Améliorer son autonomie fourragère et la valorisation du lait
Fromagers dans la zone Pouligny-Saint-Pierre, Wilfried et Vanessa valorisent bien leur lait mais s’interrogent sur leur autonomie fourragère et le coût alimentaire du troupeau.
À cheval sur la zone AOP Pouligny-Saint-Pierre et AOP Sainte-Maure-de-Touraine, l’EARL ferme de Bray fabrique ces deux fromages particuliers à partir de la totalité de la production laitière du troupeau. Vanessa Boisdet et Wilfried Falcotet ont créé leur exploitation en janvier 2012 et commercialisent la moitié de leur production en direct (marchés, vente à la ferme) et l’autre moitié à des crémiers et des grossistes. À leurs débuts, le troupeau comptait 90 chèvres et les mises bas étaient réparties moitié sur l’automne et moitié sur le printemps. Aujourd’hui, le couple élève 113 chèvres pour lesquelles la majorité des mises bas ont lieu à l’automne. Les autres sont en lactation longue, notamment celles dont l’état général ne facilitera pas un retour en gestation. L’objectif de l’exploitation est, selon Wilfried Falcotet, « de produire mieux, avec moins de concentrés et un fourrage de meilleure qualité ». En effet, l’autonomie fourragère est tout juste atteinte grâce aux 18 hectares de luzerne et de trèfle de l’exploitation, mais le coût alimentaire reste plus élevé par rapport à la moyenne du groupe, soit 20 euros de plus pour 1 000 litres de lait produits.
Un lait très bien valorisé grâce à différents leviers
Les éleveurs, de 34 ans tous les deux, connaissent leur point faible, d’autant que l’EARL est par ailleurs très performante au niveau du prix du lait, qui, pour l’année 2017, ressort 21 % supérieurs au référentiel des producteurs fromagers en AOP du Centre. Ce résultat très positif peut être imputé à plusieurs facteurs qui ont été suivis de près par Vanessa, Wilfried et Florence Piédhault, conseillère caprine à la chambre d’agriculture de l’Indre. « Le rendement fromager a été très nettement amélioré, se réjouit Vanessa Boisdet. Grâce à une formation suivie sur trois ans, nous avons réussi à passer de 1,8 – 2 litres pour un Pouligny à 1,5 – 1,6 litre. » Cela leur a permis de gagner 500 euros de plus pour 1 000 litres produits en trois ans. L’amélioration du taux protéique a également joué en faveur d’une bonne valorisation. Le TB moyen est de 37,4 et de 36,7 pour le TP. « L’augmentation des taux peut avoir différentes origines, souligne Florence Piédhault. Cela peut être dû à la fibrosité importante de la ration. Les chèvres produisent légèrement moins de lait depuis qu’elles reçoivent moins de concentrés, la concentration en protéine augmente donc. Enfin, cela peut provenir des boucs améliorateurs dont les effets commencent à se ressentir. » En effet, les inséminations artificielles représentent aujourd’hui 20 % des mises bas et les deux éleveurs sont en recherche de progrès génétique, notamment au niveau de la conformation des mamelles et de la production laitière.
Le progrès génétique du troupeau et la qualité du lait sont liés
L’arrivée de l’insémination artificielle dans le troupeau permet également la vente de quelques reproducteurs. Le choix des mères à chevrettes est aussi très important. Avec les données du contrôle laitier, les performances des animaux sont connues, ce qui permet de garder les chevrettes issues des mères ayant des bons taux. Le poids des fromages est aussi mieux maîtrisé, il doit être de 250 grammes lors de la vente, selon le cahier des charges du pouligny-saint-pierre. Enfin, le prix des fromages est augmenté tous les ans ou presque. Wilfried Falcotet voudrait parvenir à passer sous la barre du kilo de concentrés distribué tout en augmentant la production à 900 litres de lait produits par chèvre. La ration de concentrés a déjà baissé de 450 grammes par chèvre et par jour ces dernières années, s’établissant actuellement à 1,1 kg par chèvre par jour. « Dans Cap’tec, comme on raisonne non pas à la production mais à la marge brute, la baisse de production attendue après la diminution des concentrés dans la ration et la moins bonne qualité des fourrages liée à la météo n’ont pas impacté le résultat final. La marge brute aux 1 000 litres reste inchangée », explique la technicienne caprine.
"Un outil facilitateur pour le conseiller"
« Cap’tec est le seul outil qui permet de calculer la marge brute et qui met également en lumière sur quel poste il faut travailler. L’objectif pour l’éleveur est la pérennisation et le développement de son exploitation et, pour cela, savoir préciser quelle facette de la conduite zootechnique pourrait être un levier d’amélioration est un plus. Avec ce logiciel, nous, conseillers, et les éleveurs, eux aussi, ont un suivi annuel de l’évolution des postes, des produits et des charges. Cela nous facilite le travail, puisque tout cela est dorénavant plus visuel. Cap’tec est également un outil de comparaison incroyable, qui met en évidence les points faibles et forts de chaque exploitation, en lien avec la moyenne régionale. Cependant le logiciel pourrait encore évoluer. Des graphiques et tableaux de synthèse pour une remise des résultats en groupe pourraient être créés. Ce que les éleveurs recherchent lors de la remise de résultats en groupe, c’est non seulement de connaître l’évolution de leurs résultats, mais aussi de se comparer aux autres éleveurs présents lors de cette réunion. Il est bon de rappeler que les systèmes caprins sont très diversifiés (livreurs, fromagers, laitiers avec des systèmes d’alimentation très variés) et que pour comparer les résultats entre éleveurs, il faut un minimum de fermes suivies. Nous gagnons néanmoins beaucoup de temps avec cet outil, notamment sur des tâches compliquées telles que la saisie des données d’effectifs ».