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Chauffer ses volailles de chair à la biomasse

Prix du gaz propane fluctuant mais en hausse tendancielle, nouvelle taxe TICPE devant atteindre 331 €/t HT à moyen terme, incitations sociétales à émettre moins de gaz carbonique d’origine fossile, besoins énergétiques en hausse pour combattre les pododermatites… Les incitations à se tourner vers une source alternative au propane et renouvelable sont nombreuses. La biomasse, en particulier le bois, est le candidat idéal, du fait de son moindre coût à la calorie produite, de son abondance et de sa simplicité d’utilisation. La technologie du chauffage à biomasse est bien connue et maîtrisée, mais elle nécessite cependant un investissement important. À consommation énergétique égale, la biomasse est rentable sur le long terme et beaucoup plus rapidement en intégrant les gains zootechniques.

Il y a peu, le gaz était la ressource idéale pour chauffer les élevages avicoles, principalement de volailles de chair. Leur consommation moyenne oscille en moyenne de 4,5 kg de gaz/m2/an pour du poulet label rouge à 7,5 kg/m2/an pour de la pintade. C’est un hydrocarbure facile à transporter et à stocker à température ambiante dans des citernes et qui ne gèle pas. L’équipement est modulable selon le volume à chauffer et l’investissement est assez modeste. En revanche, il convient d’être très vigilant sur son entretien pour éviter les fuites, les mauvaises combustions, voire les incendies. De plus, les systèmes intérieurs émettent des gaz de combustion et de la vapeur d’eau préjudiciables à la qualité de l’ambiance et de la litière. Le principal inconvénient de cette énergie fossile est son coût de plus en plus élevé. Ses tarifs d’achat fluctuent au gré de la conjoncture et sont voués à une hausse inéluctable. Ils se situent aux alentours de 750 €/t, S’ajoute la nouvelle taxe intérieure sur la consommation de produits énergétiques (TICPE) destinée à culminer à 331 €/t en 2022. Son objectif est de financer la lutte contre le réchauffement climatique et d’inciter les alternatives à l’énergie fossile. Le coût du chauffage prendra donc une part croissante dans les charges variables des élevages de volailles de chair. Actuellement, cette part varie de 25 à 30 % selon les productions.

Réduire le coût de la calorie chauffage

Outre le coût, la fiscalité et le réchauffement climatique, la consommation de gaz tend à s’accroître. La réduction de l’usage des antibiotiques et l’exigence d’une baisse drastique des pododermatites, imposent de ventiler plus pour sécher les litières, donc de chauffer plus. C’est surtout le cas en poulet conventionnel. Une enquête de l’Itavi menée dans 115 élevages de poulets montre que ceux ayant moins de 10 % de pododermatites consomment en moyenne 8,96 kg de gaz/m2/an, soit 46 % de plus que ceux à plus de 30 % (6,13 kg/m2). L’enjeu n’est plus seulement de réduire la consommation de gaz en renforçant l’isolation, mais de trouver une calorie alternative coûtant moins cher que la calorie gaz. Cette source existe et c’est la biomasse, essentiellement le bois issu de la production ou du recyclage. D’autres combustibles sont possibles (switch Grass, miscanthus) mais imposent une chaudière polyvalente. Quant à la combustion de litière de volailles, elle est encore à l’étude.

Selon l’association Aile, une tonne de propane équivaut à 3,6 à 4 tonnes de bois (à 25 ou 30 % d’humidité). Pour un élevage de 3 000 m2 ayant deux poulaillers, le besoin annuel sera de l’ordre de 100 tonnes de bois-énergie. En considérant une production de bois-énergie de 2 à 5 tonnes par kilomètre de haie, il faut gérer 25 à 50 km de haies avec une rotation de coupe de 8 à 12 ans. Très peu d’aviculteurs seront autonomes, mais ils seront un débouché assuré et pérenne pour d’autres agriculteurs ou d’autres activités proches (industrie du bois, déchetterie).

Effet seuil pour l’investissement

Le principal facteur de blocage du chauffage à la biomasse est le montant élevé de l’investissement qui nécessite une surface minimale d’environ 3 000 m2, soit deux poulaillers. Selon Gaétan Laval, ingénieur à l’Itavi, il faut compter en moyenne 55 €/m2 de bâtiment (10 € avec radiant et 7 € avec canon). Hors subvention, le temps de retour calculé à consommation d’énergie identique est de l’ordre de 15 à 20 ans, mais tombe à moins de dix ans avec des subventions fluctuant selon les territoires. C’est sans compter sur l’amélioration des performances. Avec une calorie deux ou trois fois moins chère, l’éleveur chauffe beaucoup plus et améliore sa marge. Cela lui permet d’atteindre un temps de retour raisonnable. Comme le dit un éleveur qui vient d’investir, la chaufferie bois est un bâtiment supplémentaire qui dégage du revenu avec moins d’aléas et moins de travail qu’un poulailler.

La chaudière à litière se fait attendre

Installé en 2017 sur l’élevage-partenaire de la SCEA Ville aux Houx, dans le Morbihan, le prototype de la chaudière Vali de combustion de fumier de la société Exédia est toujours en développement. Le metteur au point Atanor bute sur le niveau en polluants toxiques des fumées pour l’instant encore légèrement au-dessus du seuil réglementaire. C’est qui empêche sa validation par l’administration. La date de sortie d’une version commerciale n’est donc pas annoncée. Le modèle commercial sera différent du prototype. Pour mieux répondre aux besoins des élevages, la combustion de litière produira 400 kW de chaleur et au moins 100 kW d’électricité. Avec le changement de turbinier, le rendement de la microturbine produisant l’électricité passera de 10 % à 30 %.


 

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