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Des pulls et des chèvres, à la découverte du mohair

Depuis toujours, Agnès Bergignat est passionnée par les chèvres et s’est lancée il y a dizaine d’années dans l’élevage d’Angora. Quatre élèves de BTS productions animales l’ont fait découvrir à leur classe.

Située dans le département de la Creuse, l’exploitation d’Agnès Bergignat a éveillé notre curiosité. Élèves en BTS productions animales du CFA de Châteauroux, nous avons fait découvrir à nos camarades cette petite exploitation originale, créative et innovante dans le cadre de notre « projet d’initiative et de communication ». Nous avons été instantanément séduits par la ferme « Mohair de la Combraille » conduite par Agnès et animés par l’envie de découvrir avec notre classe la filière de la laine.

Découvrir la filière laine, ses savoir-faire et son dynamisme

L’exploitation est située à Mautes dans le sud-est de la Creuse, terre d’élevage mais aussi terre de laine. L’élevage se compose d’un troupeau de brebis allaitantes et d’une trentaine de chèvres Angora. Les troupeaux vivent sur les pâturages de l’exploitation à la belle saison et rentrent en chèvrerie et bergerie l’hiver. Soucieuse de préserver le milieu naturel, la pratique agricole sur l’exploitation est respectueuse de l’environnement. Sa passion pour les chèvres a conduit Agnès à créer un troupeau de chèvres angora il y a plus de dix ans. Parallèlement une autre passion s’est affirmée : celle de la laine. Ces deux affections conjuguées ont permis la création d’un fil de qualité, produit en circuit court.

Une matière vivante unique

La chèvre angora produit du mohair. C’est une matière vivante aux propriétés uniques, qui protège du froid comme du chaud, et régule l’humidité du corps en absorbant jusqu’à 30 % de son poids sans paraître mouillée. Côté pratique elle ne retient pas la poussière, se salit peu, et peut être teinte dans toutes les couleurs. Et le mohair a un petit plus : c’est une fibre légère qui reste douce tout en étant résistante, son élasticité rend les tissages quasi infroissables et par-dessus tout, le mohair a un lustre sans pareil, ce qui permet d’obtenir des couleurs éclatantes.

La laine est une matière première renouvelable, chaque année elle repousse après la tonte, sa production demande peu d’énergie. 100 % biodégradable, elle offre même la possibilité d’être compostée et de fertiliser les sols !

Une production locale valorisée

Si l’élevage de chèvres angora nécessite beaucoup d’attention, la fabrication du fil en demande tout autant. Plusieurs étapes sont nécessaires : la tonte (réalisée par Jules Kister, tondeur professionnel passionné), lavage, cardage et filage, mise en écheveaux, teinture végétale et tricot.

La particularité du fil mohair de la Combraille tient surtout à son aspect non gratté, ce qui lui donne toute son originalité et un rendu incomparable lorsqu’il est tricoté. Les teintures végétales sont réalisées à la ferme à partir de fleurs produites et récoltées sur place pour certaines. Chaque bain de teinture donne une couleur différente. En créant l’atelier laine sur la ferme, Agnès a choisi de produire en circuit court un fil mohair de manière artisanale. Seul le lavage des toisons ne peut pas se faire en Creuse et est réalisé en Saône-et-Loire.

De la conception à la commercialisation

La laine mohair de la Combraille est un produit de la ferme non standardisé. Pour obtenir un fil à tricoter résistant et doux, le filateur mélange 70 % de mohair des chèvres de l’exploitation avec 30 % de laine mérinos (race de mouton à laine très douce). C’est grâce à ce beau mélange qu’Agnès vend différents types de laine mohair en 2, 3, ou 6 fils mais aussi de la laine avec de la soie !

Agnès propose la visite de son élevage de chèvres angoras et de son atelier laine et une initiation au feutre ou à la teinture végétale pour le plus grand plaisir des petits… et des grands !

Le saviez-vous ?

Le mohair contrairement à ce qu’il pourrait paraître n’est pas de la laine. Et oui, cette fibre naturelle d’excellence, réputée pour son lustre, sa douceur et sa résistance est en fait… du poil !

La filature de Fonty

« La Filature de Rougnat » à Fonty, dans la Creuse, est une des dernières manufactures de filature et de teinture de laine encore en activité en France. Il nous a paru important de faire découvrir ce savoir-faire, peu connu et bien souvent oublié ! Créée en 1880 près des sources du Cher, au cœur des Combrailles région d’élevage et d’industrie textile, cette entreprise traditionnelle constitue un des trésors du patrimoine local. Labellisée entreprise du patrimoine vivant (EPV), elle perpétue un savoir-faire d’exception, transmis de génération en génération. Il est constitué de procédés originaux, de compétences pointues, d’expérience cumulée, et de gestes affinés au fil des années, associés à un parc de machines traditionnelles. Tout cela témoigne de la place historique de la filière textile régionale que l’équipe entretient, rénove et complète progressivement.

Associer tradition et respect de l’environnement

La Filature de Fonty élabore des fils de grande qualité à partir de toisons animales et de fibres végétales d’origine naturelle : mérinos, alpaga, mohair, angora, soie, cachemire, lin, coton, bambou. La matière première est soigneusement sélectionnée. Les toisons proviennent notamment d’élevages locaux ou régionaux, mais plus généralement de France, d’Europe, d’Asie Centrale, ou des pays lainiers de l’hémisphère sud. Grâce à son atelier de teinture performant, la Filature Fonty est capable de reproduire ou de créer une multitude de couleurs pour ses fils, mais toujours avec une attention particulière au respect de l’environnement. Les couleurs sont élaborées au sein de l’atelier de teinture, lui-même adossé à une unité de traitement des eaux écologique utilisant les propriétés de filtration des rhizomes de roseaux. L’écologie au sens large est au cœur des préoccupations de l’équipe de la filature, qui poursuit une démarche de développement durable : matières naturelles, récupération et production d’énergies renouvelables, boucles courtes, réduction des intrants, suppression des polluants, traitement des eaux écologique, tri sélectif, récupération des déchets, commerce équitable, engagement associatif, et bienveillance dans les relations, sont au cœur du projet et des enjeux de Benoît De Larouzière, son gérant.

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