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Céleri branche : des itinéraires de production économes en pesticides

En évaluant les variétés, des stratégies alternatives de lutte et de maîtrise des adventices, le projet Celebre apporte de nouvelles références techniques plus économes en produits phytosanitaires pour la production de céleri branche.

Le projet Celebre a pour objectif d’évaluer des itinéraires techniques de production de céleri branche économes en pesticides en conditions pédoclimatiques du sud de la France. Conduit par l’Aprel et la Sica Centrex entre 2019 et 2021, il a permis de réaliser différentes actions : essais variétaux en plein champ et sous abri, évaluation de stratégies alternatives de protection, gestion raisonnée des adventices. « Nous avons cherché à établir des références pour les nouvelles variétés de céleri branche en culture plein champ pour le marché du frais. Les résultats obtenus permettent d’élaborer des préconisations variétales », a expliqué Claire Goillon, de l’Aprel, lors d’une visioconférence de présentation des premiers résultats.

Satisfaire les différents critères de commercialisation

L’Aprel a comparé une dizaine de variétés dans différents essais avec des dates de plantation étalées d’avril à juillet. Des mesures ont été effectuées sur le poids moyen avant et après parage, le taux de parage, la hauteur totale des plantes et des côtes. Les variétés ont été caractérisées aussi par d’autres critères tels que la couleur de la végétation, l’aspect du cœur et des côtes, les feuilles et la facilité de coupe. Enfin, la sensibilité aux nécroses et aux maladies a été relevée. « Les critères de commercialisation pris en compte ont été discutés avec les producteurs accueillant les essais. La fourchette idéale de poids net se situe entre 800 et 1 200 g. Les céleris inférieurs à 700 g sont écartés, ainsi que ceux supérieurs à 1 500 g. Par ailleurs, les caisses de conditionnement déterminent une limite de hauteur de céleri qui ne doit pas dépasser 60 cm pour entrer sans contraintes », précise la spécialiste.

Les deux premières années d’essais 2019-2020 réalisées par l’Aprel ont permis de retenir pour le plein champ Rumba (Bejo) et Conga (Bejo), comme « variétés intéressantes » ainsi que Mambo (Bejo) et 49-IT16RZ (Rijk Zwaan) comme « variétés moyennement intéressantes, à revoir ». « Face à Rumba, variété témoin de l’essai en 2020, Conga est également intéressante avec un bon poids net moyen supérieur au témoin et 100 % de plants commercialisables. D’une précocité intéressante pour le producteur, elle présente également un bel aspect esthétique et peu de parage », souligne le compte rendu.

Mambo présente un intérêt avec des caractéristiques assez proches du témoin mais un port plus ouvert, un peu moins esthétique. 49-IT16RZ présente un calibre inférieur mais un taux très correct de céleris commercialisables. En 2021, l’essai variétal sous abri en plantation de fin mars a mis également en avant Conga qui améliore le taux de parage de Rumba. D’autres variétés sont jugées intéressantes comme Paolo et PS8548 (Prosem) pour leur précocité et leur poids supérieurs au témoin. GV0621 (Voltz) s’est démarqué également par une facilité de coupe et un parage simplifié.

Les essais variétaux menés par la Sica Centrex ont été réalisés sur des créneaux de plantation de fin juillet (21/07) à début septembre (04/09) pour les essais de plein champ et de fin septembre (30/09) pour la culture sous abri. A l’automne (récoltes novembre-décembre), Darklet (Prosem) et Impérial (Rijk Zwaan) restent des valeurs sûres. Nanaki (Rijk Zwaan), présentant bien avec un faible parage et étant assez court, est à revoir (vérifier la sensibilité à la septoriose). Les deux variétés de Prosem : PS 8076 et PS 7676 ont aussi montré des résultats intéressants tout au long de la saison.

Mambo (Bejo) qui a une résistance intermédiaire à la septoriose, a montré de bons résultats en décembre, il fait beaucoup de cœur avec des côtes assez longues. Sur l’hiver (récolte février), Nanaki (Rijk Zwaan), Darklet et PS 7676 (Prosem) ont affiché les résultats les plus intéressants. Tout comme Octavius (Voltz) qui démontre une bonne résistance au gel. Cumbia (Bejo) est intéressante pour sa résistance à la septoriose, alors que Rumba (Bejo) fait beaucoup de cœur. Sous abri, Sanjit (Rijk Zwaan) et GV0621 (Voltz) ont montré une résistance intéressante à la nécrose interne alors que PS8076 et Darklet (Prosem), Imperial (Rijk Zwaan), et Octavius (Voltz) ont affiché un poids intéressant avec du cœur.

Une stratégie de lutte décomposée en trois périodes

Le projet Celebre est également destiné à la recherche des solutions alternatives au contrôle chimique de la septoriose, problématique d’importance sur céleri branche cultivé en plein champ en Provence qui peut être à l’origine de trois à quatre traitements fongicides par culture. Les essais réalisés par l’Aprel contre la septoriose ont mis en œuvre une combinaison de trois modes d’action sur l’ensemble du cycle cultural (voir encadré). « Le bilan de l’essai 2020, sous faible pression de la maladie, est positif : pas de dégât sanitaire observé, une réduction des IFT de 60 % et un produit de bonne qualité sans résidu », précise le compte rendu.

Toutefois, un nombre plus important d’interventions (10 passages contre 5 dans le témoin) et une stratégie plus coûteuse avec 700 euros dépensés par hectare (contre 400 euros) sont à relever. Le projet Celebre envisageait également de tester une stratégie de lutte contre Spodoptera littoralis, la noctuelle du cotonnier, qui peut être très prolifique et est présente depuis quelques années en région Paca, surtout sur le littoral. L’absence de ce ravageur dans la parcelle d’essai n’a pas permis d’évaluer cette stratégie. Une étude de l’efficacité de produits de biocontrôle en application foliaire contre les adventices sur céleri a également été réalisée à la Sica Centrex dans le cadre du projet Celebre avec des résultats satisfaisants (voir encadré).

Stratégie alternative contre la septoriose

1/Plantation + 1 mois : Gestion de l’inoculum dans le sol (spores) en utilisant Bacillus amyloliquefaciens (Rise P-Lallemand) avec un effet attendu d’antagonisme sur le champignon et une stimulation racinaire.

2/Plantation + 1 mois : Préparation de la plante aux agressions biotiques et abiotiques avec des applications de silice (BasfoliarSi - Compo) afin de renforcer ses parois cellulaires.

3/A la récolte : Réduction du développement du pathogène avec l’application de soufre en période à risque afin de bénéficier de l’effet asséchant et fongicide du produit (Heliosoufre-Action PIN). Celui-ci a été utilisé seul en préventif et associé à une demi-dose de chimique à détection des premières taches.

Un désherbage alternatif

La Sica Centrex a également conduit une étude de l’efficacité de produits de biocontrôle en application foliaire contre les adventices sur cultures légumières. « L’objectif de l’essai a été de vérifier l’efficacité de Beloukha en application inter-rang en culture maraîchère, notamment sur céleri », remarque Aude Lusetti, Sica Centrex. « Appliqué dans de bonnes conditions, à un stade précoce des adventices (2-4 feuilles), en prenant soin de ne cibler que les passe-pieds (utilisation de caches), le Beloukha s’est montré efficace dans la lutte contre les adventices sur une période automnale peu pluvieuse et dans le cadre d’une culture irriguée au goutte-à-goutte et paillée », souligne le compte rendu.

Son efficacité est bonne à très bonne sur toutes les espèces représentées sur la parcelle (annuelles, bisannuelles, dicotylédones et monocotylédones), avec une exception pour Erodium cicutarium contre lequel Beloukha atteint le seuil d’efficacité le plus bas, avec 40 %, 21 jours après le deuxième traitement. « Deux applications ont été nécessaires pour éliminer ou freiner la population de raygrass, liseron et Erodium », note la spécialiste.

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