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L’Iran vise l’autosuffisance en viande

Malgré une histoire chaotique et de nombreuses contraintes, l’agriculture iranienne est en développement. Pour ce qui concerne la viande bovine, l’Iran est importateur et affiche sa volonté d’atteindre l’autosuffisance. Une étude de l’Institut de l’élevage.

plat iranien avec viande bovine
© Farbled-01/Fotolia

Après deux missions sur place en 2017, le département économie de l’Institut de l’élevage dresse le panorama de l’élevage en Iran. Si la production de poulet a énormément progressé sur les vingt dernières années, celle de viande bovine est plutôt stable. « La production de viande bovine issue des abattoirs officiels s’établit à 228 000 téc sur mars 2016-2017. Cela représente 1,8 million de bovins à 193 kgéc/tête de moyenne, situe l’Institut de l’élevage, sachant que la production hors des abattages contrôlés demeure difficile à évaluer. »

En Iran, l’élevage allaitant n’existe pratiquement pas et la viande bovine est le sous-produit de la production de lait. Le cheptel laitier représente 4,4 millions de vaches (35 % races locales, 15 % Holstein pures et environ 50 % de croisées et divers). Les fermes laitières sont pour moitié de grandes structures capitalistiques (étatiques ou des fondations) ou des exploitations modernes, et pour moitié des fermes traditionnelles. Une volonté politique très claire s’exprime pour limiter les troupeaux villageois, dans l’objectif de contrôler le surpâturage notamment, et de développer l’élevage sur le modèle laitier très intensif avec zéro pâturage. L’Iran a un objectif ambitieux d’exportation de produits laitiers. L’essentiel des activités d’élevage sont situées autour de Téhéran et sa banlieue (15 millions d’habitants), autour d’Ispahan, et dans la province voisine de l’Azerbaïdjan.

Forte préférence pour la viande de mâles non castrés

La viande bovine iranienne est ainsi issue d’abord de jeunes vaches laitières de réforme non finies, donnant des carcasses de 220 kilos, essentiellement destinées à la transformation et la restauration rapide.

La viande préférée des consommateurs est celle de jeunes bovins engraissés à l’ensilage de maïs. Les animaux de race locale sont abattus à un poids vif de 450 kg, soit environ 200 kilos de carcasse. Il existerait environ 9 000 élevages de taille industrielle engraissant des jeunes bovins. « En janvier 2018, les cours moyens étaient pour ce type d’animaux de 3 euros/kgV soit 5,5 euros/kgC. Les cours ont augmenté de 30 % en monnaie locale sur les deux dernières années. »

L’Iran importerait 80 % du maïs, 35 % de l’orge et 90 % des tourteaux utilisés en alimentation animale.

Il existe un courant d’importation d’animaux maigres en provenance du Pakistan. Il s’agit essentiellement de zébus, qui sont engraissés et abattus dans une province voisine de la frontière où la fièvre aphteuse n’est pas sous contrôle.

Des importations de congelé désossé du Brésil

Pour l’importation de bovins maigres français, des signaux faibles sont perçus en attente du retour d’expérience sur l’expédition de 300 Charolais qui y sont engraissés depuis octobre 2017. Le prix rendu en Iran est plus que doublé par rapport à la sortie de France, à environ 5 euros/kgV, avec transport par avion et droits de douanes à 5 %. « Un grand industriel expérimente sur ce lot, et fonde pas mal d’espoir sur les performances de croissance, le rendement en carcasse, et l’aspect maigre de la viande. Cette viande sera destinée à une clientèle haut de gamme. » Le ministère iranien est associé à ce projet, et cet achat a permis de faire connaître une partie de l’offre française en animaux maigres.

Les importations de viande bovine ont représenté un peu moins de 150 000 téc en 2016. Elles sont très variables d’une année à l’autre car régulées par le gouvernement pour éviter les variations brutales de prix alimentaires, en fonction de l’inflation, du chômage. Il s’agit de congelé désossé et de corned-beef. Le nombre de fournisseurs est restreint : la viande vient très majoritairement du Brésil ces dernières années, et le reste d’Inde.

Légende photo : La consommation de viande bovine se développe surtout sous forme de saucisses, kébabs, hachés…

La demande augmente en Iran

La population de l’Iran a doublé en trente-cinq ans. Elle atteint 80 millions d’habitants, dont plus de 75 % sont urbains. L’Iran fait partie des émergents, avec un PIB par habitant comparable à la Turquie et un haut niveau d’éducation des jeunes. La viande occupe une place relativement importante des dépenses alimentaires (21 %). La consommation de viande bovine représente 7,2 kéc/an/habitant et progresserait notamment sous forme de produits transformés et d’abats.

Le marché de la viande bovine est peu segmenté, l’emballage sous-vide peu répandu car les clients préfèrent la viande fraîche. Du fait des très importants problèmes de circulation routière autour de Téhéran, les commerces de proximité demeurent un secteur important de la distribution.

L’Iran est aussi une plate-forme pour les exportations alimentaires vers ses voisins, Irak, Afghanistan, Qatar, Caucase (Azerbaïdjan…), voire Asie centrale (Turkménistan…).

« Cependant, l’Iran n’est pas un pays d’approche facile : l’économie est souvent aux mains de structures para-étatiques, voire de fondations caritatives religieuses, et les transferts financiers sont encore compliqués malgré la levée des sanctions, les banques systémiques françaises craignant les sanctions étatsuniennes. »

 

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