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« Quand on sème le maïs au strip-till, c’est le sol qui décide »

Le Gaec de la Charmille, à Contest en Mayenne, pratique ses semis de maïs en strip-till depuis dix ans. Cette technique d’implantation donne de bons résultats, à condition d’avoir une approche agronomique rigoureuse.

Sébastien Montaufray et Gabriel Sauvage du Gaec de la Charmille, Mayenne
Sébastien Montaufray et Gabriel Sauvage, associés du Gaec de la Charmille à Contest (Mayenne), suivent attentivement le niveau de ressuyage de leurs sols avant de réaliser le semis de maïs en strip-till.
© H. Masserot

« Avec le strip-till, il faut faire preuve de patience et accepter de semer le maïs huit à dix jours plus tard que les voisins qui labourent. Il est en effet primordial d’intervenir lorsque le sol est suffisamment ressuyé pour mettre toutes les chances de son côté », soulignent Gabriel Sauvage et Sébastien Montaufray, associés du Gaec de la Charmille, à Contest en Mayenne. Ces jeunes éleveurs laitiers sont installés sur une exploitation en non-labour depuis environ vingt ans. Leurs premiers pas en strip-till remontent à 2014. « Nous utilisons cette technique uniquement pour le maïs. Les deux premières années ont été assez difficiles, car nous avions fait appel à une ETA qui n’était pas intervenue en conditions idéales », se rappelle Sébastien Montaufray. L’acquisition en 2016 par la Cuma de Contest d’un strip-tiller Duro-France et d’un semoir monograine Kuhn Maxima doté de cinq rangs espacés de 60 cm, a permis aux agriculteurs de mieux travailler en intervenant au bon moment, mais aussi de peaufiner leurs pratiques. « L’interrang de 60 cm a été retenu pour assurer aussi l’implantation du colza dans d’autres exploitations. Avec cette culture, ça se passe généralement bien, puisque le semis a lieu l’été en conditions sèches », indique Gabriel sauvage.

Un contrôle régulier du niveau de ressuyage

 

 
strip-tiller Duro-France et semoir monograine 5 rangs Kuhn Maxima 2  à 60 cm d'écartement
Le semoir monograine 5 rangs attelé au strip-tiller de la Cuma de Contest (Mayenne) présente un interrang de 60 cm pour réaliser les implantations de maïs et de colza. © Hervé Masserot

Pour le semis des 25 hectares de maïs au strip-till, les deux associés reconnaissent qu’une approche agronomique sérieuse est indispensable. « Comme c’est le sol qui décide de la date de semis, nous passons dans chaque parcelle pour faire des profils culturaux, afin de vérifier le niveau de ressuyage. Si en frottant la terre dans les mains il se forme un pâton, il ne faut surtout pas y aller avec le strip-till, au risque de lisser le sillon et de créer un environnement défavorable au développement racinaire, remarquent les agriculteurs. La terre doit être friable jusqu’à au moins 20-25 cm, profondeur à laquelle les dents du strip-tiller agissent. » Les éleveurs soulignent qu’il est important que le sol soit également ressuyé sur les premiers centimètres pour garantir un bon lit de semence. Comme ils apportent dans certaines parcelles du lisier à la buse avant de semer, ils doivent parfois attendre plus longtemps que le sol se ressuie en surface, alors qu’en profondeur les conditions sont bonnes. « En 2023, nous avons dans certains champs attendu jusqu’à début juin. Il faut aussi accepter de s’arrêter en cours de chantier, si les conditions de semis ne sont plus favorables. »

Un déchaumage superficiel systématique

 

 
Tracteur Case IH Puma 165 avec strip-tiller Duro-France et semoir monograine 5 rangs Kuhn Maxima 2
Attelé au tracteur Case IH Puma 165 de la Cuma de Contest (Mayenne), le strip-tiller Duro-France attelé au semoir monograine Kuhn Maxima 2 de 5 rangs, est utilisé à une allure de 5 km/h. © Gabriel Sauvage

Avec le strip-till, Sébastien Montaufray et Gabriel Sauvage observent une meilleure portance du sol et moins d’érosion. Ils ne rencontrent plus de problème de battance dans leurs terres à 76 % de limons. Ils remarquent également une meilleure vie du sol avec davantage de vers de terre. Vu le faible nombre de cultures dans leur rotation, ils ne cultivent le maïs que derrière une prairie ou un couvert végétal semé après céréales. Dans tous les cas, ils réalisent un traitement en plein au glyphosate et un déchaumage superficiel avant le semis. « Sur prairie, nous passons désormais systématiquement un coup de rotavator à 3-4 cm de profondeur pour casser le tissu racinaire. Cette intervention crée de la terre fine et procure un bon contact terre graine, indiquent-ils. Sur couvert végétal, nous incorporons le lisier avec un passage de déchaumeur à disques indépendants. » Le semis est exclusivement réalisé avec le combiné strip-till et semoir monograine attelé au tracteur de 165 chevaux de la Cuma. Le débit de chantier reste limité à un hectare par heure, car l’ensemble évolue à une vitesse maximale de 5 km/h. « Il est important de ne pas rouler trop vite, afin que les dents du strip-tiller travaillent correctement et que le semoir referme et rappuie bien le sillon. »

Lire aussi : De réels avantages à incorporer le lisier et le digestat au strip-tiller

Un coup de rouleau après le semis

 

 
Tracteur Case IH Puma 165 avec strip-tiller Duro-France et semoir monograine 5 rangs Kuhn Maxima 2
Le strip-tiller Duro-France de la Cuma de Contest (Mayenne) est exclusivement utilisé en combinaison avec un semoir monograine 5 rangs Kuhn Maxima 2. © G. Sauvage

Après le semis de maïs, les agriculteurs passent systématiquement le rouleau pour aplanir la surface. « Cette intervention améliore l’efficacité du traitement de pré-levée et assure une levée plus régulière des adventices pour le désherbage de rattrapage. En précédent prairie, si le glyphosate a bien agi, il nous arrive de ne pas faire de désherbage de pré-levée et de nous contenter d’un seul traitement de rattrapage », remarquent-ils. Sébastien Montaufray et Gabriel Sauvage soulignent que l’interrang de 60 cm permet au maïs de couvrir plus vite le sol et de prendre ainsi plus rapidement le dessus des mauvaises herbes. Toutefois, ils reconnaissent que le strip-till demande d’être exigeant dans la gestion des adventices et qu’il faut également bien observer les parcelles pour prévenir les attaques de limaces. « Les années humides sont favorables aux limaces et il faut donc rester vigilant, même si leur développement semble plus limité depuis que nous réalisons un travail superficiel avant le semis. » En termes de rendement, les exploitants annoncent en maïs des valeurs comparables à celles des itinéraires avec labour.

Garantir un bon rapport C/N

Sébastien Montaufray et Gabriel Sauvage sont attentifs aux bonnes teneurs en éléments nutritifs du sol. « Nous apportons de la potasse pour éviter les carences du maïs. Nous épandons également de l’azote, car en strip-till la minéralisation est moins rapide qu’avec le labour. Cet apport d’unités azotées garantit un bon rapport C/N qui permet la décomposition de la matière organique en surface, sans nuire à la nutrition de la plante cultivée », expliquent-ils. Les associés n’utilisent en revanche pas d’engrais starter.

Le Gaec de la Charmille en chiffres

110 vaches laitières

80 bovins viande

135 ha de SAU

90 ha de prairies

25 ha de maïs

20 ha de céréales

1 ha/h de débit de chantier avec le strip-tiller de 3 m

50 €/ha pour le strip-tiller et semoir monograine 5 rangs en Cuma

22 €/h pour le tracteur de 165 ch (hors GNR et AdBlue)

44 €/ha pour le rotavator de 3 m

11 €/ha pour le déchaumeur à disques indépendants de 5 m

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