Génomique et Gènes avenir pour un progrès génétique partagé
Capgenes poursuit le déploiement de l’offre Gènes avenir alors que la génomique est maintenant intégrée dans le programme de sélection. Explication à l’occasion de l’assemblée générale.
L’année 2018 a été intense pour l’organisme et entreprise de sélection Capgenes. Réunis pour son assemblée générale qui s’est tenue le 16 avril à Mignaloux-Beauvoir, à côté de Poitiers, ses membres ont pu revenir sur les évolutions de Capgenes.
L’entrée en vigueur du règlement zootechnique européen au 1er novembre a entraîné des modifications dans l’organisation avec l’arrivée de France conseil élevage en tant que coopérateur associé. « L’entrée de FCEL a marqué la forte volonté professionnelle de mener un programme technique Gènes avenir ambitieux et cohérent », déclare François Perrin, le président de Capgenes. Afin d’associer davantage de territoire et de système d’élevage, le conseil d’administration a également été élargi. De même, « cinq commissions ont été créées pour intégrer et impliquer davantage de professionnels, explique François Perrin, qui, à 65 ans, pense à sa succession. Cela permet de partager les responsabilités et le temps passé pour suivre tous les dossiers. » Le règlement zootechnique laisse aussi la possibilité d’organiser la génétique au niveau européen. « Des discussions avancées avec l’Italie pourraient permettre d’élargir le nombre d’éleveurs créateurs et engagés dans le programme de sélection », se félicite le président.
Les jeunes boucs génomiques déjà au catalogue
2018 a aussi été la première année d’utilisation de la génomique dans le schéma de sélection. Depuis janvier 2018, tous les mâles candidats pour l’entrée au centre disposent d’une indexation génomique pour les caractères en sélection (lait, taux, matière, cellules, morphologie de la mamelle). L’index génomique permet d’avoir une idée précise de la valeur des mâles dès l’âge de trois mois. Connaître précocement le potentiel des jeunes boucs permet d’augmenter le nombre d’accouplements programmés (+ 20 % en deux ans) pour être plus sélectif dans l’entrée au centre. Les jeunes boucs peuvent être proposés au catalogue dès leur première année de production de semences, sans attendre les résultats de testage sur la descendance. Les boucs les plus prometteurs peuvent même être intégrés comme père à boucs afin d’accélérer le progrès génétique. Cela a été le cas en 2018 puisque 15 % des accouplements programmés l’ont été avec des jeunes boucs génomiques.
Un accompagnement pour les échecs de fertilité
Audrey Pourreau, animatrice du programme Gènes avenir, a rappelé les différentes typologies d’éleveurs en fonction de leurs engagements : créateurs et engagés pour les élevages au contrôle laitier officiel et adhérent à Capgenes, piliers et acteurs pour ceux au contrôle laitier officiel, pionniers et promoteurs pour ceux au contrôle simplifié et contributeurs pour les autres. Les meilleures doses de semences reviennent en priorité aux éleveurs les plus engagés. Les éleveurs créateurs et engagés bénéficient aussi de l’accès à la plateforme de vente des reproducteurs sur capgenes.com.
Afin d’augmenter le nombre d’élevages connectés génétiquement, Capgenes envoie annuellement un bilan de connexion à chaque éleveur. Ceci afin de les inciter à bien enregistrer les saillies et les filiations paternelles et in fine, garantir une bonne fiabilité de l’évaluation génétique. Les créateurs, engagés, piliers ou acteurs reçoivent aussi un bilan fertilité qui analyse à chaque campagne la fertilité à l’IA et en saillie naturelle. L’an dernier, elle était de 62 % en moyenne pour les IA avec traitement hormonal pour l’induction des chaleurs et de l’ovulation. Les nouveaux utilisateurs d’insémination et ceux avec moins de 50 % de réussite bénéficient d’un accompagnement assuré par leur coopérative d’insémination. Une cinquantaine d’élevages ont été accompagnés l’an dernier.
Davantage de proximité pour davantage de doses par mâle
Depuis l’an dernier, le nouveau règlement technique du contrôle laitier permet d’avoir un écart moyen de cinquante-deux jours pour qualifier une lactation. Capgenes a ainsi observé que les chèvres étaient en moyenne passées 0,3 fois de moins devant les peseurs que l’année précédente. En analysant les résultats technico-économique de 155 diagnostics Cap’t€ch, Capgenes constate que la marge brute progresse avec le niveau d’investissement dans Gènes avenir. « C’est davantage de lait, de taux et de vente de reproducteurs, observe Christophe Lecomte de France conseil élevage. En moyenne, un euro investi dans le contrôle laitier et la reproduction apporte sept euros de marge supplémentaire. »
Avec le programme de recherche Maxi’mâle, des progrès ont été réalisés pour que les boucs produisent de la semence à chaque sollicitation. « Il faut imaginer que les boucs sont enlevés très jeunes de leur élevage de naissance puis ils sont isolés et trimballés régulièrement, explique Olivier Ponthoreau de Capgenes. En intégrant davantage le comportement social du mâle et en travaillant sur la proximité avec l’homme, nous avons réussi à obtenir plus de doses et plus tôt. » On obtient maintenant un éjaculat dans 85 % des sollicitations, 24 doses utiles par éjaculats stockés et 631 doses utiles par mâle, soit une trentaine de plus que précédemment.
Des recherches pour plus de fertilité et moins d’hormones
Implantées dans 73 684 chèvres en France en 2018, les semences de Capgenes ont également été exportées dans le monde entier. « Plus de 20 000 doses et 2 800 reproducteurs ont été exportés l’an dernier, se félicite Olivier Danel, éleveur en Deux-Sèvres et président de la commission vente international. Cela réduit d’environ un euro le prix d’une dose pour les éleveurs français. C’est aussi l’occasion de vendre le savoir-faire français qui va jusqu’à la mise en place de la paillette ». « Nous avons vendu environ 6 000 doses vers l’Iran, précise Pierre Martin, le directeur de Capgenes. Certains pays avec de forts besoins en lait comme la Mongolie ou le Mali nous achètent de la génétique qui est dans nos stocks depuis plus de vingt ans. »
Pour préparer l’avenir, Capgenes s’investit beaucoup dans la recherche et le développement en lien avec l’Inra ou l’Institut de l’élevage. Parmi les nombreux programmes en cours, Ferticap cherche à mettre au point un index fertilité. « Ce sera le prochain index que vous allez voir en 2020 », espère Pierre Martin. Le programme européen Smarter vise à « sélectionner l’efficacité alimentaire et la résilience pour améliorer les capacités d’adaptation des petits ruminants ». Cet important programme de recherche pourrait déboucher à l’avenir sur une indexation européenne.
Capgenes est aussi demandeur de protocoles alternatifs pouvant limiter l’usage des hormones de synchronisation. En marge de l’assemblée générale, les éleveurs reconnaissent que les conditions de productions de la gonadotrophine chorionique équine sont loin d’être satisfaisantes. « Il est urgent d’investir pour trouver des alternatives et maintenir un schéma génétique performant » recommande Frédéric Baudy, éleveur du Tarn et président de la commission entreprise de sélection. De nombreux programmes de recherche sont en cours mais « on travaille dessus depuis plus de vingt ans et je pense que ce n’est pas gagné à court terme » admet Pierre Martin. À la suite de cette présentation et en conclusion de cette dense matinée, Alice Fatet de l’Inra a présenté un état des lieux et les perspectives d’avenir de la physiologie de la reproduction caprine.