[Cantal] Un contrat Egalim2 pour des génisses croisées avec Carrefour Contact
Quatre élevages ont signé un contrat conforme à Egalim2 avec Carrefour Contact de Jussac pour des génisses Salers croisées de trente mois.
Quatre élevages ont signé un contrat conforme à Egalim2 avec Carrefour Contact de Jussac pour des génisses Salers croisées de trente mois.
Depuis une dizaine d'années, des génisses étaient vendues de façon informelle en direct au Carrefour Contact de Jussac (Cantal) par quatre élevages de Salers qui sont à proximité immédiate du magasin.
Un pas vers davantage d'engagement a été franchi le 5 mai 2022, avec la signature d'un contrat conforme à Egalim2. Dans cette configuration, chaque élevage signe son contrat avec le magasin.
"Entre mi-mai et fin décembre 2022, trente trois génisses seront livrées", explique Denis Bonneau, chargé de mission à la Chambre d'agriculture du Cantal.
Le contrat porte sur des génisses Salers croisées Charolais, âgées de 26 mois minimum, au minimum R- et pesant au moins 350 kgC. Les génisses sevrées à neuf mois passent au moins une saison au pâturage, et ne reçoivent pas d'ensilage de maïs en finition.
Les éleveurs livrent eux-même les animaux à l'abattoir Covial, à Aurillac. Dans la formule de prix du contrat, la cotation "entrée abattoir" est donc adéquate telle quelle.
La formule de prix déterminable a été négociée à 20 % de la cotation FranceAgriMer de la génisse viande R+ et 80 % de l'indicateur du prix de revient validé par Interbev.
S'y ajoute une clause qui permet d'ajuster le prix de chaque bête à sa qualité bouchère par rapport à l'objectif de conformation R+. Elle est de 15 centimes par kilo de carcasse HT en plus ou en moins par tiers de classe.
Une actualisation de ces deux indicateurs sera effectuée tous les six mois. Le tunnel de prix est défini en pourcentage de variation de l'indicateur de prix de revient. Et une clause de "revoyure" si l'actualisation conduit à sortir d'une conjoncture normale figure également dans le contrat.
Les livraisons sont échelonnées entre les quatre élevages. Le contrat de chacun mentionne le nombre total d'animaux à livrer dans l'année, avec une marge de plus ou moins 20 %, et leur répartition par mois.
Une sécurisation du prix et des marges de manoeuvre pour les deux parties
"Nous avons l'habitude de produire ces génisses dans ces conditions" explique Benoit Lafon du Gaec d'Ayvals, à Jussac. "Nous nous sommes fait accompagner par la Chambre d'agriculture pour bien comprendre les mécanismes du contrat et pour sa rédaction."
Pour l'éleveur, le fait de travailler en direct avec le magasin, dont les bouchers réalisent la découpe sur place à partir de carcasses entières, a facilité la démarche de contractualisation.
Le prix de vente des génisses a beaucoup progressé par rapport aux habitudes d'avant. Et il sera revu forcément à la hausse dans les prochains mois avec l'actualisation des indicateurs.
"J'ai été d'abord un peu stupéfait, car je n'avais pas conscience du prix de revient des génisses pour les éleveurs" reconnait Steve Feuillet, directeur du Carrefour Contact de Jussac. "Avec un peu de recul, j'ai décidé de jouer le jeu, et de choisir la transparence."
"Nous perdons sept points de marge avec le contrat. Nous comptons retrouver ces sept points par un effort sur la qualité des génisses, qui sera valorisée grâce à nos bouchers" poursuit Steve Feuillet.
"Ce partenariat me permet de mettre en avant les produits locaux, ce que est notre politique sur l'ensemble du magasin. Il pourra aussi m'apporter de nouveaux clients."
Le directeur du magasin trouve aussi avec ce contrat une sécurisation de ses approvisionnements. Steve Feuillet et les éleveurs ont déjà convenu de faire monter - au rythme du renouvellement dans les troupeaux - le nombre de génisses contractualisées d'une dizaine de bêtes dans les prochaines années.
Le directeur du magasin ménage en parallèle une marge d'une dizaine de bêtes entre le volume de génisses contractualisées et ses besoins annuels totaux. Entre la rareté des vaches locales sur le marché (qui complètent les génisses contractualisées pour l'instant sur le début de l'année) et la grande inconnue que représente la consommation de viande dans les prochains mois, il est en effet indispensable de pouvoir s'adapter.