Nutrition animale : réussir la décarbonation sans décapitalisation
Le Snia réaffirme que la décarbonation de l’élevage peut se réaliser sans décapitalisation et alerte sur les côtés pervers de la stratégie nationale. Le syndicat des industriels français de la nutrition animale s’engage à réduire de 20 % les émissions de gaz à effet de serre des activités d’élevage entre 2020 et 2030.
Le Snia réaffirme que la décarbonation de l’élevage peut se réaliser sans décapitalisation et alerte sur les côtés pervers de la stratégie nationale. Le syndicat des industriels français de la nutrition animale s’engage à réduire de 20 % les émissions de gaz à effet de serre des activités d’élevage entre 2020 et 2030.
Encore en baisse au premier semestre 2023 (-1,9 %), les tonnages d’aliments pour animaux reflètent d’une part des éléments conjoncturels comme l’influenza aviaire ou l’impact du climat sur la capacité des éleveurs de ruminants à produire leurs fourrages, et d’autre part des éléments structurels dont la décapitalisation notamment en porc.
« Les aliments pour porcs sont en chute libre », soulignait ainsi François Cholat, président du Syndicat national de l'industrie de la nutrition animale (Snia) lors de sa conférence de presse de rentrée, le 30 août. Ils ont encore perdu près de 6 % sur le premier semestre alors que les ruminants se tiennent (+0,7 %) et que la volaille se redresse mais à un niveau qui reste bas (-0,4 %).
« Pourtant, contrairement à ce que l’on entend souvent, la consommation de viande est en hausse en France, du fait de l’augmentation de la population mais aussi de l’augmentation de la consommation par habitant », constate Philippe Manry, directeur de Sanders et vice-président du Snia.
L’importation a un fort impact carbone
La demande intérieure est donc de moins en moins couverte par la production nationale, non seulement en volaille mais aussi en porc et en bovins : pour preuve, l’an dernier, les importations françaises de viande ont encore augmenté de 11 %. Or, qui dit importation dit impact carbone. « Pourtant, l’hypothèse de la stratégie nationale bas carbone est une décarbonation par la décapitalisation avec une contraction du cheptel bovin de 12 %, de 8 % en porc et une stabilité en volailles donc à plus de 55 % d’import en poulet », s’insurge François Cholat.
Le Snia milite donc pour une production animale nationale souveraine et décarbonée en s’engageant pour atteindre -20 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) de la fonction alimentaire des activités d’élevage entre 2020 et 2030. « L’alimentation des animaux est un levier important de la décarbonation de l’élevage », insiste François Cholat.
Selon Aurélien Simbélie, membre du bureau du Snia, la nutrition animale peut intervenir sur trois niveaux : la formulation et le choix des origines de matières premières, la performance nutritionnelle dont la baisse de l’indice de consommation et la limitation des rejets. « L’achat des matières premières est le poste majeur d’émissions de GES pour le secteur avec 95 % », pointe-t-il. Quant à la réduction des émissions de GES des animaux, les deux leviers majeurs sont l’alimentation en multi-phase pour coller au plus près aux besoins des animaux selon leur croissance pour les monogastriques et la réduction des émissions entériques des ruminants. Pour cela, les solutions sont en cours d’évaluation dans les équipes de R&D, explique Ludovic Michel (vice-président du Snia).
La voie royale reste le sourcing et la formulation. Ainsi, selon les premiers résultats de Duralim, passer à du soja 100 % non issu de la déforestation (qui est l’engagement collectif des fabricants pour 2025) représente une économie de 1,5 Mt d’équivalent CO2 par an. La nouvelle filière Valoralim de collecte et de recyclage des emballages de la nutrition animale devrait à terme La réglementation pourrait aussi aider : passer le poids total en charge des porteurs à 4 essieux de 32 à 35 t ferait économiser 6 % d'émissions de GES sur les livraisons concernées… Pour avancer collectivement, le Snia demande avant tout à ce que des méthodes homogènes de mesure soient déterminées et que tout soit fait pour conserver l’élevage notamment en soutenant ceux qui souhaitent s’installer.