Limiter l’antibiothérapie chez les jeunes
Pour réduire les risques sanitaires et l’apparition de bactéries résistantes, il est important de ne pas toujours traiter par la voie antibiotique et de favoriser la prévention dans la conduite d’élevage.
Les bactéries acquièrent une résistante naturelle ou acquise par mutation. Les bactéries résistance sont sélectionnées sous la pression des antibiotiques et les bactéries peuvent se transmettre les gènes de résistance en particulier via des plasmides. Il est donc important de restreindre l’utilisation de l’ensemble des antibiotiques afin de ne pas voir apparaître des bactéries multirésistantes où plus aucun traitement n’est efficace. Il faut donc, en élevage, utiliser les antibiotiques de manière raisonnée. Pour cela, il faut notamment proscrire l’usage préventif, cibler les traitements, limiter l’usage de tous les antibiotiques et éviter les pratiques à risques (sous ou sur dosage, traitement trop court ou trop long, etc.).
Plus de prévention et moins de prescriptions
Avant de donner des antibiotiques, il convient donc de le faire suite à un diagnostic et de respecter les prescriptions que ce soit sur les dosages ou le temps et la manière de les administrer. Dans la conduite du prétroupeau, il est donc important de faire plus de prévention et moins de prescriptions. Il existe en effet des leviers d’action pour limiter les facteurs de risques. Ces leviers se situent à plusieurs échelles que ce soit au niveau de l’individu (facteur génétique, individuel et immunité acquise) ou que ce soit dans les conditions d’élevage (alimentation, environnement, facteurs de stress).
Une bonne alimentation pour de meilleures défenses
Pour renforcer les défenses de l’animal, il existe donc des actions non spécifiques à mettre en place. Il faut favoriser la vigueur à la naissance notamment en préparant bien les mères (suivi de note d’état corporel, alimentation…), bien gérer le tarissement et favoriser les chèvres avec de bonnes qualités maternelles.
Il faut aussi veiller à une bonne alimentation des chevreaux dès la naissance en donnant du colostrum de qualité en quantité suffisante, leur apprendre à téter et en leur donnant une alimentation de qualité. Il est aussi important de veiller au bien-être des animaux en les séchant correctement après la naissance, en prenant soin du nombril après la mise bas mais aussi en diminuant leur exposition au stress en les mettant sur des litières sèches dans une ambiance adaptée (condition de chaleur, d’hygrométrie…) Il existe aussi des actions spécifiques pour renforcer les défenses de l’animal en pratiquant la vaccination des mères vis-à-vis de la pasteurellose, de l’entérotoxémie et du tétanos par exemple. Dans certains cas, il peut aussi être utile d’apporter des complémentations en vitamines (B et E) et en sélénium s’il y a des carences. Il faut orienter ces actions en fonction de la connaissance du troupeau.
Garder les chevreaux dans un environnement protégé
Pour limiter les infections et donc les traitements antibiotiques, il est aussi possible de maîtriser le microbisme notamment en faisant attention aux conditions d’hygiène lors des mises bas et en désinfectant les voies d’entrée des bactéries (oreilles, nombril…). Il faut aussi veiller à garder les chevreaux dans un environnement protégé en les mettant dans un bâtiment spécifique muni d’un pédiluve, en faisant un vide sanitaire régulièrement et en allotant les chevreaux par tranche d’âge. Il existe des seuils d’alerte de mortalité auxquels il faut rester vigilant afin de savoir quand faire intervenir un professionnel (voir chiffres clés). Si ces seuils sont atteints, on peut faire analyser les fèces ou faire des bilans sanguins. Ces analyses peuvent conduire à prendre des mesures sanitaires et médicales d’urgences et donc à des prescriptions. Cependant, si ces seuils ont été atteints, il est aussi important d’auditer l’élevage afin de rechercher les facteurs de risques pour faire de la prévention.