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Les premiers pas avec son chien de troupeau

Le chien de troupeau peut apporter une aide précieuse pour manipuler et surveiller les animaux mais dresser son chien, cela s’apprend. Conseils pour bien démarrer avec le meilleur ami du berger.

« Travailler avec un chien apporte vraiment un confort au quotidien. C’est plus sûr et plus pratique, témoigne François Oudot, éleveur caprin dans la Creuse. Mes chèvres connaissent les parcours et les chemins à prendre mais comme elles sortent deux fois par jour, il arrive fréquemment qu’elles se dispersent et à ce moment-là, le chien est très utile ». L’éleveur creusois éduque son quatrième chien et ne pense pas pouvoir se passer de cet auxiliaire de travail très efficace. Mais avant qu'il soit parfaitement opérationnel, il faut bien accueillir l’animal et former le binôme chien-éleveur.

Une harmonie entre chien, éleveur et troupeau

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1 - Le chiot doit se sentir chez lui

Lors de son arrivée sur l’exploitation, le chiot aura au moins huit semaines, âge minimum légal pour la vente de chiens. Il faut donc lui préparer un environnement accueillant, loin des sources de stress ou d’excitation et le mettre dès son plus jeune âge en condition de chien de travail. Pour cela, le maître doit lui donner un nom dont il se servira à chaque fois pour l’appeler. Ce nom doit être facile à prononcer, soit pas plus de deux syllabes, et ne doit pas ressembler à un ordre. Afin d’assurer un environnement qui va conditionner le chien au travail, l’éleveur aura soin d’expliquer à son entourage le rôle du chien et en particulier aux enfants. « Il y a une relation de dépendance qui doit être instaurée dès le début entre l’éleveur et le chien, explique Sébastien de Montmollin, formateur agréé « chien de troupeau » par l’Institut de l’Élevage. C’est le premier qui décide de chaque activité du second, que ce soit pour le travail, les repas ou le jeu ». L’éleveur doit prévoir un chenil qui constituera l'espace de repos du chien, le lieu de ses repas à l’écart des sources de stress et d’excitation, telles que le troupeau ou les voies de circulation. Il faut qu’il puisse se reposer pour être le plus efficace possible lors des temps de travail. « On voit des échecs au dressage lorsque cette pratique n’est pas respectée, note le formateur. Certains éleveurs vont faire de l’anthropomorphisme et c’est une vraie erreur. Ils vont avoir des scrupules à mettre leur chien au chenil et le laissent divaguer ou vont l’emmener à la maison ».

Le maître est LA référence du chiot

Outre le risque que le chien ait un accident (voiture, engins agricoles, animaux), qui coûte à l’éleveur émotionnellement et économiquement, un chien en liberté va prendre ses aises et ne se reposera pas aussi bien que s’il était dans un chenil fermé. Le chiot découvre petit à petit son environnement, toujours avec le maître qui va représenter tour à tour sa sécurité et son encadrement. Une fois la marche en laisse intégrée par le chien, l’éleveur peut commencer à l’emmener voir le troupeau, toujours tenu en laisse et à distance afin d’éviter tout accident ou traumatisme. « Il est important de ne pas brûler les étapes, même si le chiot semble vouloir aller aux animaux, il faut vraiment attendre qu’il gagne en force et en maturité. Il suffit qu’une bête lui tienne tête, l’affronte et le cogne pour le traumatiser pour un bon moment », avertit Sébastien de Montmollin. Ces visites auprès des animaux ont pour but de motiver le chien, d’activer chez lui la compétence naturelle d’attrait pour les mouvements de troupeau et d’activer son instinct de chasseur. Parallèlement, le maître apprend au chien les ordres de base tels que « non » et « oui » pour lui inculquer la notion de bien et de mal, ainsi que le rappel et l’arrêt.

2 - Bien choisir son compagnon de travail

L’éleveur qui souhaite acquérir un chien de travail peut se rapprocher de l’association des utilisateurs de chien de troupeau de son département. Celle-ci pourra l’orienter vers des élevages ayant des chiots disponibles, issus de parents qui travaillent sur troupeau et dont les qualités sont reconnues. « Il est primordial que les parents travaillent et le mieux est que ce soit avec l’espèce pour laquelle le chiot est destiné, conseille le formateur. Il ne faut pas hésiter à demander à voir au moins la mère travailler et si le vendeur refuse, il vaut mieux s’abstenir d’acheter là ». En effet, il faut s’assurer que la mère a un comportement bien équilibré, car la moindre tare de sa part peut potentiellement être transmise aux chiots in utero ou pendant les huit semaines avant le sevrage. Le mieux étant que les parents soient inscrits au Livre des origines français (LOF), ce qui garantit que l’origine est connue.

Observer le chiot et son comportement dans son environnement 

Il est également absolument nécessaire que l’acheteur se rende sur place, pour voir le chiot dans son environnement, observer son comportement au sein de la portée et pouvoir interagir avec lui. « Le chiot qui est curieux, sociable, sera plus facile à dresser que celui qui ne prête pas attention. Celui qui est peureux et qui reste en retrait aura du mal à s’imposer face aux chèvres, celui qui montre déjà un comportement agressif est plutôt à éviter et ainsi de suite », détaille Sébastien. Les critères physiques sur lesquels l’acheteur devra se montrer particulièrement vigilant sont les aplombs. Le chiot ne doit ni boiter ni avoir les pattes tordues. Il faut également s’assurer que ses deux mâchoires sont bien en face. Pour les mâles, il faut avoir la certitude que les testicules sont bien descendus, le chiot doit être identifié et avoir reçu la première injection de vaccin CHPPiL (maladie de Carré, hépatite de Rubarth, parvovirose, parainfluenza et leptospirose).

3 - La formation, essentielle pour le maître et son chien

Le réseau « chien de troupeau » animé par l’Institut de l’Élevage compte en France quinze formateurs agréés par l’Institut de l’Élevage en métropole et à la Réunion. Eux-mêmes éleveurs, ils forment environ 1 500 personnes par an à travers 400 jours de formation. Deux niveaux de formation existent. L’initiation au travail avec un chien s’adresse aux propriétaires d’un chiot de six mois minimum, le but étant de transmettre aux éleveurs une méthode validée et reconnue d’éducation et de dressage, qu’ils vont pouvoir mettre en application chez eux avec leur chien. Cette formation initiation se déroule sur quatre jours. Le dressage d’un chien de troupeau requiert du temps et son apprentissage va se faire progressivement ce qui explique que quatre à six semaines sont laissées entre chaque journée de formation. La première journée comporte une partie théorique qui permet aux éleveurs de comprendre le comportement du chien, son fonctionnement, savoir comment choisir le bon chien, etc. puis s’ensuit un atelier pratique d’éducation hors troupeau : l’éleveur doit être capable par exemple de faire marcher son chien en laisse, de le rappeler ou de lui demander de s’arrêter à tout moment. La suite de la formation est exclusivement pratique et organisée autour de mises en situation, sur un lot d’animaux pédagogiques, permettant dans un premier temps de travailler la motivation du chien au troupeau afin de développer son intérêt pour les animaux.

Travailler d'abord avec un filet qui contient le troupeau

Pour que chaque protagoniste évolue en toute sécurité, les animaux sont dans un premier temps contenus dans un filet, disposé en cercle, pour que le maître puisse en toute quiétude laisser le naturel de son chien s’exprimer, en restant à l’extérieur. Ces mises en situation lors de la formation doivent permettre aussi de travailler les ordres de base (rappel, pas bouger, stop…). L’éleveur doit être capable de maîtriser son chien à tout moment, même en présence d’animaux. Le cercle est aussi l’outil idéal pour apprendre au chien les directions (gauche et droite). Pour cela, l’éleveur travaillera d’abord avec un bâton, qui va être l’extension de son bras. Ensuite, il utilisera le bâton et la voix et enfin seulement la voix. Pour susciter chez le chien l’envie de travailler et s’assurer qu’il est prêt pour cette deuxième journée, le formateur « chien de troupeau » suggère de le faire approcher un lot de chevrettes, contenues dans un cercle en filet qui les sépare toujours du chien. L’éleveur fait bouger les chèvres et cela doit éveiller l’aptitude du chien à bloquer leur fuite. La troisième journée vise d’une part la bonne réactivité du chien aux ordres de direction lorsque le troupeau est toujours contenu. L’apprentissage des directions peut être long selon le chien, mais il est essentiel de bien maîtriser les ordres directionnels pour la suite. L’éleveur a pour consigne de garder son sang-froid et d’utiliser toujours le même ton. Crier stressera le chien et le résultat n’en sera que plus mauvais. Quelques mois après le premier niveau de formation, l’éleveur peut passer à la formation de perfectionnement, qui dure trois à quatre jours et a pour objectif de confirmer le travail en liberté, avec des distances toujours plus importantes.

Maîtriser chien et troupeau pour un travail serein et sûr

Ainsi, pour avoir un chien tout à fait opérationnel, il faut compter environ deux ans. Une fois le chien bien dressé, n’importe qui, du moment que le bon vocabulaire est connu, peut travailler avec le chien. La MSA propose également une formation troisième niveau, intitulé « Comprendre son troupeau pour travailler en sécurité avec son chien ». En effet, une mauvaise utilisation des aptitudes naturelles du chien associé à un comportement mal maîtrisé du troupeau crée des difficultés lors des manipulations et expose les éleveurs à des risques d’accidents. Cette formation permet de transmettre aux éleveurs des pratiques qui leur permettent d’avoir un troupeau docile et des conseils pour organiser leurs chantiers de travail (chargement en bétaillère…) de manière à assurer la sécurité des hommes et des animaux et de garantir la réussite des manipulations.

Défense et promotion des races bergères locales

Au lycée agricole de La Côte-Saint-André en Isère, trois étudiantes ont relevé le défi de faire découvrir les races locales de chien de berger aux jeunes de l’établissement, à travers une journée thématique. Amélie Veyre, l’une des trois organisatrices de l’événement, prévoit de s’installer en ovin - caprin et de créer un élevage de bergers de Savoie et de bergers d’Auvergne. « Il y a en France une telle diversité de races, je trouve dommage d’oublier et de voir disparaître certaines lignées. Je suis très attachée à la région Auvergne-Rhône-Alpes et à ses spécificités », déclare la jeune femme de 20 ans, par ailleurs candidate aux Ovinpiades 2018. Jimmy Baud, éleveur de brebis et de chiens de berger (berger australien, border collie, berger d’Auvergne et berger de Crau) est intervenu durant la journée pour expliquer les spécificités de chaque race. Par exemple, le border travaille plutôt loin du troupeau alors que le berger d’Auvergne ira plus facilement au contact.

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