Ouvrir de nouveau
Si les chirurgiens de l’espèce humaine nous voyaient faire nos césariennes, ils n’en reviendraient pas ! Opérer une vache debout, se servir de l’eau du forage puisée dans un seau et aller chercher par le flanc un veau dont les pattes étaient tout à l’heure souillées par de la bouse a évidemment pour eux quelque chose de surréaliste. Il n’est donc pas étonnant que de temps à autre une césarienne dérape en péritonite et ce qui compte dans ce cas c’est de pouvoir la corriger quand il est encore temps.
Rien à signaler du côté de la vache, une primipare prise en charge au bon moment, sans être épuisée et dont le cuir était propre. Rien à signaler non plus du côté de la césarienne qui s’est parfaitement déroulée sans aucun incident et avec une ouverture utérine toute droite et bien contrôlée. Rien à signaler enfin ni du côté de l’expulsion du placenta garant d’une bonne vidange utérine ni du côté de l’antibiothérapie habituelle... Alors pourquoi cette vache a-t-elle commencé à dévisser le deuxième jour qui a suivi la césarienne et qui le troisième ne mangeait que du bout des dents avec 39,2° de température ?
Quand il faut y aller
Qu’est-ce qui pourrait être responsable de cette anorexie ? Des toxines ? Mais la mamelle est normale et il n’y a pas de diarrhée. Une douleur comme celle provoquée par un hématome du ligament utérin ou alors le décollement du bassin ? L’intestin endommagé ? La suture utérine rompue ou une péritonite malgré l’antibiothérapie en cours ?
Attendre au lendemain ne sert au besoin qu’à perdre des chances de récupérer cette vache. Et la voilà de nouveau le ventre ouvert pour découvrir un placard de fibrine entre le rumen et la paroi abdominale, une suture utérine parfaite, des boyaux en bon état et un ligament normal. C'est donc une péritonite par contamination. Après un nettoyage et un grand lavage à l’iode, je referme et prescris avec succès une antibiothérapie de seconde intention. Quand une vache à césarienne bricole, faites donc comme Yves, parlez-en au véto, même le dimanche.