L’insémination, un outil au service de la génétique en caprins
Entre saillies naturelles et insémination, chaque éleveur fait les choix qui lui conviennent. L’important est d’être cohérent avec ses objectifs : progrès génétique, vente de reproducteurs, organisation du travail, sanitaire…
Entre saillies naturelles et insémination, chaque éleveur fait les choix qui lui conviennent. L’important est d’être cohérent avec ses objectifs : progrès génétique, vente de reproducteurs, organisation du travail, sanitaire…
« L’insémination artificielle est un mode de reproduction et chaque éleveur doit faire ses choix en fonction de ses objectifs, explique Lynda Jourdain, responsable marché ovins-caprins chez Innoval. Les motivations les plus fréquentes sont de faire progresser le troupeau en assurant tout au partie du renouvellement, maximiser les filiations et produire des boucs de qualité. » On peut aussi utilisier l’IA pour des raisons sanitaires, afin de ne pas introduire d’animaux de l’extérieur. L’organisation du travail avec des mises bas groupées peut aussi être une raison invoquée, permettant ainsi d’élever des chevrettes d’âge homogène et de bien piloter leur ration. Enfin, la vente de reproducteurs permet d’améliorer le produit par chèvre.
« Notre rôle à nous, coopératives d’insémination, est de mettre en œuvre une reproduction qui va fonctionner. Les éleveurs chez lesquels nous intervenons investissent dans la génétique et cet investissement doit être valorisé. Nous devons donc nous assurer d’une fertilité maximum à l’IA et que les futurs chevrettes et boucs seront de qualité. Pour cela, nous avons un outil unique et commun avec le conseil en élevage et CapGènes pour déterminer les meilleurs accouplements. Et côté élevage, il faut des animaux en bonne santé, aptes à la reproduction et un bon élevage des jeunes. C’est indispensable pour garantir la fertilité à l’IA. Enfin, l’IA n’est pas le seul mode de reproduction. Elle se raisonne avec les saillies naturelles et l’utilisation éventuelle de semences fraîches. »
Fertilité moyenne de 60 à 65 %
Les entreprises de mise en place travaillent en étroite relation avec le conseil en élevage. En amont des inséminations, elles ciblent les chèvres qui ne présentent pas de problèmes de reproduction, en articulant avec la conduite d’élevage pour ne pas déstructurer une organisation ou des lots existants pour des raisons techniques (ordre de passage à la traite…). Elles effectuent un tri physiologique et technique. « Ainsi, si un éleveur veut réaliser 80 inséminations, c’est intéressant de présélectionner 100 chèvres pour optimiser le résultat », précise Lynda Jourdain.
La fertilité moyenne en monte naturelle est d’environ 85 à 90 %, en insémination en semence fraîche, de 80 % et en semence congelée, de 60 à 65 %.
« Si l’objectif de l’éleveur est d’assurer le renouvellement issu d’IA, c’est possible à partir de 40 % de chèvres inséminées, avec une fertilité correcte. Mais cela dépend aussi de la conduite du troupeau, prévient Lynda Jourdain. Avec le développement des lactations longues, le calcul est différent. »
Plusieurs raisonnements sont possibles. « Si on veut progresser génétiquement et vendre des reproducteurs, cela vaut le coût d’avoir tout le renouvellement issu d’IA. Si on ne veut pas introduire d’animaux de l’extérieur pour raison sanitaire, on raisonne alors en fonction du taux de fertilité, du sex-ratio et du nombre de boucs nécessaire. Pour des éleveurs au contrôle laitier simplifié ou sans contrôle laitier, l’IA peut permettre d’apporter une meilleure génétique, tout en sécurisant les aspects sanitaires et l’organisation du travail en groupant les mises bas par exemple. Mais sans index, le choix des animaux se fait uniquement sur les performances de production, voire "à l’œil". Cest moins efficace en termes de progrès génétique et c’est aussi plus difficile de garantir une bonne fertilité. »
Assurer un renouvellement de qualité
Si la progression est importante et rapide par la voie mâle, l'inverse est aussi vrai. Attention donc à la qualité des boucs utilisés en saillies naturelles, même si le risque est moins important avec les boucs issus d’IA. On peut très rapidement régresser : un bouc produit 30 à 40 filles par an, qui elles-mêmes font plusieurs lactations, et ont des filles. Avec un bouc de qualité génétique faible, l’impact peut être important et sur le long terme.
Le choix du bouc est important, et particulièrement sur les petits troupeaux.
« Côté freins à l’insémination, de nombreux éleveurs voient l’IA comme une charge et non comme un investissement, avance Lynda Jourdain. L’organisation des chantiers d’IA peut aussi être vue comme une contrainte. Différents protocoles existent pour préparer les chèvres à la reproduction, y compris en bio, cela se discute avec son conseiller reproduction et se prépare plusieurs mois à l’avance. L’éleveur doit faire un choix en fonction de ses objectifs et de l’investissement qu’il est prêt à faire », conclut-elle.