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Filtres à roseaux : « Laisser la nature faire le travail »

Pour traiter les eaux blanches provenant de sa salle de traite et de sa fromagerie, Édouard Jaumouillé a fait le choix des filtres verticaux plantés de roseaux plus proches de ses valeurs.

En janvier 2020, à son installation, hors-cadre familial, Édouard Jaumouillé n’avait pas le choix. L’exploitation qu’il reprenait à Teilhet, dans le Puy-de-Dôme, était en dehors de la zone d’assainissement collectif. Pour développer son activité caprine et mettre en place son projet de transformation fromagère, il avait besoin d’une salle de traite et d’une fromagerie. Il devait donc investir dans son propre système d’assainissement.

En cohérence avec les valeurs qui l’ont fait opter pour l’agriculture biologique, il a choisi les filtres verticaux plantés de roseaux, avec la promesse d’une filière autonome sans consommation d’énergie et naturelle. C’est vers la société Aquatiris qu’il s’est tourné. L’étude a été réalisée en juin 2019. Elle a déterminé le choix d’implantation de l’ouvrage en fonction de différents paramètres (pente du terrain, distances réglementaires, nature du sol…) et préconise deux étages de filtre à écoulement vertical planté de roseaux communs pour 210 litres par jour. En l’occurrence, seules les eaux blanches sont traitées, le petit-lait, lui, part pour les cochons.

15 m2 de roseaux

Pour laisser un passage aux engins, le premier bassin a été placé à une quarantaine de mètres du bâtiment auquel il est relié par un conduit PVC DN 100. Dans l’ordre, la filière compte un regard de collecte et de distribution des eaux usées, un premier étage de filtre planté de roseaux (10 m2 sur 90 cm de profondeur) recouvert d’une grille de protection, suivi d’un second regard de collecte accueillant les eaux usées pré-traitées avant leur passage vers un autre étage de filtre planté de roseaux (5 m2 sur 60 cm de profondeur). Les eaux usées traitées sont conduites vers un regard avant de prendre la direction d’une zone de rejet végétalisée d’un mètre sur quinze de long, plantée d’arbustes (amélanchiers, troènes, néfliers…).

Les travaux ont été réalisés fin 2020 pour une mise en service en mars 2021, avec l’ajout de l’activité de transformation. Après quelques inquiétudes la première année face à des roseaux qui tardaient à pousser, Édouard Jaumouillé ne peut que se féliciter de cet investissement qui s’est élevé à 12 000 euros (hors subventions). L’exploitation est située à quelque 600 mètres d’altitude, mais les températures, parfois inférieures à -10 °C, n'ont pas perturbé la filière. En toute autonomie, l’éleveur doit juste veiller, tous les quinze jours, à alterner l’écoulement des effluents d’un côté ou de l’autre de l’installation ; les bassins sont divisés par deux dans le sens de la longueur. Une fois par an, les roseaux secs doivent être faucardés.

Passage en monotraite

Édouard Jaumouillé s’est installé sur une exploitation de 70 hectares. À la reprise d’un atelier de bovins allaitants limousins, il a ajouté quelques chevrettes. La production laitière avec transformation s’est déployée dans un second temps. Elle est exclusivement commercialisée en circuit court sur un marché et via un réseau de revendeurs.

Pour l’heure, l’élevage compte trente-neuf chèvres du Massif central. Édouard Jaumouillé vient d’opter pour la monotraite avec une perte de 25 % de volume de lait. Sa production est ainsi passée de 80 à 60 litres par jour, mais avec l’objectif de revenir à 80 litres. L’effectif sera ainsi monté à soixante chèvres. De quoi permettre l’installation de son épouse et la création d’un Gaec.

Repères

Calcul du dimensionnement

L’outil a été dimensionné pour cinquante chèvres, une soixantaine de litres de lait par jour sur la base de 3,5 litres d’eaux blanches par litre de lait transformé, soit 210 litres par jour.

Rédaction Réussir

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