Conseil élevage
« L’analyse vidéo a permis de mieux respecter les cycles des chèvres »
Grâce à la vidéo, Mickaël Séveno a pris conscience qu’il distribuait le deuxième repas de concentré trop tôt pour respecter le temps de repos nécessaire aux chèvres. La vidéo a permis aussi des améliorations dans le bâtiment.
Grâce à la vidéo, Mickaël Séveno a pris conscience qu’il distribuait le deuxième repas de concentré trop tôt pour respecter le temps de repos nécessaire aux chèvres. La vidéo a permis aussi des améliorations dans le bâtiment.
Fin novembre 2019, Mickaël Séveno a eu recours au service d’analyse vidéo proposé par BCEL Ouest. Pendant 24 heures, ses chèvres ont été filmées jour et nuit grâce à deux caméras installées à des endroits stratégiques du bâtiment. « Bien sûr, je peux observer certaines choses la journée et la nuit, explique-t-il. Mais je ne suis pas toujours présent. La vidéo permet de voir comment les chèvres mangent, boivent, se déplacent, se couchent. Même si la crise du coronavirus n’a pas encore permis d’exploiter toutes les données, la vidéo a déjà permis des améliorations. » Installé à Saint-Allouestre, dans le Morbihan, Mickaël Séveno élève 250 chèvres pour 30 ha de SAU. La chèvrerie est installée dans un ancien hangar que l’éleveur a aménagé lors de son installation. L’alimentation est basée sur de l’ensilage de maïs et d’herbe en hiver et sur de l’affouragement en vert au printemps, complétés par trois repas de concentré et du foin à volonté.
Décaler le repas du midi pour laisser du temps de repos
Un objectif de l’éleveur avec l’analyse vidéo était notamment de voir si ses horaires de distribution étaient adaptés et s’ils permettaient de respecter les phases de rumination et de repos des chèvres. « Idéalement, une chèvre mange pendant une heure à une heure et demie, puis se repose pendant trois heures, précise-t-il. Quand je suis présent, les chèvres viennent facilement à l’auge. Mais que font-elles quand il n’y a personne ? » Jusqu’à présent, le concentré était distribué en trois repas, à 9 heures, midi et 17-18 heures, l’ensilage étant apporté après le premier repas de concentré. « La vidéo a montré que les chèvres mangeaient de 9 heures à 10-10 h 30 et ne se couchaient que vers 11 h 30. Avec un deuxième repas de concentré à midi, elles n’avaient pas le temps de se reposer. Cela m’a amené à décaler ce repas à 14 heures, même si ce n’est pas toujours évident car je travaille seul, sauf pour les mises bas, et distribue l’aliment au seau. »
Mettre plus de foin à disposition
La vidéo a permis de voir aussi que les chèvres font des allers-retours entre l’auge et les râteliers, pour alterner aliment humide et aliment plus sec. « Nous avons vu qu’elles venaient fréquemment au râtelier, mais que celui-ci était souvent vide. Il faudrait qu’elles aient plus de foin à disposition, en remplissant le râtelier mural plusieurs fois par jour et en en ajoutant un si besoin. » Globalement, les courbes d’activité des deux lots montrent que les chèvres ont bien les 8 heures par jour de repos et rumination qui leur sont nécessaires. « Un lot a toutefois une phase de repos de seulement 1 h 30 à 2 heures en milieu d’après-midi, signale Oriane Robinne, conseillère caprin à BCEL Ouest. Il ne faudrait pas descendre en dessous de cette durée de repos. » La vidéo a montré aussi une chèvre au milieu du couloir à 3 heures du matin, ce qui a perturbé l’ensemble du troupeau qui s’est alors levé. La chèvre fugueuse a été identifiée et l’éleveur l’a équipée d’une collerette pour l’empêcher de sortir de l’aire paillée. Autre élément révélé par la vidéo : les chèvres passent beaucoup de temps à jouer avec le bidon mis à disposition sur l’aire paillée, pendant les phases d’activité et les phases de repos. « Cela limite les bagarres et le dérangement des chèvres qui dorment, estime Oriane Robinne. C’est un très bon point d’enrichir le milieu de vie des chèvres. Il pourrait y en avoir plusieurs, car certaines chèvres gardent le bidon assez longtemps. »
Des translucides pour des chèvres plus actives
La vidéo a également apporté des éléments sur le bâtiment. « Nous avons vu que les chèvres du premier lot se couchent surtout au milieu de l’aire paillée et plutôt à l’extrémité opposée au portail et qu’il y en a très peu le long du mur », indique Mickaël Séveno. Les premières analyses n’ont pas mis en évidence de courant d’air. « L’utilisation de fumigènes pourrait être utile, estime Oriane Robinne. Le mur exposé au nord est peut-être froid. Il faudrait voir aussi si les chèvres ne sont pas effrayées par ce qu’elles voient quand le portail est ouvert. » La vidéo a également montré que les chèvres de ce même lot fréquentent toujours le même abreuvoir, celui justement de la partie de l’aire paillée qu’elles utilisent peu. « Cet abreuvoir est pourtant propre, assure Mickaël Séveno. Il faudrait voir s’il n’y a pas de courant électrique parasite. » Enfin, la vidéo a montré que les chèvres étaient beaucoup plus actives dans la partie de la chèvrerie la plus lumineuse. « Il y a certainement un impact sur la consommation, analyse l’éleveur. Cela m’a conduit à installer des translucides dans la partie la plus sombre du bâtiment. Depuis, les chèvres sont plus vives. » À l’avenir, Mickaël Séveno et sa conseillère comptent bien exploiter plus à fond les données de la vidéo. L’éleveur veut aussi utiliser l’analyse vidéo au printemps, quand il affourage en vert. « Pour limiter le travail, j’apporte une grosse quantité d’herbe pour la journée, le matin pendant la phase de transition puis en début d’après-midi, explique-t-il. Je voudrais savoir si le fourrage ne chauffe pas trop, ce qui peut rebuter les chèvres, et s’il y a intérêt à le repousser dans l’après-midi. »
Une photo toutes les 20 secondes
La vidéo time lapse proposée par BCEL Ouest repose sur des caméras spécifiques qui prennent des photos à intervalle régulier (toutes les 1, 7, 20, 60 secondes ou plus) à partir d’un point fixe. Une vidéo est ensuite générée à partir des photos. L’avantage est qu’une vidéo de 24 heures avec une photo toutes les 20 secondes peut se visualiser en 5 minutes. La caméra dispose d’un grand-angle de 140° qui permet, lorsque le bâtiment s’y prête, de visualiser en même temps les zones d’alimentation, de couchage et de circulation. La zone de pose est toutefois importante. Le nombre de caméras à installer dépend de la taille du troupeau et de la configuration du bâtiment. La date et l’heure de chaque prise de vue sont visibles à tout moment sur la vidéo, ce qui permet de noter facilement les observations. L’analyse vidéo est comprise dans la prestation Visio Cap proposée par BCEL Ouest aux éleveurs caprins.