« C’est trop bien de planter des haies pour sauver la biodiversité » : dans la Sarthe, une journée à la Sica Gerfruit Mylord suscite des vocations
Grâce à l’association Des Enfants et des Arbres, des producteurs de la Sica Gerfruit Mylord Benoit Carreau et Romain Tessier ont accueilli 25 élèves de CM1-CM2 le 7 mars. Sensibilisation à la biodiversité, plantation de haies mais surtout une journée dédiée à la (re)connexion entre le monde agricole et la jeune génération : Benoit Carreau nous raconte, encore ému et enthousiaste, cette journée et l’organisation qu’elle a nécessité.
Grâce à l’association Des Enfants et des Arbres, des producteurs de la Sica Gerfruit Mylord Benoit Carreau et Romain Tessier ont accueilli 25 élèves de CM1-CM2 le 7 mars. Sensibilisation à la biodiversité, plantation de haies mais surtout une journée dédiée à la (re)connexion entre le monde agricole et la jeune génération : Benoit Carreau nous raconte, encore ému et enthousiaste, cette journée et l’organisation qu’elle a nécessité.




« Quand je serai grand, je veux être producteur de pommes. Je veux faire ça toute ma vie ! ». « On a adoré planter des arbres pour sauver la biodiversité. » « C’est trop bien de planter des haies en vrai [après avoir travaillé la biodiversité en classe avec la maîtresse] »…. : des phrases enthousiastes d’enfants venus mettre les mains dans la terre, certains pour la première fois, et qui ont réchauffé les cœurs des producteurs Benoit Carreau et Romain Tessier.
Les deux associés ont accueilli le vendredi 7 mars sur leur ferme La Pommeraye des Vignes (exploitation de pommes de la Sica Gerfruit Mylord), à Chenu dans la Sarthe, 25 élèves de CM1-CM2 de l'école primaire Les Peupliers de Vaas. Objectif de la journée : planter 200 mètres de haies avec 25 têtes blondes prêtes à en découdre avec le terreau et curieuses d’apprendre les problématiques de biodiversité sur une ferme, et même de découvrir le métier d’agriculteur.
Véritables corridors de biodiversité pour sédentariser une faune auxiliaire et lutter contre les insectes ravageurs, la haie a en outre un effet coupe-vent pour les pommiers.
« Nous plantons des haies chaque année dans nos vergers, explique à FLD le producteur Benoit Carreau, à l’initiative de l’événement avec son associé Romain Tessier. Cette journée est née d’un échange avec notre client Auchan, qui nous a parlé et mis en relation avec l’association Des Enfants et des Arbres dont il est mécène dans le cadre de sa démarche RSE. Le projet de l’association -faire planter des haies aux écoliers- faisait sens pour nous. On s’est donc mobilisés et on a monté un dossier pour faire venir le temps d’une journée les enfants sur notre site d'exploitation de vergers de pommes. »

Quel est le projet de l’association des Enfants et des Arbres ?
L’association Des Enfants et des Arbres invite depuis 2020 la jeune génération à planter des arbres avec et chez des agriculteurs des territoires. Un projet pédagogique qui vise à sensibiliser les enfants dès le plus jeune âge au retour des haies bocagères et au déploiement de pratiques agroécologiques dans le monde agricole. Qui permet surtout de reconnecter le monde agricole et les enfants de la région et faire naître une conscience quant à la biodiversité.
Pour cette 5e saison, la fin de l’hiver, ce seront près de 20 000 écoliers et collégiens de toute la France qui auront été mobilisés en prêtant main forte à 500 agriculteurs-rices, vignerons, éleveurs, céréaliers, maraîchers, avec la plantation de 140 000 arbres au bord ou au cœur de leurs parcelles.
« Une journée vraiment sympa » : visite de la station, atelier créatif et plantation de 300 arbres au programme
« C’était une journée vraiment sympa, porteuse de sens pour nous, pour les enfants, pour les collaborateurs surtout ceux dont les enfants faisaient partie de la visite, s’enthousiasme Benoit Carreau. On est sortis de notre quotidien. On a pu leur faire découvrir notre métier. On est très fiers de pouvoir présenter ce qu’on fait. Même si on évolue dans un milieu rural, beaucoup d’enfants n’avaient encore jamais fait de jardinage ou visité une ferme. »
« On est sortis de notre quotidien. On a pu faire découvrir notre métier aux enfants »
Le 7 mars donc, 25 enfants de CM1-CM2, accompagnés de l’équipe pédagogique et de parents accompagnateurs, ainsi que des équipes d’Auchan dont la directrice RSE, ont été mettre les mains dans la terre.
Avant cela, Mylord a tenu à faire visiter la station fruitière aux enfants, une visite « impressionnante », selon certains enfants. « Les parents de 4 enfants bossent chez nous. On a organisé les plannings pour qu’ils puissent faire la visite », glisse Benoit Carreau.
La visite guidée d’une heure a été suivie d'un atelier créatif “dessine une fresque” autour de la thématique de la biodiversité (« des fresques bluffantes », de l’avis du producteur), avant d’aller, après 1 km de marche à pied, planter la haie.
« 200 mètres de haie ont été plantés, soit quelque 300 arbres d’essences variées (noisetier, érable, sureau, cornouiller, viorne, charmille, orne, tilleul à petites feuilles), selon un plan validé par le service technique de l’OP [OP Fruits du Loir], explique Benoit Carreau. Il faut alterner les espèces hautes qui vont trouver la lumière et les espèces basses comme arbre de bourrage. Les enfants l’ont bien compris. Ils savaient déjà plein de choses car la professeur des écoles avait bien travaillé en amont avec eux. »
Les trous de plantation ayant été fait avant, les enfants ont planté, remis le terreau, joué de leurs arrosoirs. Le tout avec efficacité, puisque « en 1h30 » tout était planté. Le temps tout de même d’une petite bataille de terreau.
« On sentait les enfants très intéressés, ils posaient des questions, à l’inverse ils étaient aussi interrogés et ils ont retenu plein de choses !…, s’enflamme Benoit Carreau. Ils nous ont aussi dit avec leurs mots d’enfant à quel point c’est satisfaisant d’avoir les mains dans la terre… J’ai même entendu un enfant m’affirmer :“A mes 18 ans, je reviendrai faire la cueillette chez vous !” »
« Un enfant m’a même dit qu’il reviendrait faire la cueillette chez moi à ses 18 ans »
La haie plantée se situe à proximité d’une route que la plupart des jeunes jardiniers en herbe empreinte quotidiennement avec leurs parents. « Ils pourront ainsi voir pousser la haie », se réjouit Benoit Carreau.
Camille Giron, chargée de marketing et communication à Mylord, confirme l’intérêt palpable des écoliers : « Nous avons ressenti un réel engagement des enfants, ils étaient portés par la mission de préserver l’environnement. C’est un thème qui les intéresse. Que ce soit pendant la visite de l’entreprise, pendant l’activité créative ou encore pendant les 2h de plantation de haies, les enfants ont été super attentifs, intéressés et ont tous participés activement. C’était une belle journée de partage et de transmission. »
« Les enfants étaient portés par la mission de préserver l’environnement. C’est un thème qui les intéresse »

Comment organiser un tel événement ?
Alors bien sûr, une journée comme celle-ci ne s’improvise pas. Les producteurs et l’institutrice ont donné de leur temps et de leur énergie bien en amont du projet.
Pour que le projet tienne la route, il a fallu que le conseil technique de l’OP (ou de la chambre d’agriculture selon les cas) valide le projet. Puis les producteurs ont dû trouver une école et une équipe pédagogique prête à jouer le jeu.
Ensuite il a fallu organiser la venue des enfants : organisation des équipes à la station, sécurité passée au peigne fin…
Préparer la classe en amont
« Mon associé Romain [Tessier] s’était en amont rendu dans la classe pour expliquer un peu le métier et le programme de cette journée à venir. La professeur des écoles a rebondi ensuite avec toute une thématique autour de la biodiversité dans le cadre du programme de sciences nat’. Un des parents est menuisier, il a fourni à la classe des planches de différentes essences d’arbre. Tout le monde a joué le jeu, c’était génial ! », raconte Benoit Carreau.
« Un des parents d’élèves est menuisier, il a fourni à la classe des planches de différentes essences d’arbre »
Un financement grâce au mécénat d’Auchan
Côté financement, l’association Des Enfants et Des Arbres a financé les plants, le terreau et les outils pédagogiques. Auchan est mécène de l’association Des Enfants et Des Arbres via un arrondi en caisse. L’association de parents d’élèves a financé le car pour le transport des enfants.

S’investir dans les projets pédagogiques pour éveiller les consciences et les vocations
Abeilles et colonies de vacances : les autres projets pédagogiques de Mylord
Ce n’est pas la première fois que Mylord (Sica Gerfruit) s’investit en pédagogie envers les enfants. Juste avant le Covid avec la même école, les producteurs avaient réalisé une intervention en classe de grande section-CP sur les abeilles. Les enfants avaient notamment peint et décoré les ruches avant leur implantation en verger.
Et lors de l’été 2023, les vergers de Swing.bio de Mylord ont accueilli en camping une colonie de vacances de jeunes de 6 à 12 ans en partenariat avec Ekölon, une association qui organise des séjours-vacances pour des enfants de zones urbaines et péri-urbaines sur des principes fondateurs de reconnexion à la nature. Au programme cet été-là dans les vergers : cueillettes de fruits, découverte des pommiers, montage de cabanes à oiseaux, cuisine, observation de la biodiversité grâce à des filets à papillon…
3 expériences « hyper positives »
3 expériences que Benoit Carreau qualifie de « hyper positives ». « Ce sont des séquences qui nous mettent en valeur nous agriculteurs. On peut montrer le vrai visage de l’agriculture dans un contexte où elle est à tort décrier. C’est encourageant de voir l’intérêt de ces enfants pour les territoires agricoles, pour l’arboriculture, pour la vie de la biodiversité. On est en train de montrer que c’est une boucle, que tout est lié. On transmet, on donne du sens à nos métiers. Et peut-être qu’on intéresse et qu’on l’on créé des vocations. »
Alors même si ça demande un sacré investissement en temps, Benoit Carreau l’affirme : « Quand c’est possible, je recommande aux producteurs de s’investir dans ce genre d’initiative d’éveil des enfants. Vraiment. Ça vaut le coup, c’est important, c’est porteur de sens. »
« Ce genre d’initiative d’éveil des enfants, ça vaut le coup, c’est porteur de sens »