois trop humide pour être praticable en tracteur. Mais l’herbe ne doit pas être trop vieille non plus pour ne pas qu’elle soit trop fibreuse ». En mai dernier, la famille Guichelaar a reçu un prix du fabricant d’aliments ForFarmers pour récompenser, non seulement leur niveau de production toujours élevé, mais aussi l’augmentation des taux protéiques et butyreux.
Les tâches sont bien réparties dans la famille. Trinette s’occupe des 125 chevrettes élevées chaque année à l’aide d’une louve. Jan-Harn, lui, nourrit et trait le troupeau quotidiennement, ce qui l’occupe huit bonnes heures par jour. Ils ne font appel à des salariés extérieurs uniquement pour prendre des vacances. L’éleveur n’a clairement pas peur de travailler dur. Il n’y a, par exemple, la dépose automatique des manchons que d’un seul côté de la machine à traire. « Je ne veux pas installer un système de dépose automatique partout car, sinon, je serais obligé de m’asseoir sur les marches pendant la traite… »
Chaque chose à sa place
Un bâtiment lumineux pour retrouver le sourire
L’enthousiasme se ressent de nouveau dans l’élevage de Kurt et Liesje Tilburgs. Ils ont imaginé leur nouveau bâtiment d’élevage pour 1 200 chèvres en privilégiant le confort d’utilisation. Par exemple, des dômes translucides sont installés au-dessus de l’aire paillée ainsi qu’au-dessus de la salle de traite pour apporter de la luminosité. De même, le retour de la salle de traite vers les aires paillées est large de 2,5 m environ pour éviter les retards. Deux larges abreuvoirs ont été installés dans ce couloir et les chèvres l’utilisent beaucoup. Les silos d’alimentation ne sont pas directement derrière la chèvrerie de 2 730 m², de sorte qu’à l’avenir, il puisse facilement les agrandir si besoin.
Il faut dire que Kurt et Liesje ont eu le temps de penser à leur nouveau bâtiment. De 2013 à 2017, pendant quatre ans et deux semaines - ils connaissent précisément la durée – ils ont ruminé contre leur chèvrerie de 450 places en location. « Au bout d’un mois de traite, je voulais déjà être ailleurs, se souvient Kurt. Les chèvres étaient malades et il m’est arrivé de ramasser dix cadavres le matin et trois le soir… »
Un bâtiment autoconstruit avec l’aide de ses proches
Malgré les pertes d’animaux, ils ont persévéré pour s’installer dans un élevage à eux. Par deux fois, ils avaient trouvé un emplacement et acheté des chèvres mais la banque a refusé leur dossier, les obligeant à annuler leur achat ou à revendre les chèvres au dernier moment. Liesje a insisté dans d’autres banques et le prêt a finalement été accordé.
La construction de la chèvrerie démarre en février 2017. C’est Kurt qui a fait les plans et l’a construite avec l’aide de sa famille et d’amis pour limiter les frais. La nouvelle chèvrerie, située à 500 mètres de la maison, est isolée, équipée de filet brise-vent piloté électroniquement et dotée de trois dômes zénithaux.
Bientôt trois traites par jour pour salarier un ouvrier
Les nouvelles chèvres, sans Caev ni abcès caséeux cette fois, reçoivent une ration mélangée contenant de l’ensilage de maïs, de l’ensilage d’herbe (ray-grass italien et trèfle d’Alexandrie) et de la pulpe de betterave. Les chèvres pleines reçoivent en plus du foin à volonté. « La main-d’œuvre est limitée et je ne voulais pas d’une ration différente pour chaque lot », explique Lieje. Ainsi, leur précieux conseiller en alimentation, Pieter Schoenmakers, a-t-il préparé un mélange de base pour toutes les chèvres. En plus de cette ration distribuée quotidiennement à la mélangeuse, un robot repousse les fourrages quinze fois par jour, ce qui fait venir les chèvres à chaque fois. Le robot roulant apporte aussi deux types de concentrés, distribués à chaque lot en fonction de leur production laitière. Sur les quatre lots, trois sont réservés aux 850 chèvres et un aux chevrettes.
À l’avenir, Kurt prévoit de traire trois fois par jour pour fournir 1,5 million de litres à Capra. « Un mois après les mises bas, les primipares donnent 3,2 litres par jour en moyenne. Je pense que c’est meilleur pour les mamelles de traire plus souvent, explique l’éleveur qui espère gagner 10 % de lait en plus. Avec ce lait supplémentaire, je pourrais reprendre un ouvrier et ainsi avoir de nouveau une vie sociale en soirée. Mon oncle, qui gère 10 000 vaches aux États-Unis, m’a toujours dit qu’il n’y avait qu’une seule chose qui rapporte de l’argent : la traite. J’ai l’intention de l’écouter… "
Dico
Rust, reinheid en regelmaat
Repos, régularité et propreté sont les piliers de l’éducation néerlandaise. Un sommeil suffisant est nécessaire pour que les enfants grandissent, assimilent ce qu’ils ont appris pendant la journée et acquièrent de l’énergie pour le lendemain. Les enfants ont aussi besoin de savoir où ils se situent avec des horaires fixes de lever, de repas ou de coucher. Un environnement propre et bien ordonné permet aussi à l’enfant de savoir où trouver et remettre ses jouets.