Partager le matériel ou déléguer les travaux pour réduire les coûts de mécanisation ?
Une étude de l'Inrae en élevages bovins viande du Centre de la France fait le point sur les stratégies de mécanisation.
Une étude de l'Inrae en élevages bovins viande du Centre de la France fait le point sur les stratégies de mécanisation.
Une étude a été réalisée sur les résultats des cinq dernières années disponibles du réseau d’élevages Inrae bovins allaitants charolais, soit de 2012 à 2016. L’échantillon concerné comprenait 66 exploitations qui ont été classifiées selon leurs stratégies vis-à-vis de la mécanisation. Trois groupes ont été constitués : le groupe "en propriété" (29 élevages), le groupe "Cuma" (17 exploitations) et le groupe "entreprises" (20 exploitations). Aucune exploitation n’avait recours à un seul mode d’utilisation du matériel. Elles ont donc été groupées selon la part respective des charges allouées au poste Cuma et au poste travaux par tiers.
Des charges et des coûts identiques
Aucune différence significative n’a été mise en évidence entre les trois groupes concernant la taille des exploitations, le nombre d’hectares de cultures annuelles, la part des cultures annuelles dans la SAU, le nombre d’UGB, la production de viande et la productivité physique du travail. Les agriculteurs des trois groupes gèrent des structures semblables. « L’autre fait marquant, les charges de mécanisation par hectare de SAU ou par kilo de viande vive produit sont identiques, même si la composition des charges est différente. Enfin, ce travail a également fait ressortir une tendance (non significative) pour les exploitations ayant le plus recours au Cuma, à avoir des charges de mécanisation par hectare légèrement plus élevées que les autres exploitations », souligne Patrick Veysset.
Plusieurs hypothèses peuvent expliquer ce résultat surprenant. Tout d’abord, les Cuma permettent d’avoir du matériel plus puissant et performant que s’il était acheté en propre, l’investissement est donc plus important. De plus le matériel est renouvelé plus régulièrement d’où une durée d’amortissement relativement courte. Le matériel tracté (travail du sol, tonne à lisier, épandeur à fumier…) des Cuma est souvent de grande dimension et/ou de grande capacité, ce qui nécessite une puissance de traction conséquente. Par ailleurs, certains agriculteurs ont des parts dans du matériel en Cuma tout en maintenant ce type de matériel en propriété. Ce matériel en doublon, même ancien, génère des coûts (entretien, assurance, place de stockage).
Les agriculteurs faisant le plus appel à des ETA ont tendance à avoir des charges de mécanisation par hectare parmi les plus faibles. « Si ces coûts leur paraissent parfois élevés, tout est intégré (matériel, amortissement, entretien, carburant, main-d’œuvre). Les agriculteurs délégant aux ETA peuvent ainsi se concentrer sur d’autres tâches, notamment sur leur troupeau », observe Patrick Veysset.