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"Le vêlage à 2 ans et beaucoup de pâturage"

Chez Franck Bézier en Loire-Atlantique. Les génisses vêlent toutes à 2 ans et les 100 vêlages sont calés sur deux mois et demi. L’alimentation est distribuée trois fois par semaine, les veaux ne sont pas complémentés sous la mère, et la durée du pâturage est la plus longue possible.

À Vigneux-de-Bretagne, en Loire-Atlantique, Franck Bézier travaille seul depuis 2015, après une expérience en Gaec. Il a organisé son système pour que la charge de travail soit tout-à-fait supportable, tout en obtenant une productivité du troupeau très importante. « Le principal levier, c’est le vêlage à 2 ans », explique Franck Bézier. Le troupeau, conduit à 80 % en IA depuis l’origine, est d’un niveau génétique supérieur. Toutes les génisses vêlent à 2 ans, sans délibération sur leur poids à la mise à la reproduction. Il y a ainsi un lot de génisses en moins à soigner par rapport à un premier vêlage à 3 ans. Les primipares sont conduites tout simplement dans le lot des vaches avec de bons fourrages. « Je trouve d’autre part que l’effet hormonal d’un vêlage précoce est favorable au développement et à l’éclatement de la morphologie de la vache, et ne dessert pas son potentiel laitier, estime Franck Bézier. L’âge moyen de réforme est de 4,5 ans. Certaines partent à 3 ans et il y en a quelques-unes qui vêlent encore à 13 ans. »

Le groupage des vêlages est un autre moyen efficace de gérer le travail. L’éleveur fait vêler entre le 15 septembre et le 1er décembre ses 100 Blondes d’Aquitaine conduites à 80 % en IA. Pour ceci, il s’appuie sur une mise à la reproduction d’un nombre important de femelles et sur la réforme des retardataires. Franck Bézier fait faire un groupage de chaleurs pour les génisses mais il cherche une autre solution plus naturelle. Il a investi dans des éclairages à plus de 200 lumens dans l’objectif que les femelles soient davantage cyclées à nouveau pour ces IA en période de jours courts. Deux de ses veaux mâles font du rattrapage avant d’être mis en vente pour la reproduction. L’éleveur surveille les chaleurs à tout moment de la journée et le soir, il surveille à la caméra.

L’autre point important pour la quantité de travail est la durée du pâturage. Les premières génisses sortent mi-février, et les dernières vaches rentrent fin décembre. Mais si le printemps est humide, les vaches suitées sont lâchées par lots de 10 et peuvent, certaines années, entrer et sortir plusieurs fois pour limiter le piétinement. Cette stratégie est quand même valable aux yeux de l’éleveur pour une bonne gestion de la pousse de l’herbe. Les animaux tournent sur des paddocks (RGA, TB et fétuque) tous les cinq à sept jours.

Deux fourrages récoltés et deux rations à distribuer

Les critères d’allotement sont classiques mais les lots sont de grande taille. « Dans un lot de 45 vaches, il y a moins de mouvements, de nervosité », observe Franck Bézier. Il y a un réallotement à la rentrée en bâtiment, par ordre de vêlage.

L’éleveur récolte deux fourrages : de l’ensilage d’herbe et de l’ensilage de maïs. En juin, toutes les surfaces en herbe sont ainsi pâturables ou destinées à donner des stocks sur pied pour l’été. Avant vêlage, les vaches sont à la paille avec un peu de concentré et un CMV. Environ cinq hectares sont enrubannés pour être distribués en appoint au pré. Seulement deux rations sont distribuées en bâtiment : une ration « vaches » et une ration « engraissement ». Grâce à une excellente valeur alimentaire des fourrages récoltés, les vaches n’ont du concentré qu’au moment de la reproduction. « C’est 500 grammes de tourteaux, surtout pour les prendre au cornadis pour les IA. » Les veaux ne sont jamais complémentés sous la mère, ni en bâtiment, ni au pré. Le sevrage des veaux est réalisé le plus tard possible, quand il n’y a plus d’herbe de qualité, souvent à l’âge de 10 mois. La croissance est de plus de 1 250 g/j au pâturage de printemps. Elle est de 850 g après sevrage. Pour les jeunes bovins et les vaches de réforme, Franck Bézier fait faire un mélange de matières premières en échange de ses céréales. Les mâles reçoivent 1,5 kilo de concentrés avec de l’ensilage pendant un mois, puis passent en ration sèche avec du foin de luzerne acheté. Ils partent à 15,5 mois de moyenne et donnent 470 kg c (1 886 g/j l’an dernier).

Le fumier est épandu au fur et à mesure du curage

L’alimentation est distribuée trois fois par semaine. Franck Bézier paille également seulement trois fois par semaine. « Je paille très peu sur la bande d’un mètre derrière la marche. Et elles restent propres. » L’éleveur utilise son tracteur et le chargeur. « Je trouve que c’est mieux pour mes poumons et pour les poumons des veaux, ainsi que pour les panneaux photovoltaïques. » Le fumier est stocké dans l’épandeur puis épandu directement tout au long de l’hiver (sauf en période d’interdiction) sur les prairies. "Le même tracteur charge et épand. Avec le crochet hydraulique, ça me prend 30 secondes à chaque manipulation." Ce tracteur est aussi utilisé avec un godet multibenne pour distribuer les ensilages. Récent et confortable, ce tracteur est le seul équipement détenu en propriété, à part une bétaillère qui est amortie. Tous les travaux d’ensilage sont réalisés par un groupe de travail avec du matériel de Cuma. « Je ne fauche plus moi-même depuis deux ans. »

« Je ne suis pas fixé sur les jours de distribution, ni sur les horaires du matin et du soir. C’est moi qui m’occupe des enfants avant ou après l’école. » L’éleveur apprécie d’organiser son planning comme il lui plaît. Il prend des vacances en faisant appel au service de remplacement 'le coup de main' : en général la dernière semaine de mars et une dizaine de jours en août.

Pour rendre son système encore plus résilient, Franck Bézier estime qu’il faudrait revenir à 90 vêlages pour disposer de stocks de report, et mieux coller au potentiel de ses sols. Il est d’autre part impatient que le gène sans cornes se développe en race Blonde d’Aquitaine.

Avis d’expert : Kévin Gérard-Dubord, conseiller viande chez Seenovia

"Une très bonne rentabilité"

"Chez Franck Bézier, le volume de viande vive produit par unité de main-d’œuvre (65 186 kg sur l’exercice 2018-2019) est nettement plus élevé que la référence (40 604 kg), grâce à une bonne organisation du travail. La productivité des UGB est intéressante (480 kg vifs/UGB contre 390 de référence). Les charges opérationnelles sont optimisées pour une grande majorité. Les coûts de concentrés sont plus faibles que les repères. Une stratégie à deux axes — Cuma pour tous les travaux de saison et peu de frais de fonctionnement pour les travaux d’astreinte en hiver – et des bâtiments dont l’amortissement est facilité par les panneaux solaires, donnent de faibles charges d’équipement. Le coût de production est finalement de 279 euros/100 kg VV, et la rémunération permise est de 3,44 Smic sur le dernier exercice comptable."

Chiffres clés

• 1 UMO

111 ha de SAU (77 ha de prairies, 18 de maïs ensilage, 16 ha de cultures)

• 141 UGB dont 102 vaches allaitantes en système naisseur-engraisseur

• 1,5 UGB/ha SFT de chargement apparent

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