Les grandes maladies de la reproduction
Les pathologies susceptibles de mettre à mal la reproduction étant nombreuses en élevage caprin, la vétérinaire Claire Combelles fait un rappel des bonnes pratiques pour les limiter.
Les pathologies susceptibles de mettre à mal la reproduction étant nombreuses en élevage caprin, la vétérinaire Claire Combelles fait un rappel des bonnes pratiques pour les limiter.
« La reproduction c’est le moteur de l’élevage », introduit le Dr Claire Combelles devant une foule d’étudiants venus assister aux journées nationales des Groupements techniques vétérinaires les 15 et 16 mai derniers à Tours. Certaines pathologies ou situations intervenant pendant la période de reproduction peuvent avoir un impact non négligeable sur le renouvellement du troupeau.
La pseudogestation, lorsque la chèvre se croit gestante mais ne renferme en fait qu’un liquide stérile, concerne 3 à 4 % du troupeau, mais peut aller jusqu’à 15 % dans certains élevages. « La pseudogestation est un hydromètre, qui est naturel et n’a aucune influence sur la santé des chèvres, rappelle la vétérinaire, également présidente de la commission caprine de la SNGTV (Société nationale des groupements techniques vétérinaires). Elles finissent par se vider, mais tant qu’elles sont dans cet état, elles ne peuvent pas devenir pleines. »
C’est un état multifactoriel, influencé par l’âge, la génétique, le désaisonnement, la productivité et la physiologie. Pour y remédier, l’éleveur peut réaliser des injections de prostaglandine. « Je répète souvent aux éleveurs : attention, l’injection est intramusculaire et non sous-cutanée ! »
Identifier la cause des avortements
Les avortements peuvent être la conséquence de nombreux facteurs et il est parfois difficile de les identifier. Dans le cas où les avortements sont rapprochés dans le temps, il devient intéressant de déclencher le dispositif Oscar (observatoire et suivi et avortements chez les ruminants). « Nous conseillons aux éleveurs de congeler les avortons dans ces cas-là, pour que le vétérinaire puisse les envoyer au laboratoire pour des analyses sur les organes. » De nombreux agents d’avortement sont des zoonoses, possiblement contagieuses à l’homme. Des mesures de biosécurité s’imposent.
La fièvre Q peut par exemple être à l’origine d’épidémies d’avortements atteignant parfois jusqu’à 50 % d’avortements. « Nous préconisons la vaccination contre la fièvre Q pour éviter des catastrophes économiques, d’autant plus que le vaccin fonctionne très bien. » La toxoplasmose, dans le cas où l’avorton présente une allure chétive et momifiée, peut aussi être la cause d’avortements.
Point d’attention sur l’alimentation
Les toxémies de gestation sont fréquentes, surtout pour les mises bas tardives. « Certains éleveurs doivent aller nourrir leurs chèvres qui restent parfois couchées pendant trois semaines. » La toxémie peut entraîner des pertes importantes. « Dans ce cas-là, les recommandations sont à mettre en pratique pour la campagne suivante. »
Concernant la note d’état des chèvres, il est important d’adapter les rations en fonction des besoins et de préserver la capacité d’ingestion. Pendant la gestation, il est essentiel de réduire la proportion de concentrés. « Sinon, elle fait la flemmarde et ne mange plus de grossier. Mais au cinquième mois, le rumen est compacté et n’a plus de quoi nourrir l’animal. » Il est possible de supplémenter, de mélasser les fourrages, en particulier ceux de mauvaise qualité, ou de rajouter du propylène.
La température de celles qui font la tête
La métrite est une inflammation de l’utérus, due généralement à une infection bactérienne. Elle est souvent associée à des avortements, à des non-délivrances ou à une mauvaise hygiène lors de la mise bas. « Nous incitons les éleveurs à prendre la température des chèvres qui font la tête autour de la mise bas et à vérifier que tous les chevreaux sont sortis. »
Il existe également des situations de déficit immunitaire, comme la toxémie de gestation, les chèvres grasses, les acidoses ou les carences. De façon plus rare, les métrites gangréneuses et à mycoplasmes peuvent être à l’origine de pertes graves.
Lire aussi : « Les vétérinaires ont beaucoup à apprendre sur l’élevage caprin »
Mise en garde
De l’hygiène et de la douceur
L’hygiène, des mains en particulier, est primordiale lors des mises bas. « Un test facile consiste à demander à l’éleveur de s’asseoir par terre et il ne doit pas avoir le pantalon sale en se relevant. » Il est recommandé de mettre des gants et de lubrifier abondamment. « On peut utiliser du gel gynécologique, du savon, ou même de l’huile si on n’a rien. En caprin, l’intervention doit être douce et délicate, et la plus précoce possible. »