Assemblée Générale de la FNEC
Les éleveurs s´interrogent sur leur avenir
Assemblée Générale de la FNEC
Conséquences de la réforme de la PAC, mise aux normes, prix du lait et protection du produit fermier ont été au centre des débats nationaux lors de l´assemblée générale de la FNEC.
« Les éleveurs de chèvres ont parfois du mal à garder le moral, nous subissons l´augmentation des charges à la production et le renforcement des contraintes techniques et financières. Parallèlement, il existe des incertitudes fortes sur notre avenir et tout cela alors que le prix du lait ne suit pas l´évolution des coûts ». Ce constat, souligné par K. Boussouar Président de la FNEC, lors de l´assemblée générale du 3 mars dernier à Paris, témoigne du climat d´incertitude ressenti par les chevriers français.
Et pourtant. les fondamentaux de la filière sont plutôt bons. Comme en témoignent les statistiques nationales : collecte stabilisée, importations réduites, fabrication de fromages et consommation de nouveau en hausse. Seule ombre au tableau, un prix moyen à la vente du fromage plutôt en baisse et un prix du lait en trop légère progression face à l´accroissement des coûts de production mis notamment en évidence par le tout nouvel indice Ipampa lait de chèvre.
C´est le contexte général d´incertitude liée aux mutations du monde agricole qui semble surtout peser sur le moral des éleveurs caprins alors, qu´objectivement, la petite filière caprine jouit d´un relatif équilibre. Le monde laitier français et européen va vivre des restructurations difficiles, au milieu desquelles la filière caprine risque d´être plus ou moins ballottée, sans avoir de prise réelle sur des facteurs qui lui sont extérieurs.
Découplage, conditionnalité, mise aux normes : la réforme de la PAC aura nécessairement des incidences sur le secteur caprin, même si celui-ci n´était pas directement concerné par une organisation commune du marché. Seule certitude, la donne va changer et la filière caprine doit s´y préparer. La question est de savoir comment, dans la mesure où les analyses prospectives conduites jusqu´à présent ne donnent pas une vision claire des avenirs possibles, c´est le moins que l´on puisse dire.
Le monde laitier français et européen va vivre des restructurations difficiles au cours des prochaines années. ©D. R. |
Parmi les conséquences directes et indirectes de la réforme figure le risque de distorsion de concurrence. « En effet, certains éleveurs de chèvres pourraient bénéficier d´aides (les exploitations mixtes, les éleveurs bénéficiant d´aides découplées qui pourraient se reconvertir à la production caprine), alors que d´autres n´en toucheront aucune. C´est pourquoi la FNEC a demandé que soit étudiée la classification de la production caprine parmi les bénéficiaires prioritaires de la réserve nationale de droits à paiements qui sera constituée dès 2006 »
Pour les quelque 4466 éleveurs en zone de montagne (207 000 chèvres) ayant bénéficié en 2004 de 80 % de la Prime à la brebis et à la chèvre (16,80 ?/chèvre et 7 ? en zone défavorisée) des changements sont à prévoir. Cette prime, initialement attribuée à la production de viande (OCM viande ovine et caprine), était remise en cause par Bruxelles en raison de l´orientation principalement laitière de l´élevage caprin français. La FNEC a donc demandé le découplage complet de la prime à la chèvre, afin d´assurer son maintien.
A partir de 2006, les éleveurs caprins disposant de références historiques, pourront ainsi continuer à toucher cette aide, tandis que la prime à la brebis sera recouplée à 50 %.
Avec une collecte de lait ayant dépassé, en 2004, la barre symbolique des 400 millions de litres, le prix du lait reste au centre des revendications syndicales des producteurs. Si pour les transformateurs l´important est le prix moyen du lait payé réellement (514 ?/1 000 l) les producteurs, considèrent que l´augmentation est uniquement liée à l´amélioration de la richesse du lait, c´est-à-dire au travail des producteurs et non pas à l´augmentation du prix de base tandis, qu´en euros constants, le prix du lait a diminué. « Raisonner sur le seul prix de base est insuffisant car, pour les entreprises, c´est le prix de la matière sèche utile qui reflète la valeur économique réelle du lait, a souligné un représentant des transformateurs industriels.
De même, il ne faut pas s´arrêter uniquement sur la baisse du prix en monnaie constante, car les entreprises et les éleveurs doivent aussi maîtriser leurs coûts dans un contexte de concurrence. Actuellement, la filière caprine bénéficie d´une situation d´équilibre qu´il est essentiel de maintenir ». Une position qui ne satisfait pas les producteurs a rappelé l´un d´eux : « Quand les éleveurs sont sur leur exploitation, ce ne sont pas les courbes qui les découragent mais leur revenu, c´est-à-dire la différence entre leurs recettes et leurs coûts ».