Plus de fromages avec le même nombre de chèvres grâce au progrès génétique
En Saône-et-Loire, Isabelle et Baptiste Dubrion font progresser leur troupeau pour améliorer le rendement fromager et la morphologie de leurs 36 chèvres. Démontrant que le schéma génétique s’adapte à toutes les tailles de troupeaux.
À la ferme des Ligerots à Ciry-le-Noble (71), Isabelle et Baptiste Dubrion élèvent 36 Alpines et 60 Charolaises sur 110 hectares. Installés en Gaec depuis 2013, ils ont acheté leurs premières chevrettes au sein de troupeaux adhérents Capgènes, eux-mêmes fromagers. « Nous transformons 30 000 litres de lait en système pâturant. Notre objectif est d’avoir un bon potentiel génétique pour maximiser l’utilisation des ressources fourragères et produire le lait avec l’herbe », explique le jeune couple. Les 36 alpines du troupeau produisent en moyenne 800 litres de lait par lactation, avec un TP de 32,8 et un TB de 37,3. Au pic de lactation, elles reçoivent 800 g de concentré (maïs, pulpe de betterave, tourteau de colza et drèche de blé) par jour.
29 points d’IPC gagnés en quatre ans
« Je suis passionnée de sélection et de génétique, affirme Isabelle. Nous avons tout de suite adhéré au contrôle laitier et eu une rigueur dans le suivi des filiations. En 2019, nous avons adhéré à CapGènes pour aller plus loin et avoir accès aux meilleures doses d’IA. Et les résultats sont visibles, sur la production, les taux, la morphologie. Sur les 16 dernières chevrettes pointées, 10 ont une très bonne mamelle. J’ai été très étonnée d’atteindre un ICC moyen de 2,2 en trois ans seulement ! Nous avons un premier accouplement programmé prévu cette année, cela fait plaisir. » L’IPC moyen du troupeau est ainsi passé de 85 en 2015 à 114 en 2019. « La progression importante de la qualité du lait sur les trois premières années s’est traduite en progrès sur le rendement fromager. C’est motivant ! »
Isabelle cherche en priorité à progresser sur le lait, les taux, les cellules, les mamelles et la persistance laitière, critère intéressant en transformation fermière. Elle choisit les chèvres inséminées par rapport aux index CapGènes, mais aussi à son ressenti. « Je regarde les taux en priorité, et de plus en plus la morphologie. J’aimerais qu’il existe des critères de sélection sur la résistance au parasitisme. En attendant, j’observe mes chèvres, celles qui restent en état, sans traitement et qui produisent 800 litres de lait sont les meilleures de mon point de vue. »
Investissement rentabilisé
« Économiquement, nous nous y retrouvons, entre l’amélioration des rendements fromagers et la vente de reproducteurs, principalement des mâles. C’est un investissement indispensable. Certains achètent un tracteur, moi j’adhère à CapGènes », ajoute la jeune femme.
« Quand on veut progresser, il faut aller jusqu’au bout de la démarche : contrôle de performance, pointage, IA et suivi des filiations. Cela demande de la rigueur et il faut tenir ses objectifs de sélection dans le temps. »
IA sur chaleurs naturelles
Isabelle Dubrion réalise les inséminations sur chaleurs naturelles. Des boucs avec tablier détectent les chaleurs. « Nous avons la chance d’être plusieurs éleveurs dans un périmètre réduit, ce qui permet de faire venir l’inséminateur pour plusieurs exploitations, apprécie-t-elle. Avec l’expérience, on se rend compte qu’il y a rarement une seule chèvre en chaleur sur une journée. » Afin de garantir les filiations, les saillies naturelles sont réalisées en monte en main et l’éleveuse est présente à la mise bas.