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Aux Pays-Bas, 25 ans de lait de première classe

À Diepenheim aux Pays-Bas, Steef et Ellen Oltheten livrent à la laiterie CBM du lait de chèvre de première classe depuis 25 ans sans interruption. Leur secret ? « Cela commence par la prise de conscience que nous produisons de la nourriture », avance le couple.

« Si vous ne connaissez pas encore Tim, attendez ici », lit-on sur un panneau à la clôture devant la maison de Steef et Ellen Oltheten à Diepenheim, un village à l’Est des Pays-Bas. Tim est un gros chien noir et vigilant. Ellen raconte qu’il a été maltraité par son précédent propriétaire au cours des dix premiers mois de sa vie. En conséquence, il a eu peur, a perdu confiance dans les personnes inconnues. « Mais s’il constate que tout va bien pour nous, alors tout va bien pour lui ! », dit Ellen.

Alors que Tim est tranquillement allongé dans son panier, Steef et Ellen racontent les débuts de leur élevage de chèvres. Au départ ils n’avaient tous les deux aucune formation agricole. Après avoir fréquenté l’école supérieure d’agriculture de Deventer et été salariés en élevage caprin, ils ont décidé il y a plus de 25 ans qu’ils voulaient gérer eux-mêmes une exploitation. Une première reprise à Sellingen dans la province de Groningue n’a pas abouti. « Entre-temps, nous avions déjà acheté des chevrettes et une machine à traire », explique Steef. Ils ont ensuite regardé en Frise, et se sont finalement installés à Diepenheim, au Sud de la région de Twente. « L’avantage de cette exploitation avec une maison et deux stabulations était son prix et sa configuration : nous pouvions y élever 400 chèvres laitières. »

Première année difficile

La première année en tant que nouveaux éleveurs a été difficile. C’était en 1996, année où l’Elfstedentocht (une course d’endurance en patinage sur les canaux et lacs gelés) n’a finalement pas eu lieu. Il faisait tout de même très froid… « Nous ne pouvions pas encore habiter la maison et en avions loué une à proximité. Dans une des stabulations, il y avait une caravane où nous pouvions nous réchauffer », se rappelle Ellen, qui venait également de donner naissance à leur premier fils Wouter. « Les chevrettes achetées n’étaient pas encore sevrées et nous les avons nourries au biberon. Nous avions fabriqué des grilles pour les bouteilles de lait afin de faciliter le travail. » Heureusement, Steef et Ellen ont reçu beaucoup d’aide des membres de leur famille. Ils ont commencé à préparer la salle de traite deux quais, 48 places et 2x12 postes. « Quand les 45 premières chèvres ont mis bas, la machine à traire n’était pas prête, nous avons trait à la main… » En février 1996, la salle de traite a enfin été mise en service.

Malgré les difficultés au début, Steef et Ellen apprécient le travail sur leur ferme. En 1999, ils ont agrandi la salle de traite à 2x24 postes de traite et investi dans une louve pour les chevreaux.

Des chèvres propres

Dès leur installation, Steef et Ellen Oltheten produisent du lait de première qualité, et ils n’ont cessé depuis. Une réalisation unique mise en avant à l’occasion du 35e anniversaire de la coopérative laitière caprine CBM à laquelle ils livrent leur lait. Leur secret ? Ellen explique que : « cela commence par la prise de conscience que nous produisons de la nourriture. » Le bon fonctionnement de la machine à traire est aussi primordial. Pendant la construction de la salle de traite, Steef et Ellen ont réfléchi avec le constructeur. « Nous avons demandé que la ligne de lait soit installée avec une pente maximale pour éviter que le lait ne stagne dedans. Lors du rinçage de la machine à traire, nous utilisons de l’eau supplémentaire. Après le prénettoyage, tout le lait doit être hors des tuyaux. Et nous avons trois chauffe-eau pour avoir suffisamment d’eau chaude. »

Observer et écouter

Bien sûr, il y a aussi l’entretien annuel de la machine à traire et du tank à lait, le remplacement fréquent des manchons en silicone. « Les manchons transparents nous permettent de les vérifier facilement individuellement et de voir quand ils s’usent. À chaque traite, un nouveau filtre est prélevé et fait l’objet d’un examen », explique Ellen.

Les oreilles de Steef et Ellen contribuent également à la qualité du lait. « Si nous entendons pendant le nettoyage qu’une griffe aspire de l’air, nous savons qu’elle n’est pas nettoyée correctement et nous intervenons. »

Des chèvres propres sont également un facteur important de la réussite du couple. « Une aire paillée propre assure des chèvres propres, rappelle Steef. Nous paillons à 1,2 kg de paille par chèvre et par jour. Et un avantage de notre salle de traite par rapport à un carrousel est que nous pouvons prendre le temps de nettoyer les mamelles sales et éventuellement rebrancher les chèvres qui n’ont pas été traites correctement. »

Un filtre par lot

Côté germes, Steef et Ellen considèrent que les causes principales sont la machine à traire et la santé individuelle des chèvres. Il y a maximum 120 chèvres par lot et autant de places au cornadis. Les chèvres peuvent toutes manger en même temps, ce qui rend les animaux qui ne sont pas en forme rapidement repérables. « Le filtre de la machine à traire est changé entre chaque lot. De cette façon, nous pouvons savoir dans lequel il y a un problème. Les chèvres de ce lot sont alors traites en premier. En cas de lait anormal, le lait est mis de côté et un test CMT (California Mastitis Test : outil pour surveiller les comptages de cellules somatiques) est effectué. Les chèvres avec du lait anormal sont réformées. »

Les problèmes de butyriques sont évités en veillant à ce qu’aucune herbe d’ensilage ne finisse dans le l’aire paillée ou dans les abreuvoirs. Sur la ferme, un certain nombre d’abreuvoirs flottants ont été remplacés par des abreuvoirs d’un mètre de long. « Cela permet aux animaux de boire plus facilement, la différence est perceptible, explique Steef. Et l’aire paillée reste plus sèche et plus propre autour des abreuvoirs. »

Il y a peu de terres à la ferme de la famille Oltheten, donc la nourriture est achetée. « La base de la ration est de l’ensilage d’herbe. L’inconvénient de ceci est que l’herbe d’ensilage peut être différente chaque jour. Et les chèvres sont difficiles. » Auparavant, les animaux recevaient également du maïs et des drèches de brasserie, mais pour économiser de la main-d’œuvre, Steef et Ellen ont cessé de les utiliser. Un concentré acheté appelé Fiber Omega Vlog est distribué aux chèvres.

Soins aux chevreaux méticuleux

Steef et Ellen ont élevé tous les chevreaux eux-mêmes cette année. Cent chevreaux sont restés à la ferme, les autres ont été vendus à six semaines. « Nous pouvons également les livrer deux semaines plus tard, ce qui est un gros avantage pour la souplesse dans l’organisation du travail », explique Steef. Les Oltheten sont méticuleux dans le soin des chevreaux. « Le taux d’abandon est de 3,5 %, donc ça se passe bien », affirme Ellen. Les chevreaux malades peuvent être traités pendant les quatorze premiers jours, car pendant le délai d’attente, ils seront toujours dans leur exploitation de naissance.

Aujourd’hui, après 25 ans, Steef et Ellen sont satisfaits de leurs résultats et aiment toujours leur métier. L’exploitation a trouvé un rythme de croisière, et le couple n’envisage pas de grands investissements à court terme, leurs deux enfants ne souhaitant pas reprendre l’exploitation.

Pas de surfaces mais une mini-réserve naturelle

Steef et Ellen ont pu acheter 1,5 hectare de terrain derrière leur chèvrerie à un voisin il y a quelques années. « Mais nous n’avons pas de matériel et la parcelle est trop petite pour produire des fourrages ou concentrés, souligne Ellen. C’est pourquoi, en collaboration avec Landschap Overijssel (un organisme spécialisé dans la conservation des paysages de la région d’Overrijssel aux Pays-Bas), nous l’avons convertie en prairie botanique avec arbustes et mare. Un accord de gestion à long terme a été conclu, de sorte que leur pérennité est garantie. Les frais de gestion couvrent presque entièrement les coûts de maintenance. »

Biodiversité et paysages conservés

Steef et Ellen attachent une grande importance aux plantes et aux animaux sauvages sur et autour de leur ferme. Dans la chèvrerie, les moineaux nichent et un nichoir sur la façade abrite des crécerelles. « Une de mes belles-sœurs a qualifié notre jardin de sauvage, et cet adjectif est très approprié », rit Ellen.

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