Les missions du chien de protection de troupeau
Le rôle du chien de protection est d’assurer la sécurité du troupeau face aux agresseurs externes (loups, nuisibles, voleurs…). Cela requiert des compétences particulières et un comportement adapté aux différentes situations.
Dans un contexte de prédation, de nuisibles ou de vols d’animaux, s’équiper d’un chien de protection de troupeau (CPT) se justifie pleinement. Il faut être accompagné et bien formé. Grâce à la sélection des chiens de protection, commencée il y a plusieurs décennies et poursuivie de nos jours, le caractère prédateur du canin a été mis de côté par les races ciblées. Reste le comportement de « défense du territoire », détourné au profit de la « défense du troupeau » chez les chiens de protection.
En premier lieu, il est donc indispensable que le chien inspire confiance au troupeau qu’il protège. Pour cela, il doit être calme et paisible, ne doit pas montrer de signes d’excitation et donner continuellement des gages de confiance aux caprins. Le chien se déplace lentement, détourne le regard, garde la tête baissée et ne doit à aucun moment montrer un comportement de prédateur envers les individus du troupeau. De même, l’éleveur va exiger du chien qu’il soit fixé au troupeau, c’est-à-dire qu’il va avoir envie de rester à proximité immédiate du troupeau sur des longues durées. Après l’éloignement d’une menace, le chien doit revenir de lui-même auprès du troupeau.
Des menaces pas toujours visibles pour le maître
En cas d’intrusion, le chien de protection du troupeau va entrer dans le vif de son rôle, à savoir signaler sa présence en aboyant pour empêcher ledit intrus d’approcher davantage du troupeau. Gardez en tête que même si vous ne voyez pas l’objet de l’aboiement, cela ne veut pas dire que qu’il aboie à tort. Celui-ci n’a pas la même perception de l’environnement que nous grâce à des capacités olfactives, visuelles et auditives différentes des nôtres.
Mise en garde, interposition et attaque
L’aboiement est la première étape dans la protection, avant l’interposition et l’agression si cela devient inévitable. Cela va également permettre aux autres chiens de protection, s’il y en a, d’être tenus en éveil face à une menace potentielle. Néanmoins, il faut savoir juger lorsqu’un chien n’aboie pas à bon escient. Le résultat escompté serait alors contreproductif, les intrus pourraient s’y habituer et ne plus craindre cette mise en garde. Sans compter les conflits qui risquent fort d’apparaître avec le voisinage, lassé par le bruit des chiens.
Dans un deuxième temps, si l’aboiement ne suffit pas à arrêter l’intrus et que celui-ci poursuit sa progression en direction du troupeau, le chien va s’interposer. Il ira au-devant de l’intrus, avec un langage corporel signalant à ce dernier qu’il s’apprête à entrer dans son « espace de sécurité » et qu’il met en danger le troupeau par sa présence. À noter que la distance qui définit l’espace de sécurité autour d’un chien et l’intrus est variable d’un chien à un autre.
En troisième et dernier recours, le chien passera à l’attaque, dans le but de faire fuir l’agresseur.
Un chien sûr de lui, mais pas belliqueux
Le comportement recherché aujourd’hui chez les chiens de protection est la détermination face aux intrus, sans être bagarreur. Il doit passer par les deux premières étapes de dissuasion décrites ci-dessus avant d’aller au contact. Il est demandé au chien de savoir faire preuve de discernement dans la détection et l’évaluation des menaces. Face à des situations et des protagonistes divers, il doit être capable d’adapter son comportement. En effet, le chien de protection travaille la plupart du temps seul, mais évolue dans un environnement potentiellement fréquenté par tous types d’usagers (promeneurs, cavaliers, vététistes, agriculteurs, etc.). Il est donc primordial qu’il soit familiarisé avec les êtres humains et qu’il ne se montre pas agressif envers ceux-ci si le troupeau n’est pas dérangé.
Les bases de l’éducation doivent être acquises
Le CPT doit se montrer respectueux envers les humains et se laisser approcher et manipuler par son maître quand celui-ci le décide. Ce dernier doit être capable de lui toucher le ventre, les oreilles, la bouche. Le CPT a besoin d’avoir les mêmes bases d’éducation que tous les autres chiens, à savoir : marcher en laisse, accepter l’attache, monter en voiture, répondre à l’appel de son nom, etc. Le maître doit pouvoir diriger le chien juste à la voix.
Il est également important que le chien se montre sociable et en intelligence avec ses congénères, d’autant plus quand l’éleveur travaille avec une meute de chiens pour protéger son troupeau.
Comment gérer troupeau et chien de protection ?
Une fois le maître formé, le chien bien accueilli et éduqué, le travail peut commencer. L’éleveur devra s’assurer que le troupeau est gardé efficacement.
Chaque situation de protection va être différente et dépend de trois critères principaux. La topographie de la parcelle (bois, relief, etc.) va parfois empêcher un chien seul d’avoir en visuel l’ensemble du troupeau. Le comportement des caprins va jouer aussi, car plus les animaux sont grégaires et vont avoir tendance à rester groupés, plus le chien pourra garder efficacement le lot. Si la parcelle de pâturage est de petite taille, le troupeau ne pourra pas non plus s’étaler, favorisant le travail du chien. Enfin, la pression de la prédation et le type de prédateurs vont fortement influer sur le nombre de chiens nécessaire pour protéger le troupeau. Un seul chien peut être efficace contre des chiens errants, tandis que plusieurs chiens adultes seront nécessaires pour s’opposer à des prédateurs sauvages (loups, ours, lynx).Des caractères complémentaires pour plus d’efficacité
Dans la constitution d’une meute ou simplement d’un duo de chiens de protection, il va falloir mettre en place autant que possible des individus avec des caractères complémentaires. Un chien très attaché au troupeau, réactif et vigilant va permettre de donner l’alerte aux autres et ne quittera pas facilement le giron des caprins. À l’inverse, un chien plutôt curieux et aventurier s’éloignera plus aisément du troupeau, créant ainsi un périmètre de sécurité plus large. Il hésitera moins à entrer en contact avec un intrus, voire à lancer une poursuite pour mettre ce dernier en fuite. De plus, deux individus avec des caractères aussi différents pourront réaliser le travail demandé sans se gêner ou se concurrencer.
Un chien peut travailler à partir de deux ans jusqu’à huit ou dix ans. Anticipez le renouvellement de votre équipe de protection !