Charte des bonnes pratiques d’élevage : l’audit bien-être Boviwell désormais obligatoire pour les exploitations laitières
Dans la lignée du plan de filière France Terre de lait, le diagnostic Boviwell intègre la charte des bonnes pratiques d’élevage, ce qui le rend de facto obligatoire pour chaque exploitation livrant du lait. L’abreuvement et l’écornage des veaux feront partie des points à améliorer pour de nombreuses fermes.
Dans la lignée du plan de filière France Terre de lait, le diagnostic Boviwell intègre la charte des bonnes pratiques d’élevage, ce qui le rend de facto obligatoire pour chaque exploitation livrant du lait. L’abreuvement et l’écornage des veaux feront partie des points à améliorer pour de nombreuses fermes.
Construit comme une photographie d’ensemble du niveau de bien-être des bovins, l’outil de diagnostic Boviwell est désormais ajouté à la charte des bonnes pratiques d’élevage. Cette évolution de la charte, qui n’avait pas été modifiée depuis 2012, est la suite logique de la construction par l’interprofession du plan de filière France Terre de lait en 2017 et de sa responsabilité sociétale.
« Boviwell est une obligation de résultat mais pas de moyens », explique Guislain de Viron, premier vice-président de la FNPL. Ici, l’état d’engraissement ne sera pas évalué en fonction du nombre de places au cornadis ou d’un quelconque indicateur normé, mais grâce à une note d’état corporel. « Puis, s’il y a un problème, nous cherchons la raison », poursuit le syndicaliste.
Une démarche d’amélioration continue
« Ce n’est pas en imposant des réglementations que l’on optimise les progrès, mais c’est en maximisant les progrès individuels que l’on consolide les progrès collectifs », théorise Caroline Le Poultier, directrice du Cniel. Boviwell n’est pas conçu comme un audit de certification : à chaque diagnostic, le technicien définit avec l’éleveur un plan de progrès individuel propre à son exploitation.
Dans le détail, aux cinq libertés fondamentales (absence de faim ou de soif ; absence d’inconfort ; absence de maladie et de douleur ; absence de peur et de stress ; expression des comportements de l’espèce) est attribuée une série de seize indicateurs. À la suite de l’audit, un score est attribué à chaque indicateur. Ils sont ensuite agrégés pour classer l’exploitation selon quatre niveaux : excellent, supérieur, acceptable ou non classé.
« Les non-classés, s’ils veulent à terme continuer à être collectés, devront entrer dans une démarche de progrès. Le bien-être est une condition d’accès au marché », prévient Guislain de Viron. L’éleveur sarthois se dit néanmoins « pas inquiet » car « les non-classés seront une minorité ».
Objectiver des pratiques
« L’outil Boviwell permet de conforter l’éleveur dans ses pratiques, décrypte Luc Verhaegue, membre du bureau de la coopération laitière. Il permet également de rassurer les citoyens, les consommateurs et nos clients qui ont une forte demande sur le bien-être animal. » Et d’ajouter : « C’est une démarche de progrès et d’amélioration d’année en année. » À la suite d’un audit Boviwell sur sa ferme, l’éleveur du Nord a revu l’abreuvement de ses vaches. « C’est intéressant d’avoir un regard extérieur objectif qui apporte une vision un peu différente », prêche-t-il.
Il ne sera sûrement pas le seul à devoir réfléchir à la question de l’accès à l’abreuvement. « Souvent, il est bien dimensionné, l’eau est propre, explique Béatrice Mounais, responsable de projet bien-être et santé animale à l’Idele. Mais avec Boviwell, il faut que la vache ait le choix entre plusieurs zones d’abreuvement afin que les animaux dominés ne soient pas empêchés par les dominants. »
Pas de dépenses supplémentaires pour l’éleveur
Dans le Morbihan, sur l’exploitation de Marie-André Luherne, secrétaire générale adjointe de la FNPL, c’est l’ébourgeonnage des veaux qui a été signalé comme point à améliorer. « Nous utilisions une cage de contention. C’était toujours la corvée, nous n’avions pas envie de le faire. Grâce à l’audit, nous avons pu échanger sur les nouvelles pratiques avec anesthésie, qui se révèlent bien plus commodes », témoigne la productrice.
L’ébourgeonnage des jeunes veaux apparaît en effet comme un autre point critique. « C’est un vrai sujet à l’échelle de la filière », explique Béatrice Mounaix. Un écornage thermique et non chimique sur des veaux les plus jeunes possible (avant 4 semaines) est préconisé. Il doit être accompagné d’une prise en charge de la douleur combinant une anesthésie du nerf cornual pendant l’intervention et des anti-inflammatoires ensuite. « Le problème n’est pas le surcoût. Le principal frein, c’est l’organisation du travail. C’est un changement de pratique, il faut apprendre à faire différemment », explique la spécialiste.
Afin de ne pas alourdir la charge administrative qui pèse sur les producteurs, l’audit sera réalisé par le technicien qui effectue habituellement l’évaluation de la bonne application de la charte dans l’exploitation tous les trois ans. Les conseillers seront formés d’ici l’été. Côté dépense, rien ne change pour l’éleveur.
Une charte en perpétuelle évolution
Résultant de la crise de l’ESB, la première charte des bonnes pratiques d’élevage voit le jour en 1999 à l’initiative de la FNPL et de la FNB. Elle est alors soutenue par la Confédération nationale de l’élevage (CNE), le Cniel et Interbev. Sa première version consacre la traçabilité des aliments et des animaux. Elle a ensuite évolué avec la prise en compte des aspects sanitaires en 2003. Le bien-être animal est renforcé en 2007, suivi par de nouvelles exigences sur la sécurité sanitaire et sur les questions environnementales en 2012. Dans la version 2022, les chapitres environnement et bien-être animal sont étayés. Si, à l’origine, elle avait été conçue comme une démarche volontaire, elle est devenue, avec la fin des quotas, une démarche contractuelle entre le producteur et son collecteur.
La filière encourage le pâturage
« Si le pâturage ne peut à lui seul constituer un indicateur de bien-être animal satisfaisant, il est une des conditions importantes pour le bien-être des vaches », estime le Cniel. Si 92 % des vaches laitières ont, lors de leur lactation, un accès à un espace extérieur, que cela soit une aire d’exercice ou une pâture, depuis plusieurs années l’accès au pâturage régresse, tant en termes de nombre de vaches que de surface pâturée. « Avec France Terre de lait, la filière préconise l’accès au pâturage des vaches laitières », avise l’interprofession.
La question des vaches à l’attache
Dans les exploitations où l’attache est la norme en période hivernale, notamment en zone de montagne où l’accès au foncier est ardu, le score BoviWell de l’exploitation sera de fait borné car il y a privation de la liberté d’exercice. Un moyen d’améliorer sa note est d’offrir la possibilité aux vaches d’avoir un accès quotidien à une aire d’exercice ou au moins deux fois par semaine.