Relation Homme-animal : le « clicker training » pour éduquer les génisses
Travailler la relation Homme-animal présente de multiples intérêts, en particulier de limiter les accidents et de gagner du temps. Sophie Latapie, vétérinaire et formatrice, propose d’éduquer les génisses grâce notamment au « clicker training ».
Travailler la relation Homme-animal présente de multiples intérêts, en particulier de limiter les accidents et de gagner du temps. Sophie Latapie, vétérinaire et formatrice, propose d’éduquer les génisses grâce notamment au « clicker training ».
« Développer des interactions positives Homme-animal implique de travailler aux périodes sensibles, juste après le sevrage, à la mise à la reproduction et en fin de gestation, rappelle Sophie Latapie, vétérinaire à Confolens, en Charente, et formatrice. L’animal doit être actif dans l’établissement des contacts. Et la récompense alimentaire est plus efficace que les caresses seules pour améliorer la relation. »
Au sevrage, la spécialiste propose d’enrichir le milieu (pré, stabulation) avec des objets insolites (ballon, jouets, mannequin pour habituer à la silhouette humaine…) et à changer tous les trois ou quatre jours. « L’objectif est de développer la curiosité et l’attrait de la nouveauté et de réduire l’émotivité des animaux. » Il faut aussi habituer les animaux à la récompense alimentaire par des visites avec des seaux contenant du sel, des céréales en restant à proximité, de sorte que les animaux viennent manger à vos pieds, et en les déplaçant plusieurs fois. L’éleveur propose le contact pour désensibiliser toutes les zones, notamment la tête. « On peut d’abord caresser les "dociles naturelles". Si elles acceptent et montrent des signes d’appréciation, les autres suivront. »
Associer comportement et récompense
Une période clé est la mise à la reproduction. « On peut alors éduquer individuellement chaque génisse, indique Sophie Latapie. Et pour cela, le clicker training, qui permet de créer un lien de confiance entre l’humain et l’animal, est l’outil le plus efficace. » Le clicker est un petit objet avec un bouton qui émet un léger craquement quand on appuie dessus. Le principe : l’éleveur clique quand l’animal présente le comportement voulu, puis le récompense avec quelque chose qu’il apprécie.
Trois étapes sont à respecter. La première est le jeu du clic bonbon, dont l’objectif est de faire le lien entre clic et nourriture. Le clicker dans une main, d’abord caché puis sorti, on clique puis donne une friandise avec l’autre main. Cet exercice est à répéter dix fois. Le choix de la bonne récompense favorise la motivation de l’animal. Pour certains, c’est de la distribution d’aliments et pour d’autres, c’est seulement du grattage.
La seconde étape est le touché-cliqué, qui vise à ce que l’animal fasse le lien entre son comportement et l’obtention de la récompense. Il s’agit de présenter un objet suscitant sa curiosité qui sera la cible (bouteille plastique, jouet…). Cliquer si l’animal le flaire. Cacher l’objet dans le dos, récompenser. Présenter ensuite la cible à 20 cm du mufle. Cliquer dès que l’animal la touche. Cacher la cible et récompenser. C’est à répéter trois ou quatre fois. L’exercice est à varier par la nature de la cible et sa position (sur le côté, plus haut, plus bas, au sol).
Apprendre un comportement voulu
La troisième étape est d’apprendre un comportement voulu en décomposant la tâche. Pour l’apprentissage du licol par exemple : faire toucher le licol comme si c’était la cible, cliquer, récompenser. Passer la corde sur le dos, cliquer, récompenser. Se rapprocher de l’encolure. Boucler le licol sur l’encolure quelques secondes. Cliquer, récompenser. Retirer le licol dans l’immobilité, cliquer, récompenser. Augmenter le temps de contact (cinq secondes, dix secondes…). Mettre la boucle autour du mufle deux secondes. Cliquer, récompenser. Augmenter la durée de contact. Mettre le licol autour du mufle, puis le fermer autour de l’encolure. Cliquer, récompenser. Idem au retrait.
Il faut toujours obtenir trois réussites avant de passer à l’étape suivante. En cas d’échec, l’éleveur revient à la précédente. Cet apprentissage pourra ensuite être décliné pour apprendre à marcher au licol, mener une vache à la longe, passer la tête au cornadis, circuler dans un couloir de contention, entrer dans une bétaillère, passer sur une balance, s’entraîner aux soins médicaux…
Enfin, six semaines avant vêlage, Sophie Latapie conseille de passer quelques minutes par jour à caresser ou à brosser chaque génisse.
Le test de fuite pour évaluer la relation Homme-animal
Le test de fuite consiste à bloquer au cornadis un lot de bovins puis à se placer dans le couloir d’alimentation, à 4 ou 5 mètres de la tête des animaux. On s’approche alors d’eux avec le bras vers l’avant, faisant un angle à 45 degrés, en marchant à la vitesse d’un pas par seconde. La distance à laquelle l’animal commence à vouloir reculer est la distance de fuite. L’objectif est d’obtenir la distance de fuite la plus faible possible.