Retournement de matrice : une bonne préparation au vêlage permet de réduire les risques
Parmi les complications obstétricales, le prolapsus utérin est un incontournable en élevage bovins viande. Les vétérinaires Alice Nothhelfer et Christophe Sudraud livrent leurs conseils pour réduire les principaux facteurs de risques que sont l'hypocalcémie et les dystocies.
Parmi les complications obstétricales, le prolapsus utérin est un incontournable en élevage bovins viande. Les vétérinaires Alice Nothhelfer et Christophe Sudraud livrent leurs conseils pour réduire les principaux facteurs de risques que sont l'hypocalcémie et les dystocies.
Malgré une prévalence relativement faible, de l’ordre de 1 %, le prolapsus utérin n’en demeure pas moins une pathologie à prendre au sérieux, car il occasionne des risques importants pour la vache, et un stress difficilement maîtrisable pour l’éleveur. Il s’agit d’une urgence puisque la vie de l’animal est menacée. Cette expulsion utérine peut se produire soit directement après le vêlage soit lors de l’expulsion du placenta.
Une prédisposition anatomique au prolapsus utérin
De par leur anatomie particulière, les bovins sont naturellement prédisposés aux prolapsus utérins par rapport à d’autres espèces d'animaux domestiques. Les prolapsus utérins sont plus fréquents chez les vaches allaitantes (1% contre 0,6 % en élevage laitier), et particulièrement en race limousine.
L’inertie utérine est un facteur majeur à l’origine du renversement de matrice : l’abdomen se contracte sur un utérus atone qui finit par être expulsé. La cause principale à l’origine de cette atonie de l’utérus est le déficit en calcium et/ou en magnésium. La fatigue musculaire entraînée par un vêlage dystocique peut également aboutir à une inertie utérine qui favorisera son expulsion.
L'équilibre minéral joue un rôle déterminant
Les risques de prolapsus utérin peuvent être limités par une bonne préparation des vaches au vêlage. L’équilibre minéral de la ration avant vêlage notamment influe sur les deux facteurs de risque principaux : l’hypocalcémie et les dystocies. Les apports en calcium et en magnésium jouent en premier lieu sur les contractions musculaires. De la même façon, le vêlage est fortement consommateur de ces deux éléments. Maintenir un niveau sanguin suffisant en ces deux minéraux pendant toute la phase de vêlage constitue un enjeu déterminant de la préparation à la mise bas.
Pour cela, il est nécessaire d’équilibrer précisément les teneurs en éléments qui favoriseront les contractions utérines (calcium, magnésium, vitamine D, sélénium, vitamine E et Baca faible (balance anion-cation)), et ceux qui les pénaliseront (potassium, sodium, phosphore et Baca élevée).
Les rations majoritairement composées d’herbe sont un avantage indéniable pour améliorer l’autonomie protéique des élevages mais prédisposent les vaches à l’hypocalcémie par leur richesse en potassium. Pour maintenir et assurer la disponibilité du calcium sanguin, il faut impérativement gérer la Baca de la ration.
En cas de flambée de renversements de matrice dans un élevage, le premier conseil est d’apporter du chlorure de magnésium dont la quantité dépendra elle-même de la Baca de la ration distribuée (ordre de grandeur : 100 g/vache/jour, pendant trois semaines avant vêlage). Il est également possible d’utiliser du sulfate de magnésium et, dans une moindre proportion, du chlorure de calcium. Veiller également à enlever les tampons ruminaux que vous pouvez potentiellement intégrer dans les rations et notamment le bicarbonate de sodium, qui possède une BACA positive très élevée. En parallèle, une complémentation spécifique en vitamine D3 est recommandée.
La constitution de lots recevant une ration spécifique durant le neuvième mois de gestation est ainsi primordiale et passe nécessairement par une connaissance des dates de saillie et par une bonne maîtrise de la reproduction.
Des complications dramatiques à éviter
Les complications liées à un retournement de matrice sont nombreuses et peuvent être fatales (20 % de mortalité). La plus grave est l’hémorragie interne liée à la rupture d’une ou des deux artères utérines. La mort de la vache n’est pas forcément immédiate et peut se produire après réduction du prolapsus.
Une autre complication rencontrée est l’expulsion des intestins dans la matrice. En effet, même après l’expulsion de l’utérus, la vache continue à avoir des contractions abdominales qui peuvent conduire à la progression de la masse intestinale vers le bassin. Le volume et le poids important (utérus + intestins) peuvent conduire à un étirement sévère du muscle utérin et des vaisseaux sanguins, lorsque la vache est encore debout. La vessie peut également accompagner l’utérus. Il faut alors vidanger la vessie par ponction externe.
Cette pathologie a des effets directs sur l’utérus qui peut être endommagé ou blessé puisque la face interne se retrouve exposée au milieu extérieur. Enfin, de très nombreuses vaches qui ont subi un renversement de matrice présentent par la suite une métrite, dont il faudra poser le diagnostic précocement pour ne pas amputer les futures performances de reproduction.
Que faire en attendant le vétérinaire ?
Les concentrations minérales à viser avant vêlage
Ordre de grandeur des concentrations minérales à viser dans une ration de préparation mise bas en élevage allaitant