Peut-on semer tout type de graines avec un monograine ?
Les semoirs monograines du marché acceptent les graines les plus courantes, mais présentent parfois des différences de performances avec certaines semences plus spécifiques. Leur polyvalence passe aussi par la capacité à proposer plusieurs interrangs.
Les semoirs monograines du marché acceptent les graines les plus courantes, mais présentent parfois des différences de performances avec certaines semences plus spécifiques. Leur polyvalence passe aussi par la capacité à proposer plusieurs interrangs.
De plus en plus d’agriculteurs recherchent des semoirs monograines polyvalents capables d’implanter diverses cultures à des interrangs différents. Il est en effet plus économique d’investir dans un seul appareil pour tout faire. La première condition est d’opter pour un châssis à interrang variable ou indexable hydrauliquement. Ce principe est au catalogue de la plupart des constructeurs, tels qu’Amazone, Horsch, Kuhn, Kverneland, Maschio Gaspardo (excepté sur la gamme Chrono), Monosem… Seul Väderstad ne dispose pas de cette technologie sur son fameux Tempo. Il est toutefois possible sur ce monograine de retirer des éléments pour passer, par exemple, de 12 à 8 rangs. Cette modularité est également possible avec d’autres marques, à l’instar d’Amazone qui la propose sur le Precea à châssis repliable de 6 m de large.
Le confort de l’indexation hydraulique
Le système le plus rapide reste l’indexation hydraulique. « Pour des usages à 6-7 km/h, les mécanismes de réglage de l’interrang vieillissent assez bien. Mais attention, pour des semis à vitesse élevée, il est important de choisir un montage suffisamment robuste », avertit Vincent Herpin, spécialiste équipements à la concession Vivagri (Calvados, Ille-et-Vilaine et Manche). Selon les marques, les châssis indexables présentent des différences de conception et tous n’assurent pas le réglage automatique de l’ensemble des composants. « Sur le Kuhn Maxima 3, en plus de déplacer automatiquement les dispositifs de localisation de l’engrais et des microgranulés, le système d’indexation breveté positionne les roues porteuses en fonction de l’espace entre rang sélectionné », précise David Hild, responsable produits chez Kuhn. En complément du châssis variable, Amazone et Horsch commercialisent des versions 6/7 rangs avec lesquelles il est possible de relever le septième élément pour travailler avec un plus grand interrang. Monosem propose aussi cette solution pour le ValoTerra avec le châssis Multislide proposé en configurations 7/6, 8/6 et 9/8 rangs.
S’adapter à la taille et à la forme des graines
Les cultures classiques, comme le maïs et le tournesol, sont bien maîtrisées par les appareils de l’ensemble des constructeurs. Les autres, telles que la betterave, le colza, le quinoa, le soja, la féverole, le haricot ou bien encore l’arachide, créent une grande diversité de tailles et de formes de graines qui peuvent poser des problèmes. La plupart des constructeurs interrogés indique pourtant que leurs appareils sont capables de tout semer. Certaines marques reconnaissent que les différences de conception des distributions et la présence d’un système de guidage actif ou de rappuyage de la graine peuvent agir sur la polyvalence. Par exemple, les mécanismes d’accompagnement à courroie à brosse, proposés par John Deere sur l’ExactEmerge et Monosem sur le ValoTerra Ultimate, n’acceptent que les grosses graines. « Le dispositif d’accompagnement Active Seed Guidance (ASG) de notre monograine est pour le moment uniquement validé pour le maïs et le tournesol, reconnaît Flavien Cattoni, chef produit Monosem. Nous l’avons conçu amovible, afin que l’utilisateur puisse le remplacer rapidement par un tube de descente pour les autres semences. »
La roue de rappui dynamise la levée
Monosem a développé l’ASG pour autoriser de grandes vitesses de travail avec le ValoTerra : jusqu’à 18 km/h en bonnes conditions. La firme française propose également ce modèle en version standard, moins rapide (maxi 10-12 km/h) et équipé uniquement de goulottes pour conduire la semence depuis les unités de dosage jusqu’au sol. « Les deux variantes de ValoTerra disposent de la roue Pro, qui reproduit le coup de pouce du jardinier pour un bon contact terre graine », précise Flavien Cattoni. La roue de rappuyage reste facultative et peut généralement être désactivée en conditions difficiles sur les modèles fonctionnant par dépression, comme le ValoTerra, le Horsch Maestro AirVac (RV), le Kverneland HD-II ou encore les Kuhn Kosma et Maxima 3. Elle est en revanche une pièce incontournable sur les monograines disposant d’une distribution fonctionnant sous pression, comme l’Amazone Precea, le Horsch Maestro AirSpeed (RX), le Kverneland SX et le Väderstad Tempo. Elle s’avère également indispensable sur le monograine Chrono de Maschio Gaspardo, qui se distingue par l’utilisation d’une distribution fonctionnant en dépression pour la sélection de la graine, et d’un circuit de transport de la semence sous pression.
Des différences de vitesses entre pression et dépression
Dès que la graine est convoyée dans un flux d’air, la roue de rappui joue un rôle essentiel en la stoppant dans sa course et en lui évitant de rebondir dans le fond du sillon. Elle ne peut donc pas être désactivée en terres collantes. « La conception souple de certaines roues de rappuyage, comme celles équipant le Väderstad Tempo, permet toutefois d’intervenir en conditions humides », remarque Vincent Herpin. Kverneland et Horsch partagent la même approche en termes de performances des deux grands types de distribution. Ces deux marques considèrent les systèmes à dépression comme les plus polyvalents et elles les conseillent aux agriculteurs semant une grande diversité de graines. La principale contrainte est la vitesse maximale conseillée de travail, qui se situe entre 10 et 12 km/h.
Pour le fonctionnant sous pression, l’allure de travail est plus importante (15 à 20 km/h selon les appareils et l’état du sol), mais la polyvalence s’avère inférieure, du fait de la présence indispensable de la roue de rappuyage. « Dans le cas d’un semoir avec lequel la semence tombe au sol par gravité, le risque est moindre que les petites graines rebondissent hors du sillon. Pour les betteraves, même si notre monograine SX à pression fonctionne, nous conseillons plutôt le modèle HD-II à dépression », indique Olivier Ramspacher, responsable produit Kverneland France. « Par rapport aux distributions à dépression, celles à pression obligent à semer plus profond (entre 1,5 et 2 cm) pour limiter les risques de rebond et ceci peut se révéler incompatible avec les graines les plus petites. Nous proposons cependant des socs sillonneurs plus étroits qui garantissent un bon placement des plus petites graines et évitent leur rebond », précise Hugo Pechinez, responsable produit Horsch.
Lire aussi : VIDEO - 14 points clés de maintenance pour bien travailler avec son semoir monograine Väderstad Tempo
Des disques capables de distribuer jusqu’à 700 000 graines par hectare
La conception des disques des unités de distribution varie selon les marques, mais l’objectif reste le même : semer une grande diversité de graines et répondre aux exigences en termes de densité de semis par hectare.
Pour s’adapter aux différentes tailles de graines, les fabricants proposent un large choix de disques pourvus de trous dont le diamètre est adapté à chaque taille de semence, et le nombre est en fonction de la population par hectare souhaitée. Certains comme Amazone, Maschio Gaspardo, Horsch et Väderstad utilisent des disques en matériau composite. « La fabrication en matière plastique nous permet de produire des disques de différentes couleurs (vert pour le maïs, orange pour le tournesol…), afin d’éviter les erreurs lors de leur montage. Il est ainsi facile de vérifier visuellement que toutes les distributions sont correctement équipées », souligne Baptiste Millet, chef produit chez Amazone. D’autres marques fabriquent les disques de sélection en Inox, à l’instar de Kuhn, Kverneland et Monosem. « L’Inox permet de personnaliser facilement le nombre de trous et leur diamètre pour des demandes spéciales », remarque David Hild, responsable produit chez Kuhn.
Différentes tailles de trous pour le maïs
« Notre catalogue comprend des modèles comptant de 15 à 96 trous pour répondre aux différentes populations souhaitées, précise Hugo Pechinez, responsable produit Horsch. Pour le maïs, par exemple, nous proposons plusieurs diamètres de trous, afin de s’adapter aux différentes tailles de graines. » Pour des semences à fort dosage par hectare comme le soja (jusqu’à 700 000 graines), Horsch et Maschio Gaspardo disposent de disques à deux rangées de trous. « Sur nos semoirs ValoTerra, l’utilisation de moteurs électriques 56 volts pour animer les distributions autorise une grande plage de réglages pour satisfaire à tous les dosages. Ainsi, nous sommes capables de réaliser les semis de soja à forte densité avec des disques à une seule rangée de trous », indique Flavien Cattoni, responsable produit Monosem. Les modèles à une rangée de trous restent d’ailleurs la norme chez la plupart des constructeurs, y compris pour les populations de semis les plus importantes.
Mettre du talc améliore la fluidité des graines
L’ajout de talc dans la trémie, au moment du remplissage, améliore la fluidité de la semence et garantit ainsi un meilleur fonctionnement des distributions. L’équivalent d’une cuillère à soupe par dose suffit et l’effet est particulièrement visible avec les enrobages collants. En Amérique, ils utilisent quasi systématiquement du graphite pour obtenir le même effet (avec des doses préconisées). Le talc s’avère d’ailleurs recommandé, voire incontournable, pour des graines comme la silphie et même pour le colza avec certains semoirs à distributions dotées de disques en matériau composite plus sensibles aux perturbations liées à l’électricité statique.