« Le robot sème et désherbe mes betteraves et oignons bio »
Brice De Bisschop s’est équipé d’un robot Farmdroid FD 20, afin de semer et biner ses betteraves et oignons bio.
Brice De Bisschop s’est équipé d’un robot Farmdroid FD 20, afin de semer et biner ses betteraves et oignons bio.
« Je n’aurais jamais fait de betteraves et d’oignons en agriculture biologique, si je n’avais pas eu le robot Farmdroid », explique Brice De Bisschop, polyculteur-éleveur en agriculture biologique depuis 2022, à Vulaines-lès-Provins, en Seine-et-Marne. Outre un atelier de 24 000 poules pondeuses et un élevage de moutons (190 brebis), il cultive 180 hectares de céréales (blé, orge de printemps, maïs), de betteraves, de pommes de terre et d’oignons. « Le binage des oignons et des betteraves mobilise beaucoup de main-d’œuvre. Trouver dix personnes pour biner les betteraves en plein mois de juillet et août sous le soleil, comme il y a 70 ans, c’est mission impossible. » Amateur de nouvelles technologies, Brice De Bisschop a trouvé dans le robot Farmdroid FD 20 un outil polyvalent, efficace et autonome en énergie, une qualité qui « colle bien à l’esprit de l’agriculture biologique ».
Cette saison, le robot a semé (en interrangs de 45 cm) et biné 10 hectares de betteraves et 8,5 hectares d’oignons, une surface totale qui n’est pas loin du maximal conseillé pour ce robot (20 hectares). D’une largeur de 3 m, le FD 20 avance à une vitesse de 700 à 900 m/h. « À cette allure, il est fait pour éliminer mécaniquement les adventices à des stades très précoces pour être efficace : il doit passer régulièrement, ce qui limite la surface qu’on peut lui faire biner », explique l’agriculteur.
Il sème et bine 24 heures sur 24
Réceptionné en début de printemps, le robot a semé les oignons et dans la foulée les betteraves, juste avant la mi-avril. « L’avantage à cette période de l’année, c’est que les journées sont suffisamment longues pour recharger pleinement les batteries à l’aide des panneaux solaires embarqués, explique Brice De Bisschop. Le robot travaillait 24 heures sur 24 : les 10 hectares de betteraves ont été semés en deux jours et demi. Les seules interventions consistaient à remplir de temps en temps la trémie de semence. » Embarquant deux antennes GPS RTK, communiquant par radio avec une balise GPS RTK à demeure sur les bâtiments d’exploitation, le robot implante chaque graine avec une précision millimétrée, qui fascine l’agriculteur, mais aussi ses voisins. « Quelle que soit la direction dans laquelle on regarde, on voit des alignements parfaits. »
Une fois le semis effectué, le FD 20 passe en mode binage. « Il faut compter une heure pour effectuer la transformation, estime l’agriculteur. Ce qui est appréciable, c’est que tout se fait avec une clé de 10 et une clé de 13. » S’appuyant sur la géolocalisation de chaque graine, le robot peut biner même si la culture n’est pas encore levée. Il travaille l’interrang, mais également sur le rang, grâce à une lame montée sur un support animé électriquement. Depuis le terminal, il est possible de paramétrer la distance à laquelle on souhaite biner, indépendamment avant et après la jeune pousse. « Cette année, j’ai fait un passage de robot bineur à un stade de culture avancé, ce que je n’aurai pas osé faire avec un tracteur et une bineuse. Et j’aurais pu encore continuer sur les oignons. »
Il retourne biner plus vite après la pluie
Comme pour un binage classique, le robot Farmdroid s’arrête avec la pluie. « Il embarque un pluviomètre, explique Brice De Bisschop. Je peux paramétrer la quantité d’eau au-delà de laquelle le FD 20 doit s’arrêter. L’avantage, c’est qu’il ne pèse que 900 kilos. Il peut donc reprendre le binage dès que c’est ressuyé en superficie, alors qu’il faudrait encore patienter pour passer avec un tracteur et une bineuse classique. » Pour changer de parcelle, le robot peut être commandé depuis un joystick, lorsque les parcelles se jouxtent ou à l’aide d’une fourche transpalette adaptée ou encore depuis une plateforme sur le relevage du tracteur. « Cette plateforme permet de le transporter dans le gabarit routier et se montre très utile pour réaliser l’arpentage des parcelles. Ce dernier sert à délimiter la surface à semer pour un positionnement optimal de chaque graine. Il ne faut pas oublier les obstacles, comme les poteaux, dans l’arpentage, mais une fois ce dernier effectué, le robot calcule lui-même ses trajectoires pour optimiser la surface cultivée en fonction de ses besoins pour les manœuvres. »
Autre avantage du robot, sa vitesse très limitée fait qu’il n’exige pas d’opérateur à proximité pour pouvoir intervenir. Il dispose d’un cordon de sécurité tout autour, qui déclenche l’arrêt du robot en cas de pression exercée sur ce cordon par un obstacle. Une caméra que l’on peut positionner comme on le souhaite sur l’automate permet de visualiser la qualité du travail effectuée et de détecter une éventuelle cause d’arrêt. « Il peut s’arrêter aussi temporairement lorsqu’il reçoit une mise à jour. » Depuis une plateforme web et prochainement via une application, l’agriculteur peut suivre sur une carte la position du robot et l’évolution du chantier.
Un retour sur investissement très rapide
L’investissement dans un robot et ses équipements annexes (supports de transport, balise RTK à la ferme, un jeu de batteries supplémentaires et un chargeur) coûte autour de 100 000 euros, un budget qui peut paraître élevé, mais à mettre en relief avec les économies générées. « Je ne sais pas la main-d’œuvre nécessaire pour biner des betteraves, mais pour les oignons, il faut compter 100 à 200 heures par hectare suivant les années. À 20-25 euros l’heure, le retour sur investissement peut s’effectuer dès la deuxième campagne. Et il faut ajouter les heures de tracteur, l’amortissement du tracteur et de la bineuse et le carburant pour le binage interrang. Ici, avec les quatre panneaux photovoltaïques qui rendent le robot autonome, les coûts énergétiques se résument aux seuls éventuels changements de parcelle avec le tracteur. »
Mais Brice De Bisschop compte encore améliorer l’amortissement de son automate. Il ne s’interdit pas de semer certaines cultures de plein champ, comme la betterave rouge, une fois la période de binage des betteraves et des oignons terminée. Par ailleurs, il vient d’achever la construction d’une serre de près d’un hectare, dans laquelle il compte faire pousser divers légumes. « À la fin juin, le robot a fini sa saison, constate l’agriculteur. Ce serait dommage de ne pas profiter de la précision du semis pour des cultures légumières. La seule question, que l’on dénouera dans les prochaines semaines, c’est l’impact de la serre sur la qualité du signal GPS. Si la réception est bonne, peut-être pourra-t-on envisager de semer des épinards avec des interrangs de 22,5 centimètres, en réalisant deux passages avec des éléments semeurs espacés de 45 centimètres ? »
Une préparation aux petits oignons
La seule exigence du robot, c’est une qualité de préparation du sol, qui doit être impeccable. S’il y a des bosses ou des creux, comme des passages d’équipements d’irrigation, il peut laisser des zones non travaillées, tous les éléments de binage étant solidaires entre eux. Quant aux contraintes de changement de parcelle, elles sont les mêmes que pour l’irrigation. « Si la parcelle est achevée en plein milieu de la nuit, soit on décide de mettre le réveil, soit on attend le lendemain matin », résume Brice De Bisschop.