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Troupeau efficace et bonne gestion du croisement

À l’EARL de Brousse, dans le Cantal, Bruno Paran associe race pure et croisement pour ses 75 mères salers. Lauréat des derniers Sabot d’or, il finit toutes les femelles nées sur l’exploitation.

Sur la commune de Val d’Arcomie, à quelques centaines de mètres au sud du viaduc de Garabit, dans le Sud-Est du Cantal, l’exploitation de Bruno Paran associe bovins et ovins. Le cheptel salers a été initié par son père suite à une cessation laitière au début des années 1980. Il est conduit en vêlage d’automne avec finition de toutes les femelles nées sur l’exploitation. « Pour valoriser au mieux toutes les parcelles, et en particulier certains parcours accidentés en bordure de la Truyère, il y a toujours eu des ovins sur l’exploitation », précise Bruno Paran, également maire de sa commune et secondé par un salarié dans son travail au quotidien. La troupe ovine se compose de 240 brebis BMC, elles aussi conduites en sélection.

Avec les bovins, l’objectif est d’avoir le plus possible de vêlages sur septembre-octobre. « Je tolère quelques retardataires jusqu’à mi-décembre », note Bruno Paran. Les vaches qui doivent vêler après Noël sont vendues pour l’élevage ou mises à l’engraissement. Ce choix du vêlage d’automne est motivé pour trois raisons. « D’abord cela limite les problèmes de santé des veaux en hiver. C’est ensuite nettement moins gourmand en temps de travail et en surveillance comparativement à des vêlages de début d’hiver en bâtiments. Cela permet enfin de mettre en marché des broutards lourds à la période en principe la plus favorable », poursuit l'éleveur.

En fin d’été, les lots de vaches et génisses pleines sont amenés dans des parcelles proches des bâtiments et de la maison d’habitation. Pas question pour autant d’assurer une surveillance de tous les instants. Maire de sa commune, l’emploi du temps de Bruno Paran est pris par de nombreuses réunions et il n’entend pas non plus se lever la nuit pour surveiller ses animaux. Les bonnes aptitudes au vêlage de la Salers, associées à un choix de taureau judicieux, font que la plupart des vêlages ont lieu sans assistance. « Depuis que nous avons un cheptel allaitant sur l’exploitation, nous avons réalisé en tout et pour tout une seule césarienne », se félicite Bruno Paran. Le taux de mortalité des veaux n’a pas excédé 7 % au cours des quatre dernières campagnes. Il était de 6,6 % l’an dernier et 4,2 % en 2014.

Insémination et monte naturelle en bâtiment

La plupart des mises à la reproduction ont lieu en bâtiment en associant insémination animale (IA) et monte naturelle. Il y a trois taureaux sur l’exploitation : deux salers et un charolais. Un Salers est placé dans la case des génisses de 2 ans. Le second Salers et le Charolais sont quant à eux régulièrement déplacés d’une stabulation à l’autre au fur et à mesure que les vaches viennent en chaleur, sans pour autant rester en permanence dans les lots pour éviter tout accident et permettre une conduite plus judicieuse des accouplements. Une bonne vingtaine d’inséminations sont réalisées en complément chaque année. Un chiffre susceptible de quelques variations d’une année à l’autre suivant le nombre de vaches qui viennent en chaleur la même journée. En dehors des quelques IA en Charolais, les vaches inséminées sont globalement les meilleures mères. Elles permettent de faire naître une partie des génisses de renouvellement, mais également de renouveler régulièrement les taureaux salers utilisés en monte naturelle. Après avoir eu beaucoup recours à Basile et Gitan dans les années qui ont suivi la constitution du troupeau, Béguin, Baron et Fervent ont été les plus utilisés ces dernières campagnes.

Le taux de renouvellement oscillait entre 15 et 20 % ces dernières années. « Je conserve une bonne quinzaine de génisses salers au sevrage », précise Bruno Paran. Toutes sont mises à la reproduction en race pure pour un premier vêlage à 3 ans. Suivant le nombre de vaches qui seront réformées, quelques-unes sont commercialisées pleines à 30 mois. "Je vends celles qui me paraissent les moins intéressantes compte tenu de mes objectifs de sélection, explique l'éleveur. Je cherche de la croissance, mais je suis surtout très attentif à ne pas perdre le lait. » Même s’il faut un minimum, l’objectif n’est pas tant d’avoir des formats record que des vaches sans histoire, qui vêlent régulièrement et sans difficultés et surtout qui allaitent bien leurs veaux. « De bonnes aptitudes laitières, c’est essentiel pour faire des kilos à moindre coût en système allaitant ! »

Purs ou croisés, et quel que soit leur sexe, tous les veaux sont complémentés à compter de mi-novembre au moment de la rentrée à l’étable avec une association céréales + complémentaire rationnée à 1,5 kg/tête/j et libre accès à un râtelier de foin. Après la mise à l’herbe, la complémentation se poursuit pour les seuls lots de mâles et pour les femelles croisées. Avec cette conduite, les laitonnes salers ont réalisé l’an dernier des croissances moyennes de 920 g entre la naissance et le sevrage. Ces chiffres sont de 1 250 g pour les mâles, avec peu de différence entre purs et croisés.

Croisement pour les vaches les moins intéressantes

Après un premier vêlage en race pure, environ la moitié des primipares sont ensuite conduites en croisement. Cela concerne toutes celles analysées comme les moins intéressantes compte tenu de leur format, de leurs aptitudes laitières et de leur niveau d’indexation. « Je préfère des vaches qui ne seront pas forcément énorme côté poids de carcasses, mais qui vêleront très régulièrement chaque année à la même date tout en étant suffisamment laitières pour faire naître un broutard lourd qui pousse à moindre frais », résume Bruno Paran.  Le croisement est ensuite la meilleure façon de valoriser les moins bonnes reproductrices. Si ces dernières ne donnent pas satisfaction, elles prennent de toute façon rapidement la direction de la case d’engraissement. Une forte proportion des vaches sont valorisées en label rouge et doivent pour cela être vendues à moins de 10 ans. Mais cette limite d’âge ne concerne pas tous les animaux. Les meilleures mères qui vêlent régulièrement sans se décaler sont sans hésitation conservées au-delà de ce délai tant qu’elles donnent satisfaction.

Toutes les femelles sont finies

Pures ou croisées, la quasi totalité des femelles sont finies sur l’exploitation. L’objectif est de vendre la plupart des vaches dans le cadre du label rouge. Les derniers lots font état d’un poids moyen de carcasse de 420 kilos. Toutes les génisses croisées sont également finies sur l’exploitation. Leur itinéraire technique a cependant été revu en 2016. Jusqu’à cette date, elles étaient vendues entre 26 et 30 mois, pour un moyen de carcasse de 415 kilos. Depuis l’an dernier, la quinzaine de génisses croisées est destinée à une production de babynettes, avec de ce fait une date de mise en marché avancée d’environ douze mois. Ces génisses « primeurs » seront commercialisées dans le cadre d’un marché passé entre l’enseigne Casino et le groupe Altitude, qui commercialise la plupart des bovins produits sur l’exploitation. Pour la finition, la ration est similaire à ce qui était déjà pratiqué avec les génisses lourdes (ensilage d’herbe + foin + concentré fermier). En revanche, et contrairement à ce qui était réalisé jusqu'à présent avec les laitonnes croisées, le lot a bénéficié d’une complémentation sous la mère avec un concentré similaire à celui qui est distribué aux broutards, avec un GMQ de 1 050 g entre la naissance et le sevrage. 

Chiffres clés
75 vaches salers et  230 brebis BMC
139 ha dont 12 ha de céréales et 50 ha de prairies temporaires, le reste en prairie permanente
Avis d’expert

Pierre Rousset, Bovins croissance Cantal

"Un tri efficace"

« Le point fort de l’élevage de Bruno Paran est cette volonté de valoriser les différentes catégories de femelles finies dans des démarches qualité. Les performances à l’engraissement sont satisfaisantes avec une bonne connaissance du coût des itinéraires techniques de production.

Le taux de croisement est assez élevé, mais le taux de renouvellement demeure relativement important comparativement à bien d’autres élevages salers et permet un tri efficace de toute femelle à problème. Les meilleures vaches sont inséminées. Les deux taureaux salers en service sont nés sur l’exploitation et issus côté maternel d’une même lignée qui produisait très bien. Cela pourrait être analysé comme dangereux si le choix des différents accouplements n’était pas parfaitement bien géré afin de ne pas travailler en consanguinité rapprochée. » 

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