En Espagne, Uniproca veut faire parler la poudre
Née en 2010 suite à la crise du lait, l’Union des producteurs caprins (Uniproca) achève la construction d’une tour de séchage dans la province de Tolède en Espagne.
La crise du lait de chèvre de 2008-2010 a fortement touché les producteurs espagnols. « Nous n’avons pas eu de médiateur comme en France et les industriels n’ont pas été solidaires des éleveurs, explique Georges Foenkinos, directeur export d’Uniproca. Avec la crise, le cheptel espagnol a fondu de 35 % ». Pour éviter que la situation ne se reproduise, 180 éleveurs ont fondé la coopérative Uniproca en juillet 2010. Menée par José Manuel Sanz Timón, vétérinaire généticien, éleveur d’Estrémadure et actuel président, la coopérative a progressivement pris de l’ampleur passant de quatre millions de litres en 2011 puis à 14 millions de litres en 2012. Aujourd’hui, Uniproca rassemble 680 éleveurs caprins de la zone centre-sud de l’Espagne produisant 32 millions de litres en 2016.
650 kilos par heure à Talavera-de-la-Reina
Très vite, la coopérative s’est tournée vers l’export. Aujourd’hui, un tiers du lait collecté est exporté vers les voisins européens, et en premier lieu vers la France. Les deux tiers des volumes sont eux revendus aux industriels fromagers espagnols. Pour diversifier ses débouchés, la coopérative va prochainement inaugurer une usine d’écrémage et de séchage du lait. La laiterie de 3 000 m², installée à Talavera-de-la-Reina dans la province de Tolède, peut stocker 210 000 litres, écrémer et pasteuriser 25 000 litres par heure et produire 650 kilos de poudre par heure. L’usine, située dans le centre du pays, à une centaine de kilomètres de Madrid, est au centre des flux laitiers espagnols où le lait de chèvre est traditionnellement produit plutôt dans le Sud et transformé dans le Nord.
De la poudre destinée à la Chine ou à l’Afrique
« La poudre de lait nous donne une force dans la négociation vis-à-vis des industriels, explique José Manuel Sanz Timón, le président. C’est une façon de ne pas rester tributaire du frais périssable, de gérer les excédents et de démarcher de nouveaux marchés ». La poudre de lait de chèvre sera en effet prioritairement destinée à l’export, notamment vers la Chine, mais aussi vers l’Afrique, la Corée ou l’Australie. La crème de chèvre est congelée et en partie exportée. Pour séduire ces marchés export, la nouvelle usine est dotée d’un contrôle de qualité poussé, depuis l’élevage jusqu’au stockage des produits. Un système d’étiquettes adhésives inviolables empêche par exemple toute contrefaçon. Dans un deuxième temps, la coopérative espagnole envisage d’agrandir son usine d’environ 900 m² pour y adjoindre une ligne automatisée de conditionnement de lait infantile.