Les croisés Blanc Bleu sur races rustiques, un marché de niche
Pour la conformation et la facilité de naissance, le croisement avec des taureaux Blanc Bleu a été initié sur races rustiques,
il y a dix ans. Zoom sur
cette pratique.
« L’utilisation de taureaux Blanc Bleu sur races rustiques du Massif central a débuté, il y a une dizaine d’années. L’objectif étant d’améliorer la conformation des broutards et de faciliter les vêlages par rapport au croisement avec des Charolais. Aujourd’hui, ce dernier reste largement majoritaire. Sur le marché de Mauriac, 90 % des croisés salers sont de père charolais et 5 à moins de 10 % de père Blanc Bleu. Le Charolais a encore de beaux jours devant lui », remarque Emilie Delbert, chef des ventes du marché au cadran de Mauriac, dans le Cantal.
L’utilisation du Blanc Bleu en croisement sur Aubrac reste peu développée dans le berceau de la race. « Le croisement est surtout axé sur du Charolais », note Cyril Leymarie de l’Upra Aubrac. Même constat, sur la zone de chalandise de Coopelso, coopérative d’élevage et d’insémination du Sud-Ouest. « Cette pratique est en perte de vitesse. C’est peut-être plus intéressant en circuit court. Chez certains éleveurs on observe un manque de croissance au sevrage », détaille Bernard Lafon, Bovins Croissance dans le Cantal.
« Sur le marché, lorsque les croisés Blanc Bleu-Salers sont bien conformés, le prix égale alors celui des croisés Charolais-Salers. À la dernière vente (16 juin), les broutards de 350-400 kilos ont atteint 2,61 €/kilo vif. Si en revanche, leur conformation n’est pas bonne, ils se vendent comme des Salers purs, environ 2,30 €/kilo vif à la dernière vente. C’est tout l’un ou tout l’autre. La conformation fait le prix. Les femelles sont par contre très bien valorisées quand le potentiel Blanc Bleu est fortement exprimé. Elles partent sur des filières qualité. Cette semaine, une génisse de 2 ans Blanc Bleu croisée Aubrac est partie à 1850 € pour 636 kilos », poursuit Emilie Delbert.
Utiliser des reproducteurs pures races
Que l’on utilise des paillettes ou un taureau, « il faut des reproducteurs pures races avec un maximum de muscle et le plus éclaté possible, pour obtenir des produits bien conformés et réguliers », note Jean-Marc Fabre, marchand en bestiaux dans le Cantal. En croisement, que ce soit avec du Charolais ou du Blanc Bleu, « il est important de garder des mères laitières pour avoir un coût de production raisonnable », rappelle Emilie Delbert.
« J’ai commencé à inséminer la moitié de mes 80 mères de race Aubrac avec de la semence d’origine belge, en 2008. C’était au départ un essai. J’ai continué pour les facilités de vêlage et la valorisation. En race pure, le prix de vente est actuellement de 2,65 €/kilo vif contre 3 €/kilo vif pour des croisés d’environ 380 kilos vifs. Les veaux démarrent bien et ont de bons aplombs. La couleur ne représente pas un problème, si les animaux sont bien conformés. Par contre, si le broutard est noir et ordinaire, cela devient gênant. Je vais arrêter deux à trois ans pour me consacrer à la génétique de mon troupeau Aubrac. Je recommencerai ensuite avec du Blanc Bleu et peut-être du Parthenais », explique David Defargues, éleveur à Saint-Cirgues de Malbert dans le Cantal. « Les croisés Blanc Bleu correspondent à une niche économique. Les Italiens restent habitués aux veaux jaunes », note Emilie Delbert.