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Ils engraissent tous leurs chevreaux au colostrum

Pour mieux vendre leurs chevreaux, Odile et Damien Dupont les engraissent au colostrum depuis quatre ans. Une activité gourmande en main-d’œuvre mais économiquement intéressante.

« Quand nous nous sommes installés, nous vendions les chevreaux de deux jours à un engraisseur au prix de trois euros pièce, expliquent Odile et Damien Dupont, éleveurs à Mauzé-Thouarsais, dans les Deux-Sèvres. Puis le prix est tombé à deux euros. Par ailleurs, nous jetions le lait des quatorze premières traites. Nous avons donc décidé d’engraisser nous-mêmes nos chevreaux. » Installés il y a huit ans par reprise d’une exploitation, Damien et Odile Dupont élèvent 650 chèvres, pour une production de 650 000 litres de lait (35 de TP, 38 de TB), et exploitent 65 ha de SAU, essentiellement en fourrages (maïs, luzerne, herbe), avec un peu de blé, d’épeautre pour les chevrettes et de méteil. Le lait est vendu à Lactalis et à un fromager, avec une production toute l’année grâce à 150 lactations longues. En moyenne, l’élevage engraisse 400 chevreaux par an. « Comme nous ne sommes pas installés depuis longtemps, nous avons du mal à vendre des animaux et engraissons donc tous les mâles, précisent les éleveurs. Nous gardons 200 à 220 femelles pour le renouvellement, les chevrettes de chevrettes et les chevrettes des meilleures chèvres en quantité de lait et taux, et engraissons les autres. » Les mises bas étant regroupées essentiellement du 10 au 20 février, la phase d’engraissement est elle aussi très concentrée. « Sur les premières et les dernières mises bas, quand il y a peu de chevreaux et de colostrum, nous continuons à vendre les chevreaux à un engraisseur. » C’est Odile qui s’occupe principalement de l’engraissement, assistée parfois du salarié de l’exploitation, de sa belle-mère ou des enfants en période de vacances…

Un plein temps pendant un mois

L’engraissement est réalisé dans une ancienne stabulation à bovins qui a été réaménagée pour l’élevage des chevrettes et désormais pour l’engraissement. « Nous avons la chance d’avoir de la place qui est souvent un facteur limitant pour engraisser ses chevreaux », admet Odile. Le bâtiment a notamment été isolé par application sous les tôles du toit d’une mousse expansive Icynène, procédé d’isolation thermique d’origine canadienne, sain, écologique et qui assure une parfaite étanchéité. Il est par ailleurs paillé matin et soir. « Nous consommons des quantités importantes de paille produite sur l’exploitation, achetée en andains ou en échange paille - fumier. » Les chevreaux sont amenés de la chèvrerie deux fois par jour, matin et soir. Ils sont d’abord groupés par jour de naissance les deux premiers jours, puis par gabarit pour laisser aux plus petits une chance d’accéder aux tétines. Le colostrum est amené de la salle de traite en cuve de 1 000 litres. « Le colostrum se conserve mieux que le lait. Comme il fait en général assez froid en février, nous le stockons dehors quand il ne sert pas. » Après avoir utilisé un chauffe-lait électrique plongé directement dans le colostrum, les éleveurs l’utilisent maintenant pour chauffer de l’eau qui, elle-même, réchauffe les tuyaux de lait. « La résistance plongée directement dans le lait avait tendance à caraméliser. Avec ce système, il n’y a plus ce problème, même si le lait est un peu moins chaud. » Les deux premiers jours, Odile et ses assistants font téter les chevreaux au seau ou au biberon. Il faut ensuite surveiller qu’ils boivent bien, voir s’il n’y a pas de malades, les traiter si besoin, les changer de lot… « L’hygiène est également essentielle », souligne Odile, par ailleurs administratrice de GDS France. Les tétines, tuyaux, seaux sont lavés au savon bactéricide une ou deux fois par jour. « Cela représente beaucoup de travail à une période où nous sommes déjà très chargés avec les mises bas, souligne Odile. Et il ne faut pas négliger les chèvres. En général, nous embauchons une personne pour cette période, mais il en faudrait deux. Ce n’est toutefois pas facile de trouver quelqu’un pour si peu de temps. »

22 € par chevreau de 8 à 12 kilos

En moyenne, les chevreaux sont élevés 25 jours. « La composition du colostrum est toutefois très variable selon le nombre et le stade des chèvres. Ces dernières années, nous avons aussi pas mal de diarrhées, liées sans doute aux mères car les chevrettes d’élevage en ont aussi. » Les chevreaux sont vendus entre 8 et 12 kg à l’abattoir Loeul et Piriot, situé à 6 km et qui vient les ramasser une fois par semaine. Le prix de vente s’élève de 2,20 à 2,40 €/kg poids vif, soit au final une moyenne de 22 € par chevreau. « C’est beaucoup plus intéressant que deux euros pièce, car les charges se limitent surtout à la paille et un peu d’électricité, soulignent les éleveurs. Cela nous paie la poudre de lait pour l’élevage des chevrettes. Il faut en revanche y passer du temps et aimer cela. »

Astuce d’éleveurs

Une case de transport à moindre coût

Pour transporter les chevreaux de la chèvrerie à l’engraissement, Damien Dupont a découpé une ancienne cuve à lait de 1 000 litres. La case est utile notamment quand il pleut. Comme elle est en plastique, il faut toutefois éviter d’y laisser les chevreaux trop longtemps, sinon ils ne sèchent pas.

Des compteurs à lait pour mieux suivre la lactation

Mi-février, Odile et Damien Dupont se sont équipés de compteurs à lait Afimilk. « Jusqu’à présent, nous avions, avec le contrôle laitier, un suivi des performances individuelles caprines avec quatre passages par an, explique Damien. Notre lactation n’était donc pas validée. Pour pouvoir vendre plus d’animaux, nous aurions dû passer à sept passages. Mais le coût aurait été bien plus élevé. Nous avons donc choisi de nous équiper de compteurs à lait qui permettront de suivre la lactation de chaque chèvre jour par jour, de voir si une chèvre a un problème, d’évaluer l’effet d’un changement d’alimentation, d’être plus réactif. Cela facilitera aussi le travail pour le salarié ou en cas de remplacement car si une chèvre a été traitée, les griffes ne peuvent être accrochées. Le coût, de 1 600 € par poste aujourd’hui, est élevé mais sera vite amorti. » La salle de traite de cinquante postes a été équipée d’un compteur par poste. En cas de baisse de plus de 30 % de la production, critère fixé par les éleveurs, une alerte est émise sur le cadran du compteur. Les données de chaque poste sont envoyées sur une unité centrale équipée d’un logiciel d’historisation et de suivi des résultats et reliée à un PC sur lequel les éleveurs peuvent les analyser.

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