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Les strongles digestifs résistent aux tanins chez les caprins

Chicorée, plantain et sainfoin ont de nombreux atouts, mais ils n’ont pas d’effet antiparasitaire sur les strongles digestifs. Ce sont les résultats des essais conduits en sites expérimentaux associés à des suivis en élevage dans le cadre du projet Casdar Fastoche.

La gestion du parasitisme en élevage est un enjeu sanitaire majeur. Des résistances importantes à plusieurs familles d’antiparasitaires ont des conséquences sanitaires, techniques et économiques. Des travaux multipartenariaux sur des sites expérimentaux et des élevages ont été conduits dans le cadre du projet Casdar Fastoche *, commencé en 2019. L’objectif était de trouver des alternatives aux traitements chimiques pour les élevages pâturants et de démontrer d’éventuelles répercussions de la consommation de plantes bioactives (voir encadré ci-contre) sur le parasitisme interne des petits ruminants.

Quatorze structures partenaires, trois filières (caprin, ovins lait et viande) et une centaine d’éleveurs ont participé au projet comprenant dix-sept expériences zootechniques et quatre plateformes agronomiques. Trois plantes riches en métabolites secondaires bioactifs ont été plus spécifiquement étudiées. Si la chicorée, le plantain et le sainfoin se présentaient comme des alternatives aux traitements antiparasitaires classiques, ces études ont montré qu’il n’en est rien.

Autres solutions aux traitements

« Les phénomènes de résistances aux anthelminthiques s’étendent, la situation est très préoccupante, a alerté Hervé Hoste, chercheur à l’Inrae, lors de la réunion de fin de projet. Les plantes riches en métabolites secondaires, dont les tanins, ne sont pas destinées à remplacer les antiparasitaires, mais peuvent être des alternatives pour temporiser avant traitement. Si on gagne quelques mois en matière de dynamique d’infestation avec un seul traitement plutôt que trois, on réduit le développement et la diffusion des résistances. »

La fin du projet ne marque pas la fin des recherches sur la lutte contre le parasitisme. D’autres voies sont explorées pour limiter les ingestions parasitaires via les pratiques de pâturage. L’étude des résistances et la résilience des animaux à une infestation, notamment via la génétique, est un autre axe de travail. Enfin, troisième volet, l’élimination des parasites, entre analyses coprologiques, détection des résistances et traitements ciblés sélectifs (ne pas traiter tous les animaux pour avoir une population refuge non résistante).

Côté web

Retouvez le replay de la réunion de fin de projet Fastoche sur idele.fr

Le sainfoin, une alternative à la luzerne en sols calcaires

Légumineuse non météorisante, le sainfoin est implanté principalement sur sols calcaires au printemps, avec une pérennité de 2 à 3 ans. La dose de semis recommandée est de 40 à 50 kg/ha en décortiqué et 150 kg/ha en graine brute, avec un coût de la semence de 3 €/kg. Elle peut être associée avec d’autres espèces (luzerne, dactyle, fétuque, vesce), mais n’aime pas trop la compétition (éviter le trèfle violet). « Si le sainfoin est récolté traditionnellement en foin, il peut être pâturé en sortie d’hiver et en automne, a exposé Hugues Caillat de l’Inrae de Lusignan (Vienne). Il démarre un peu tardivement, mais plus rapidement que la luzerne. Il est sensible au piétinement du fait de son système racinaire à pivot, mais, en petit ruminant, nous n’avons pas observé ce phénomène. Nous avons fait des bonnes fauches au premier et deuxième cycle. »

Lors des essais conduits à l’Inrae de Lusignan et à la ferme expérimentale caprine du Pradel (Ardèche), deux variétés de sainfoin ont été semées en pure, Perly et Perdrix, avec un rendement de 4,5 à 6 t de MS/ha au cours de l’année suivant le semis.

« C’est une plante intéressante dans l’équilibre ration, qui peut être donnée seule. Le sainfoin en vert ne nécessite pas de complémentation pour produire 4 kg de lait. Elle est riche en énergie et en azote, avec 1,04 UFL et 97 g de PDI/kg MS au stade début bourgeonnement (tables Inra 2018). »

La teneur en tanins condensés est élevée, 48 g/kg de MS en moyenne (variabilité de 24 à 60 g). Malgré cela, « les essais ont montré que la réalisation de cures d’au moins deux semaines de pâturage sur des prairies de sainfoin, avec une quantité ingérée au pâturage maximisée, ne se substitue pas à un traitement anthelminthique », a conclu Claire Boyer, de l’Institut de l’élevage.

Le plantain, une plante appréciée par les chèvres

Le plantain s'enracine dans tous les types de sols. Sa pérennité est de l’ordre de 3 à 4 ans. Cette plante d’association peut s’allier avec des graminées (ray-grass anglais, dactyle, fétuque). Le plantain est alors semé entre 2 et 3 kg/ha dans un mélange de 22 à 25 kg/ha. À l’exception de zones à l’évidence peu adaptées à sa culture (sud-est de la France), le rendement du plantain semé en pure oscille entre 6 et 11 t MS/ha.

L’association avec de la chicorée a majoré son rendement annuel d’une à trois tonnes de matière sèche par hectare au Ciirpo, sur le site expérimental du Mourier (Haute-Vienne). Si le plantain est essentiellement valorisé sous forme de pâturage, la récolte reste possible avec les mêmes précautions qu’une prairie riche en légumineuses pour récolter les feuilles. Le piétinement ne semble pas nuire à sa pérennité. À l’Inrae de Lusignan, les chèvres ont apprécié le plantain au stade floraison, a rapporté Hugues Caillat.

La chicorée, une plante de pâture

La chicorée s’implante sur tous les types de sol (pH de 5,5 à 7). Toutefois, elle supporte mal l’humidité. Il est ainsi préférable de l’implanter sur des parcelles qui se ressuient facilement. Par ailleurs, elle résiste bien au stress hydrique. Sa pérennité est de l’ordre de trois ans. La chicorée est surtout semée en mélange avec des graminées (ray-grass anglais, dactyle, fétuques), des trèfles ou du plantain.

Par exemple, l’association avec du trèfle blanc a majoré le rendement annuel de la prairie de plus d’une tonne sur deux des trois sites expérimentaux. La dose de semis en mélange est alors de 2 à 4 kg par hectare au maximum. Sa culture en pure autorise des rendements compris entre 5 et 8 tonnes de matière sèche par hectare. La récolte de la chicorée n’est envisageable qu’en ensilage et le pâturage est à privilégier. Elle est appétente, mais monte vite et reste peu souple d’exploitation. La chicorée s’utilise exclusivement en pâturage tournant, avec retour sur la parcelle toutes les trois semaines pour éviter la montée en tige.

Le saviez-vous ?

« Un alicament est un aliment présentant des effets positifs pour la nutrition et la santé des animaux, a exposé Hervé Hoste, chercheur à l’Inrae. La bioactivité dépend de la présence de métabolites secondaires des plantes (MSP). Pour avoir un effet sanitaire, l’alicament doit être consommé au-delà d’un seuil de MSP dans la ration et pendant plusieurs jours, au minimum 15 jours. À la différence des anthelminthiques, la plante n’est pas imposée mais proposée aux animaux, et ses effets antiparasitaires dépendent de l’ingestion et de l’appétence de la ressource. Leur action peut être sur les vers adultes, l’infestation par les larves ou le développement des œufs. À l’inverse des anthelminthiques qui visent à tuer les vers, il s’agit d’une modulation du cycle biologique des vers et du ralentissement de la dynamique d’infestation. »

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